Eclairages d'autrefois, de jadis et de naguère |
Les combustibles gras (huiles et graisses animales ou végétales) ont été les premiers à être employés en éclairage, et le plus longtemps, depuis le
Paléolithique jusqu'au premier tiers du XXe siècle. Je vais ici en présenter six : une lampe à graisse taillée dans de la pierre, trouvée
dans la carrière du Couvent de Saint-Leu-d'Esserent. Elle est récente, car taillée sur place par les carriers, mais reste totalement identique aux
premières lampes taillées dans des grottes au Paléolithique. Ici la mèche est en coton, mais des fibres végétales non manufacturées faisaient l'affaire.
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Ci-dessous, un crasset domestique en laiton d'un type archi-courant aux XVI et XVIIe siècles. Si c'est une copie, elle est assez crédible,
si c'est un original elle ressemble à s'y méprendre à une copie... Le réservoir d'huile comporte cinq becs (seuls trois sont en service, dans l'illustration
ci-après) et il surmonte une louche qui recueille les gouttes d'huile imbrûlée. La décoration de la lampe, de rosettes, est très fréquente. Il s'agit d'une
lampe à niveau fixe, mais il est toutefois possible au fur et à mesure de l'épuisement de l'huile d'incliner le réservoir grâce aux encoches de son support
formant crémaillère, de façon à faire bénéficier la lampe d'un niveau constant.
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Infra, deux lampes en métal alimentées en huile, éclairant généralement les travaux miniers. A gauche, sur un dessin remontant aux XVIe et
XVIIe siècles, une Froschlampe où un couvercle ferme le réservoir d'huile et où un réflecteur assez symbolique récupère
quelques photons. Il s'agit d'une copie du siècle dernier. A droite une lampe lenticulaire en fer, dite rave. On les appelle souvent raves stéphanoises, mais elles ont été fabriquées dès le premier quart du XIXe siècle dans tous les pays d'Europe et utilisées dans les mines, soit métalliques soit de houille, à condition qu'elles ne fussent pas grisouteuses, évidemment. On en trouve de toutes les exécutions, les modèles les plus simples, comme celui-ci, destinés aux ouvriers, puis d'une finition et même d'un luxe croissants pour la maîtrise, les ingénieurs, les directeurs, enfin les cadeaux aux visiteurs de marque. Les deux coquilles étaient fondues, puis assemblées et soudées. Michel Bonnot a écrit plusieurs ouvrages très complets sur les lampes de mine et les raves stéphanoises. A noter que le mot rave désigne aussi le réservoir de carburant des lampes de mine à tamis. |
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Ces lampes robustes ont été parfois utilisées par des explorateurs du monde souterrain, qu'on allait peu de temps après appeler spéléologues.
Edouard-Alfred Martel, le père de la spéléologie, avait une rave, qu'il a d'ailleurs fait tomber malencontreusement dans un puits en bas duquel
elle a été retrouvée intacte des années plus tard. A l'occasion de la pose d'une plaque commémorative sur sa chapelle, au cimetière Montmartre, j'avais
disposé une des miennes en forme de discret hommage à l'illustre spéléologue et aux artisans inconnus qui fabriquèrent cette lampe.
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Aux alentours du XVIIe siècle apparurent des lampes à huile sur pied, appelées souvent crassets hollandais (qui brûlaient de l'huile de
baleine) ou français (qui brûlaient autre chose), En effet, les pêcheurs néerlandais avaient fait de cette activité un quasi-monopole (les Basques aussi,
je crois). C'est afin de le briser que, comme le rapporte Jean-Christian Petitfils dans sa biographie de Nicolas Fouquet, ce dernier participa avec
Mazarin à la création en 1644 de la Compagnie du Nord pour la pêche des baleines. Le surintendant obtint pour elle l'exclusivité d'approvisionnement en
huile du marché français, dont dépendait l'éclairage de la capitale. Ces projets avortèrent et la compagnie se contenta d'acheter aux Hollandais apaisés
sur le plan de la concurrence de l'huile de baleine qu'elle revendait (le double) sur le marché parisien. Paris fut donc éclairé plusieurs décennies
avec de l'huile de cétacés. Faute de disposer de baleine, j'aurais pu garnir ce crasset en laiton massif d'huile de foie de morue, j'ai mis tout simplement de l'huile de paraffine.
