Les étranges obus du fort de Neufchâteau (suite) |
Agrémentées d'une abondante signalisation directionnelle, les galeries relient à une trentaine de mètres de profondeur les organes du fort. La
galerie Astrid perpétue le nom de l'épouse de Léopold III, qui avait su se rendre très populaire et qui périt dans un accident de
circulation en août 1935, juste au début des travaux de l'ouvrage. La galerie de la photo suivante est l'axe nord-sud de la caserne souterraine,
dans laquelle donnent les chambrées. A chaque extrémité se trouve un créneau FM enfilant les galeries venant des deux blocs O et P, devant
lesquelles on doit passer avant d'entrer dans la caserne par l'intermédiaire de sas permettant d'assurer la surpression d'air en régime entièrement
gazé.
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Dans la galerie nord-sud de la caserne, le cardo de cette petite ville de plus de
500 habitants, en quelque sorte, débouchaient tous les logements des hommes du rang et des sous-officiers : chambres, cantine, cuisine troupe,
latrines, lavoir, etc. Chaque casemate comportait 24 lits, donc assurait le couchage de 72 hommes par roulement, comme sur les navires. Les noms inscrits près de l'intersection des deux galeries sont ceux des chefs de chambrée, en l'occurrence les maréchaux des logis-chefs Troupin, Louis, Dekkers, Cotton, seuls lisibles, des connards inutiles ayant estimé urgent de griffonner leur production intellectuelle juste dessus... Ci-contre, une des quatre casemates de 24 lits, cloisonnée et renforcée de fermes en béton armé. Celle-ci n'a pas été trop dévastée par les tirs d'essais. |
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Le lavoir, pour les ablutions matinales. La paroi du fond supporte un pédiluve, peu visible sur la photo. Au toit on observe la déchirure faite par un obus Röchling. Il s'agit même précisément du coup n° 17 des essais du 12 au 16 février 1943. Une salle de douches existait aussi, mais assez loin de la caserne, près de l'usine électrique, peut-être réservée au moins en priorité aux mécaniciens ? |
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Au cœur de l'ouvrage, les locaux des transmissions : ci-contre celui de la TSF, décoré d'une frise en simili-morse (un trait, un point, un
trait, un point...). L'ouverture carrée visible au fond est celle du puits d'antenne. Normalement au moins deux câbles y passaient, l'un pour une antenne
communiquant avec un avion à proximité du fort et jouant le rôle d'observateur, l'autre pour une antenne de plus grande portée, sans doute en ondes
longues, reliant l'ouvrage aux ouvrages voisins, avec une portée que la documentation disponible donne pour 30 kilomètres. Ci-dessous, le central téléphonique dont la seule trace de fonction est la présence des borniers et l'injonction "Calme, promptitude, discrétion". Là aussi, les murs sont sobrement mais gentiment décorés. |
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Réunies dans une seule casemate, la chambre du
capitaine-commandant
d'Ardenne, à la tête du fort, et celle de trois officiers. La décoration de la chambre du commandant et du mess des officiers (ci-dessous) transpire
bien sûr l'Art déco géométrique des
années trente. Ce qui est admirable est l'étonnant état de fraîcheur de ces peintures, dont les bandes verticales choisies dans un camaïeu
de beiges cantonnent un simili-papier peint aux discrets motifs. Ci-après, l'image même de la trilogie universelle : preprandium, prandium et postprandium. On remarque que la méditation concomitante à ce type d'activité est facilitée par l'emploi de poignées. Echaudés par les dures leçons de 1914, les concepteurs des nouveaux forts s'attachèrent soigneusement au traitement et à la neutralisation des rejets organiques. |
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