L'ouvrage de Soetrich

S’étendant sur une emprise d’une quinzaine d’hectares au nord de Thionville près de la route nationale 53 qu’il surveillait, ce gros ouvrage hébergeant 600 hommes dont une vingtaine d’officiers comporte six blocs de combat armés comme d’habitude de mitrailleuses de 7,5 simples ou en jumelage, de canons antichar de 47 mm, de fusils-mitrailleurs, de lance-grenades, de mortiers de 81 mm, de lance-bombes de 135 mm et de canons de 75 mm mod. 32 sous tourelles à éclipse. L’entrée des munitions et le bloc 2 (le plus au nord) occupent chaque extrémité de la galerie principale, longue de 600 mètres, épine dorsale de la fortification où viennent se raccorder d’abord l’entrée des hommes donnant dans la caserne et l’usine électrique, ensuite les accès aux différents blocs, le tout étant desservi par la voie réglementaire de 60 cm.
Après plus d’un mois de combats et de tirs, mais sans avoir vraiment reçu d’attaque en règle, l’équipage livre le fort comme le lui impose l’armistice du 25 juin.
Transformé sous l’Occupation, à nouveau entretenu et mis en réserve au cours des deux décennies de guerre froide, il fut abandonné vers la fin des années 60 et livré hélas aux ferrailleurs et aux vandales, mais aussi, heureusement, à tous les amateurs, connaisseurs ou débutants émerveillés, de souterrains et de fortification. Tel qu’en lui même enfin, à l’instar de ses nombreux homologues désaffectés de cette ligne fortifiée qui, en dépit de toutes les preuves contraires et de toutes les protestations, porte encore pour beaucoup la honte sournoise de ne pas avoir protégé la France en 1940, la friche militaire de Soetrich offre, au bout des galeries obscures, ses lambeaux d’histoire à qui veut les déchiffrer.



Les galeries

Seul accès actuel de l'ouvrage, l'entrée hommes communique avec les galeries par un puits d'une vingtaine de mètres, garni d'un escalier de béton entourant la cage d'un monte-charge. Celui-ci, formellement interdit aux hommes de même que ceux des autres blocs, n'était destiné qu'à la manutention des caisses diverses (obus, vivres, etc.) ou éventuellement au transport combien précieux des grosses légumes, journalistes, parlementaires, officiers supérieurs, président de la République, qui vinrent en rangs serrés visiter l'ouvrage après son achèvement.
L'image de droite montre la vue qu'on a en débouchant du bas de l'escalier : l'accès est protégé une ultime fois par le créneau de fusillade qu'on aperçoit au fond, sous le gros tuyau servant à la ventilation.
Les vues ci-après montrent quelques aspects des galeries où circulait le train électrique.



Une porte parasouffle isolant le magasin à poudre principal, dit M1, du reste de la galerie conduisant aux blocs.

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