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En revanche, c'est une huile alimentaire que brûle cette petite veilleuse A la gare Jeunet. Il s'agit de veilleuses de sanctuaire, dont la forme demeure
inchangée depuis leur création en 1838. Une petite mèche est encastrée dans un flotteur sur une nappe d'huile au choix, et peut durer vingt-quatre heures. C'est
très mignon.
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Le XIXe siècle vit l'aboutissement des longues recherches de systèmes permettant d'assurer une plus grande luminosité des lampes à huile. Il y eut
la double alimentation en air inventée par Ami Argand, ainsi que les dispositifs donnant à l'huile imbibant la mèche un niveau constant. On va citer les
quinquets, puis les lampes à pompe commandée par un mouvement d'horlogerie – les Carcel – pour arriver enfin au dernier perfectionnement de
ces luminaires, les lampes à modérateur, dotées du triple avantage de l'alimentation multiple en air (double courant d'air, à la fois par l'intérieur
et par l'extérieur d'une mèche tubulaire), du niveau constant de l'huile et enfin d'une assez grande simplicité de construction. Dans le modèle le plus répandu, un ressort à boudin remonté par une crémaillère actionnée par une clé pousse vers le bas un piston muni d'une garniture de cuir, qui refoule par un canal vertical télescopique l'huile vers le réservoir secondaire dans le bec où est immergée la mèche tubulaire. Afin de régulariser l'effet de ce ressort (plus de force quand il est comprimé, moins de force quand il est débandé), une aiguille de section décroissante freine la montée d'huile. C'est cette aiguille, immobile entre les deux points fixes que sont le bec, en haut, et le fond, en bas, qu'on appelle modérateur. Après le brevet Franchot de 1836, ces lampes firent l'objet de plusieurs améliorations et furent fabriquées au cours des quatre-vingts ans suivants, et utilisées pendant longtemps encore. Comme pour tous les autres luminaires, selon le budget de l'acheteur le mécanisme proprement dit était logé dans un corps plus ou moins riche et précieux, ou tout simplement dans une boîte de fer-blanc peinte. J'ai trouvé en brocante, pour des prix modiques, ces deux lampes à modérateur intactes mais défraîchies, et bien sûr bloquées par l'huile rancie et épaissie, et l'envie m'a pris de tenter de les remettre en état. La première est une Thibault, la seconde une E.P., sans plus de précisions sur le développement de ces initiales, et les deux remontent aux deux décennies entourant 1870. Il s'agit de luminaires très modestes, la Thibault à mèche de 11 lignes coûtait par exemple 4,50 francs en 1880. Les pièces manquantes (galerie, cheminée, mèche...) ont été trouvées soit auprès d'Ara Kebapcioglu, soit sur ses conseils. |
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Ci-après, modérateur de marque Thibault..
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Ci-dessous, modérateur de marque E.P.
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Alors que sur la lampe Thibault la garniture du piston était encore assez
souple pour être utilisable, sur ce deuxième modérateur elle était effroyablement racornie, dure et même crevassée. Il était
indispensable de la refaire, à partir d'une chute de cuir épaisse de 1,5 à 2 mm achetée dans une boutique en ligne. D'abord
plongée quelques minutes dans de l'eau à 80 °C, elle a ensuite été formée en la serrant à force entre la bouteille – moule
idéal puisque c'est le logement où elle devra coulisser – et une forme spécialement ajustée de façon à faire disparaître
les plis de la pièce. Elle est retirée après séchage complet et montée sur le piston.
