La citadelle de Verdun : les dessus |
Alors que généralement la morale publique
stigmatise vertueusement quelques djeuns, le péril le plus grand vient d'une iconoclastie institutionnelle
sans commune mesure, au point de vue de la malfaisance, avec les quelques bombages de murs ou de vitres (du moins,
ce qu'il en reste) commis par de petits vandales. Dans un pays où l'autorité publique serait la première à montrer
l'exemple du respect pour l'héritage monumental, à en nourrir ses administrés dès l'école, il serait sans doute
infiniment plus rare de voir dégradés sans états d'âme les plus beaux des témoignages passés, civils, militaires
ou industriels. Pourtant, les exemples ne manquent pas d'édiles, que les dévastations opérées par leurs prédécesseurs ont laissés abasourdis, qui sont prêts à se battre férocement pour la protection de leur patrimoine local, quel qu'il soit, car il n'y a pas DES patrimoines, il n'y en a qu'UN, et irremplaçable. Alors, est-ce par ignorance, est-ce par cupidité, est-ce par lâcheté qu'avec une persévérance digne d'étonnement sinon de respect quelques vandales officiels ne savent pas quoi inventer pour ridiculiser les monuments du temps passé ? Après l'édification incongrue sur un bastion de Belfort d'un lieu de culte sans rapport avec l'histoire du lieu, à Verdun c'est la citadelle qui se voit menacée d'être transformée en parc d'attractions ou en je ne sais quel machin et de toute façon, quel que soit l'avatar qu'elle subira, d'être éventrée par une nouvelle voirie passant justement par un des anciens bastions du XVIIe siècle. Profitons du sursis accordé à ce monument qui pensait avoir enfin droit à la paix si vaillamment méritée pour en découvrir la face cachée, et, sait-on jamais, induire une réaction salutaire. |
Après être entrés sur les dessus de la citadelle, remontons le temps au fil de nos pas. |
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La tour Saint-Vanne est le doyen des bâtiments de
la citadelle, puisque c'est la tour nord de l'ancienne abbatiale éponyme, datée du XIIe siècle.
Menacée de devenir un silo vers 1833, elle échappa toutefois à ce sort. On y installa tout de même en 1914
une antenne radio.
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La plaque tombale de l'"honneste femme", remployée dans l'angle du bâtiment anciennement dédié aux bureaux du génie.
Sa présence ici est insolite. Scellée jadis dans l'abbatiale, elle fut retrouvée ainsi que d'autres vestiges dans les
décombres du siège de 1870. Certains prirent la direction du musée, et la plaque fut intégrée dans les
constructions édifiées lors du renforcement.
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Il demeure quelques fondations, remontant au
XVe ou au XVIe siècle, de l'abbaye Saint-Vanne, sur au moins deux niveaux. Naturellement, elles
ont été quelque peu bouleversées depuis. Selon d'anciennes cartes, il semble qu'une manutention et un puits aient été en
service à cet endroit jusque vers 1800.
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La caserne Beaurepaire, construite
à l'épreuve entre 1830 et 1835 pour loger 660 hommes, fut rehaussée d'un étage en 1881, dans la campagne
de travaux qui vit également naître le magasin est, entre les bastions du Roi et de la Reine. Peu après la bataille de Verdun, sinon juste après la guerre, un soldat doué peignit dans son vestibule ouest un plan des positions au cours de la bataille. Entre autres, cette peinture offre l'intérêt de reproduire exactement toutes les étendues boisées de l'époque. Cette caserne porte le nom du général qui défendit la ville en 1792 et qui, dit-on, se suicida pour montrer son désaccord avec les magistrats du conseil de défense qui avaient décidé de se rendre aux Prussiens. Si non e vero... Aujourd'hui, qui se suiciderait pour protester contre les vexations prochainement infligées au monument ? |
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Ci-dessous un chromo de la caserne (CPA collection
Taurelle) |
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Les galeries défensives originelles
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Ci-contre, une des galeries de fusillade
primitives (ici, dans le bastion de France) courant au pied de l'escarpe de chaque bastion et desservant
des créneaux de mousqueterie (cf. la dernière photo de la page précédente). En juin 1916, on les réutilisa pour leur faire desservir des créneaux de mitrailleuse destinés à la défense rapprochée. Les chambres à canon d'extrémité (ci-dessous) furent également aménagées pour recevoir, diversement répartis, 8 tubes de 75. Il y avait aussi deux pièces de 120 long sur les dessus de la citadelle. |
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