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Comme la majorité des exploitations isariennes et axonaises de calcaire grossier, aucune zone de la carrière du Couvent n'a été creusée par hagues et
bourrages, tout s'étant fait par piliers tournés, parfois très irréguliers. Quelques ateliers s'arrêtent sur des moyes d'argilo-calcaire ou des
diaclases, quelques zones recèlent de gros massifs intacts, certains piliers comme celui figurant ci-dessous s'apparentent plus à un rideau de masse.
Alors que dans les régions sud la pierre est arrachée anarchiquement, selon les lits et les fissurations, très vite en montant vers le nord
apparaissent les méthodes plus récentes, où l'évolution des outils se combine à une meilleure homogénéité de la masse pour offrir des extractions
plus régulières. Enfin, tout au nord, l'utilisation de la haveuse après la Seconde Guerre mondiale taille tout droit dans la roche, précédée toutefois
très localement, entre les deux guerres, par l'usage de coins américains (deux sifflets allongés de métal entre lesquels se glisse un coin prismatique
qui les écartera sous les coups de masse, l'ensemble se logeant dans un trou cylindrique fait à la foreuse).
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Mais promenons-nous tout d'abord dans les parties anciennes de la carrière, les plus étendues d'ailleurs, au fil des nombreux graffitis qui la parsèment
et qui racontent chacun un morceau d'histoire. |
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C'est un personnage important que le commis toiseur, qui enregistre les quantités extraites par les équipes et leur permet ainsi d'être payées. Il suit
aussi l'avancement de l'arrachage de la pierre et compare avec les quantités demandées par les clients. Paul-Augustin Delamoye avait vingt et un ans
en 1844. |
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Ci-après, trois traces de la vie de la carrière. Encore mal identifié, Franc Noël est vraisemblablement un carrier, la sculpture en bas-relief, dans
la même région, montre un savoir-faire certain, bien qu'amateur, quant à l'inscription, elle rappelle le mode de travail par embauche quotidienne de
ceux qu'on appelait les journaliers ou manouvriers. Les livres de recensement de Saint-Maximin et de Saint-Leu-d'Esserent entre 1850 et 1910 font
apparaître un important pourcentage de cette catégorie de travailleurs, dans la colonne « profession ».
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Ces deux graffitis, le couple et son cochon et le tableau d'outils de Ferdinand Faux (qui a parfois daté son nom, par exemple sur un graffiti de
1854), se trouvent tout près du front de taille au nord-ouest de la carrière, dans des quartiers du XIXe
siècle. Parmi les outils, on distingue différents pics, que leur géométrie destine plus à la taille de la pierre qu'à son extraction, une pelle, une pince (barre à mine), un marteau taillant et bien sûr de quoi humidifier le travailleur. |
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Toutes les carrières souterraines un tant soit peu fréquentées regorgent de flèches et d'indications directionnelles. Au Couvent, il y a trois grandes
catégories : 1) les travailleurs du sous-sol, carriers et champignonnistes ; 2) les militaires, français ou allemands ; 3) les explorateurs, spéléos
ou touristes. Ci-contre, la grosse flèche rouge pointe la direction d'un quartier souterrain éponyme d'un lieudit en surface, en l'occurrence la Pelle à four.
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Louis-Roset Courtois, dit Amant, ne devint pas carrier, mais maçon. Sûrement pas un simple
gâcheur de mortier, puisqu'il accomplit un apprentissage en carrière, probablement de taille. Il montrait en tout cas qu'il n'était nullement inculte,
à part quelques fautes, et qu'il savait faire une jolie mise en page, dans une police élégante inspirée de l'antique monumentale avec, particularité
retrouvée dans plusieurs graffitis contemporains de celui-ci, la barre brisée du A telle qu'elle apparaît sur certaines inscriptions grecques anciennes.
Ce tracé particulier (qui pourrait aussi à la rigueur suggérer une influence maçonnique, les deux branches du A représentant un compas, et la barre brisée
figurant l'équerre) se rencontre aussi dans plusieurs inscriptions du XIXe siècle sans rapport avec le
monde souterrain ou extractif. Pas tellement de graffitis militaires d'avant 1900 dans cette carrière, mais toutefois ce petit dessin de soldat à l'uniforme rappelant vaguement les fantassins du Premier Empire. | |
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