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A présent, une revue de lampes à acétylène. Commençons par le commencement, et voyons ce qui se passe dans un calel à malbossab, où comme
chacun sait l'attaque du carbure de calcium par l'eau produit ce gaz inflammable, à raison de quelque 300 litres par kilo. Pour visualiser la
réaction, j'ai fabriqué sur proposition de Bernard Sebille cette lampe didactique transparente : un pot à vinaigrette en plastique, un pot
de confitures et un ensemble pointeau/siège de banale Arras (la tige du pointeau étant un peu rallongée), un tube fileté porte-bec et du joint
sanitaire. C'est un plaisir sans cesse renouvelé que d'assister à la décomposition du carbure et de voir le gaz se dégager. Vu la température
des confitures qui sont versées dans le pot, il ne craint pas grand-chose du dégagement calorique de l'attaque. Il suffit d'ailleurs de mettre
de tout petits morceaux de malbossab qui dégagent moins de chaleur. |
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A propos de ces luminaires, il faut se débarrasser de quelques idées sur leur danger. Parfois on lit sur des forums des interventions
apocalyptiques de gens qui n'ont pas la moindre idée du fonctionnement de ces engins, et qui par exemple préconisent la fermeture par étrier
et vis de pression au détriment des fermetures par vis entre le carburateur (la cuve du bas qui contient le carbure de calcium) et la cuve à
eau, au-dessus. L'étrier se déformerait sous la pression !! Vu que la pression d'explosion de l'acétylène est de 2 bars environ, un étrier
prévu pour se déformer à moins de 2 bars ne résisterait pas non plus à un serrage par un nourrisson anémique. Quand il y a surpression du gaz, le bec bouché ou insuffisant n'assurant pas l'évacuation et dans l'hypothèse où le joint ne laisserait rien passer, il s'échappe tout simplement par le pointeau et par le trou de mise à l'air, à la sortie duquel il s'enflamme si le bec brûle encore. C'est en général suffisant pour faire fortement tomber la pression. On diminue l'ouverture du pointeau, sans le fermer tout à fait, et c'est tout. Une lampe dangereuse serait celle où une très grande quantité d'eau inonderait en quelques secondes le carbure, comme lorsqu'on fabrique une bombe pour la « pêche au carbure ». Par exemple, si le fond n'existait plus, ou était de la dentelle de rouille, ou bien si l'ouverture du pointeau était très large. Elle produirait du gaz en telle quantité et si vite qu'aucune évacuation ne saurait compenser la montée de pression au-delà des 2 bars fatidiques. Mais il est difficile d'imaginer qu'on puisse utiliser une lampe sans en avoir examiné attentivement tous les composants et leur comportement en service. En particulier vitesse de chute d'eau ; intégrité du bec et absence d'obstruction du gicleur ; repérage de la position du pointeau pour le débit d'eau optimal et vérification qu'il ne risque pas de se dérégler à l'insu de l'utilisateur ; vérification de la présence du trou de mise à l'air ; enfin examen de l'intégrité du tuyau de gaz quand il passe à l'intérieur du réservoir d'eau, sa perforation étant parfois observée : quand l'acétylène aura chassé l'air du réservoir, il sortira par le trou de mise à l'air du bouchon et une jolie flamme inattendue avertira que quelque chose de pas catholique est en train de se passer. L'état du joint aussi est important, nécessitant souvent son remplacement (caoutchouc, cuir, filasse suifée...). Mais son mauvais état se traduit par l'inflammation de la fuite de gaz, c'est tout. C'est juste ennuyeux de transporter la lampe à ce moment, surtout avec des vêtements facilement combustibles. Un risque analogue est dû, sur les lampes à carburateur en tôle de laiton, à l'apparition de criques saisonnières qui perforent ou fissurent le réservoir (fuites d'eau) ou le carburateur (fuites de gaz) qu'il faut alors étanchéifier avec de la soudure ou de la résine. Mais si on ne s'en rend pas compte aux essais, c'est qu'il n'y a pas eu d'essai. Quant aux modèles spéciaux à pression, conçus pour un usage spéléologique où elles doivent pouvoir fonctionner dans des positions proches de l'horizontale, elles nécessitent d'être dans un état parfait, particulièrement la soupape de surpression et son ressort taré. Ces luminaires sortant du cadre de la lampe courante, je n'en parlerai pas sauf pour attirer l'attention sur les contraintes d'entretien. Mais si quelqu'un tient à employer ce genre d'engin, c'est probablement qu'il sait parfaitement ce qu'il a entre les mains. Deux dernières remarques : premièrement, les identifications de lampes sont parfois très difficiles, un modèle ayant très souvent été fabriqué par plusieurs constructeurs avec ou sans la bénédiction du légitime concepteur. L'absence de marquage ne signifie rien, des lampes ayant été livrées par le fabricant original sans marques. Secondement, les accessoires ne sont pas significatifs non plus : au cours de la longue vie de ces engins à une époque où, plutôt que jeter, l'on réparait, plus ou moins soigneusement, l'essentiel étant que ça fonctionne, les poignées et crochets ont pu être remplacés, les porte-becs modifiés, même parfois le réservoir d'eau changé pour un autre qui s'adaptait, peu importât sa provenance. Ce ne sont pas des bidouilles, juste des gueules cassées qu'on a un jour retapées. Elles portent les blessures d'une longue histoire de services obscurs (si je puis risquer cette image) et fidèles, et ne doivent pas être méprisées. A présent, une petite visite guidée de quelques modèles, types, et marques... |
Joseph
Mercier puis les Enfants de J. Mercier sont à l'origine de la célébrissime lampe Etoile, déclinée depuis le premier brevet
de 1904 en plusieurs modèles de divers matériaux : bronze et fonte, bronze et acier, alpax, alpax et acier. Le carburateur en alliage d'aluminium,
qui aurait rendu la lampe totalement amagnétique pour peu que le fer du crochet fût changé pour un alliage cuivreux, est souvent remplacé par un
carburateur en acier embouti. La forme bien connue remonte à 1906. Cette lampe a été utilisée abondamment dans les mines de fer lorraines et les exploitations européennes, soit sous le nom de lampe Etoile, soit comme une des nombreuses copies, autorisées ou non. Le surnom de lampe Simplon ne vient certainement pas de son emploi lors du creusement du premier tunnel du Simplon (achevé en 1905 alors que le premier modèle Mercier, peu diffusé, venait à peine d'être breveté), mais pourrait être dû à son utilisation quand la seconde galerie a été percée, entre 1912 et 1921. Outre son omniprésence dans les mines de fer lorraines, grâce à sa réputation de robustesse dans les ateliers souterrains et d'invincible masse d'armes dans les bagarres du samedi soir, elle a été largement répandue dans les chantiers des tunnels alpins. |
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La base restant la même, le modèle 1906 a été décliné (outre la variété des matériaux) dans diverses orientations du bec : central vertical,
périphérique à 45 degrés, à 20 degrés, horizontal, horizontal à poignée bois, les brûleurs en position périphérique pouvant être équipés de
réflecteurs ou de larges paraboles en cuivre nickelé ou en acier inoxydable. Enfin, moyennant la soudure d'un crochet permettant de la fixer
à la ceinture, cette lampe a été proposée en tant que générateur pour un éclairage au casque. Le porte-bec est alors remplacé par une olive
où vient s'ajuster le tuyau qui se raccorde au bec sur le casque.
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Mercier a fourni également des lampes au négociant Robert Aebi, de Zürich. Elles sont identiques aux lampes Mercier, à ceci près, outre la
marque Aebi estampée sur le réservoir, que les pas de vis sont incompatibles : pas de 4 mm sur les Mercier, de 2,5 mm sur les Mercier/Aebi : le
carburateur de l'une ne s'adapte pas sur l'autre. |
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Karl Heupel a consacré des pages très intéressantes aux copies des Mercier. Parmi elles, les lampes Eclair, dont l'apparence est voisine des
Mercier mais le pas de vis totalement incompatible, la fonction mâle/femelle étant inversée par rapport aux Mercier. Cette différence par
rapport aux Mercier de Nancy était d'ailleurs partagée avec d'autres marques alpines comme Breda, La Mine ou Clérin. Ici, je montre une Eclair
très inhabituelle à cause de son large carburateur en tôle de laiton que sa fragilité rend impropre aux usages miniers, mais qui est manifestement
conçu pour s'adapter aux caractéristiques bien particulières du pas de vis Eclair, par exemple une lampe d'atelier avec sans doute sur le modèle
original un réservoir d'eau plus léger. Cela dit, l'ensemble est un hybride (les gens méchants disent une bidouille), car pourquoi munir d'un crochet
de type minier une lampe qui est plus à sa place sur une table ? |
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Dans les années 40, mais sans plus de précision, les Enfants de J. Mercier ont fabriqué une lampe entièrement en alliage d'aluminium,
la SETA (nous nous interrogeons toujours sur le sens de cette dénomination, peut-être une société de matériel électrique), suivie un
peu plus tard par le modèle en bakélite, assez peu courant. Au lieu d'être coulé d'un seul jet comme les réservoirs des Mercier en bronze, le réservoir des SETA est coulé en deux parties : le corps de la cuve d'une part, le fond de l'autre. Ils sont ensuite assemblés par vissage comme le fait apparaître la coupe ci-après, l'étanchéité étant assurée par un joint plastique qui les colle ensemble et rend l'assemblage indévissable. La découpe fait aussi apparaître la présence d'une fourrure de laiton pour renforcer les filetages du bouchon et du pointeau. |
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Enfin, après la guerre, il y eut un dernier modèle tout acier à fermeture par rampes, soit à feu central dans la
tête de pointeau soit à feu subvertical sur la périphérie (la poignée étant alors dépourvue du disque de protection de la main). |
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Au sujet de l'histoire de la famille Mercier et de la genèse de leurs lampes, il faut consulter avec profit les pages beaucoup plus exhaustives
de Bernard Sebille, en français, et, en allemand, celles de
Karl Heupel (en
l'occurrence, choisir Mercier Lampen).
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Avant de quitter la lignée des lampes Etoile et de leurs collatérales, un détour vers cette lampe tout en fer, dépourvue d'identification, bien qu'un
modèle exactement similaire figure dans une collection française, mais lui avec une marque venue de fonderie. Le serrage excessif des deux réservoirs,
surtout quand on a soin de proscrire toute molécule de graisse sur le pas de vis et d'en favoriser avec bienveillance l'oxydation, défie quiconque
d'ouvrir la lampe. Comme un début d'enfoncement avait affaibli le métal du réservoir d'eau, la seule solution pour en faire un objet intéressant a été
de la découper de façon didactique. La coupe permet de voir le pas de vis, plus long que sur les Mercier Etoile, et l'agencement des ouvertures par où passe l'armature du noyau de coulée. Ces ouvertures supérieure et inférieure sont larges, et ensuite obturées par le tube de gaz, qui fait office non seulement de porte-bec mais aussi de charnière pour le clapet de remplissage d'eau. Il est introduit par le haut, maintenu en position par sa collerette et soudé ensuite sur le fond du réservoir. Ci-dessous à gauche, en haut à droite, le décalque de la marque venue de fonderie sur une lampe similaire. Expurgée de quelques bavures, on la lit « SUE ». Grâce à Bernard Sebille, dénicheur infatigable autant que béni de la Providence, on l'interprète comme un dragon crachant le feu étreignant tout simplement le monde, rien que ça. En effet, il s'agit du logo barré de l'acronyme de la Société universelle des explosifs, avatar à partir de 1910 de Bergès-Corbin et Cie, qui fabriquait la cheddite, explosif au chlorate/perchlorate. Garnissant les munitions de tranchée ou bourrant les fourneaux de la guerre de mines, cet explosif assez bon marché était dans le civil utilisé dans les mines et carrières. Aussi la société, se diversifiant, a fabriqué et fourni également du matériel minier, y compris cette lampe à acétylène sur un dessin déjà bien connu et abondamment reproduit (Mercier, Castor, Elga, Aebi, Santini et j'en passe...). |
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La marque française incontournable est sans conteste Arras, marque de la Société anonyme d'éclairage et d'applications électriques
fondée en 1898, autant en lampes de sûreté à huile puis à essence qu'en éclairages à acétylène et enfin électriques. Dans les lignes consacrées
plus loin aux lampes à flamme protégée, on verra les modèles AS et AT (dits de Carmaux) et KP, mais dès maintenant les lampes à main à flamme
nue. Les modèles les plus répandus sont les types 1 à 5, dont ci-dessous à gauche un exemplaire avec réflecteur à fixation artisanale et
bec Petzl, et à la ligne suivante deux modèles 15 à vis centrale. La lampe de gauche a été utilisée au début des années 50 dans la champignonnière de Villaines-la-Carelle. A droite, la lampe de taille inférieure et de proportions différentes (hauteur de 20 cm anneau compris au lieu de 22 pour le grand modèle) a appartenu au spéléologue Christian Landais, bénéficiant d'une certaine notoriété dans les années 60 à 80. Il l'avait équipée d'un tuyau relié au photophore sur le casque, et la portait en bandoulière au moyen d'une corde passée dans l'anneau, ce qui explique l'absence du crochet en fer. Ces lampes aux formes fluides, dépourvues d'un étrier anguleux susceptible de s'accrocher là où il ne le fallait pas, étaient assez appréciées des spéléos. L'exemplaire présent a été retransformé en lampe à main, toutefois encore démunie de sa poignée. |
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On rencontre aussi, encore qu'un peu moins fréquemment, le type 7 à base octogonale décliné en plusieurs variantes selon l'inclinaison
du bec, la présence d'une poignée ou d'un réflecteur, etc., ou même l'utilisation en générateur seul pour lampe frontale (une plaque soudée
sur le carburateur le tenait éloigné de la hanche). |
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Mais Arras ne se contenta pas de diffuser sa production. Il vendit aussi, soit en tant que distributeur, soit en les fabriquant lui-même,
de nombreux modèles étrangers : Hubert Joris, Friemann + Wolf, Scharlach, Buchholz & Ettinger... Précisément, la lampe ci-dessous est un
clone d'une lampe Record à fermeture par rampes de ce dernier fabricant, baptisée chez Arras le modèle 18. Rien n'y manque, à part
le logo ligaturé Buchholz & Ettinger. |
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Créée en 1938 pour fabriquer et charger diverses munitions, principalement un certain type de bombe incendiaire, la SCAGM, Société centrale
d'armement GM, usine à Courpière, lieudit Lagat, s'est convertie après la Libération d'une part à la fabrication d'ailettes de projectiles
pour mortier Brandt de 81 mm dont les guerres coloniales, en particulier en Indochine, faisaient un grand usage, et d'autre part à l'emboutissage
d'articles ménagers divers et de jouets, comme le prouvait le nouveau développement de son sigle, Société de construction d'appareillage général
et ménager. Longtemps on s'est demandé qui ou quoi se cachait derrière ce mystérieux GM. Mais il est difficile de résister à la ténacité de Bernard Sebille, qui a fini par découvrir le pot aux roses dans l'exhumation d'archives notariales. GM, ce sont les initiales de Gaston Mourlaque. Cet ingénieur, né en 1881 à Alger, déposa plusieurs brevets, certains fantaisistes, d'autres plus sérieux, tel un nouveau procédé de fabrication de pâte à papier, destinée initialement à fournir de la cellulose aux industries poudrières, qu'il mit en application dans une usine de blanchiment de cellulose à Barsac en Gironde. Mais aussi un brevet de bombe incendiaire qui aurait dû être fabriquée dans l'usine louée à Courpière. Le projet ayant vraisemblablement avorté, l'établissement de Lagat se destina à d'autres munitions jusqu'au changement d'objet social d'après-guerre où il se consacra pendant quelques décennies à la fabrication d'« appareillage général et ménager ». |
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Parmi cet appareillage général autant que ménager sont nés quelques modèles de lampes à acétylène, dont les deux photographiés ci-dessus. Le plus petit
des deux (à droite) est extrêmement classique, le plus grand a deux particularités : d'abord la fermeture se fait par un étrier dont la vis est sous la
lampe, ce qui n'est pas follement pratique. Ensuite, encore plus inhabituel, il n'a aucun joint plastique : l'étanchéité entre la cuve d'eau et le
carburateur est assurée par un emboîtement précis de deux pièces tronconiques. Elles sont usinées dans un acier assez épais, pas susceptible de se
déformer facilement, mais si par hasard la jonction subit un choc de quelque importance il n'y aura aucun moyen simple de refaire l'étanchéité. Les bouchons d'eau sont en bakélite. |
Au
début du XXe siècle Charles Ferron représentait diverses marques dont il distribuait les productions. Assez vite il se mit à
fabriquer ses propres modèles, dont celui-ci, en bronze et acier, inspiré comme d'innombrables autres du dessin de la lampe tronconique à vis.
Le porte-bec n'est absolument pas d'origine, car il est normalement droit, aussi le crochet initial était-il muni du disque de protection des mains. |
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Ce modèle porte encore les deux noms Ch. Ferron et La Française. Mais au début des années 20 seul subsista le nom de La Française
(ci-dessous). Il s'agit de modèles plus classiques à fermeture par étrier sur tourillons. En revanche ils étaient décorés d'un joli médaillon
et la tête foliacée de leur vis de fermeture est emblématique.
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A côté des lampes portées à la main pendant les déplacements, tous les constructeurs ont proposé des appareils de grande capacité, certes portables
mais destinés à être posés sur un lieu de travail qui devait être éclairé fort et longtemps. Ch. Ferron, par exemple, vendait à partir de 1920
ce modèle n° 197, dont le poids, avec sa charge de carbure et d'eau, avoisinait gentiment les 6 kilos. La fermeture se fait par une ceinture
verticale solidarisant les deux réservoirs par l'intermédiaire d'une vis de pression. Ci-après, la plaque constructeur où au-dessus de la marque La Française subsiste encore Ch. Ferron. |
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Fondés en 1850, Les ateliers J. Lorton se trouvaient à Bordeaux, et au siècle dernier, outre des instruments d'hydrothérapie, fabriquaient
des luminaires à acétylène, aussi bien de table que portatifs. Ci-après, le modèle 52 à étrier, sans particularité notable. Néanmoins, cet
exemplaire revient de loin : le tuyau de gaz, perforé pour une obscure raison par un instrument pointu, laissait l'acétylène se dégager à gros
bouillons dans le réservoir d'eau. Il a fallu le remplacer. Quant à l'étrier, il doit sa forme curieusement convexe, et qui n'est nullement
celle d'origine, à la vigueur musculaire d'un précédent utilisateur. La vis de pression, d'ailleurs, a peu de chances d'être celle
prévue initialement.
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D'abord dénommés Applications Industrielles de l'Acétylène, les établissements Albert Butin, rue des Martyrs, à Paris, ont été parmi
les plus prolifiques des deux premiers tiers du XXe siècle, avec Mercier et Arras. On les connaît beaucoup par leurs lampes ferroviaires
(voir plus loin), mais les lampes dites individuelles ont rempli une bonne partie de leurs catalogues, ainsi que des lampes d'atelier ou des
générateurs. Les appareils de cette marque sont reconnaissables à leur tête de pointeau, en forme de croisillon de robinet à deux branches, au
porte-bec supporté par une boule (« rotule » disent les catalogues) sur les modèles où il apparaît, ainsi qu'au dessin spécial du
capuchon de protection du bec (quand il est encore en place). Ci-dessous, deux lampes à fermeture très classique par étrier sur tourillons et vis de pression : à gauche une A141 n° 3, c'est-à-dire le plus petit modèle de la série (22 cm), référencé également n° 33 dans les catalogues des années 50 (à peu près au moment de la fusion avec Gillet pour donner Butin-Gillet). A droite une A142 n° 1, le plus grand de la série (28 cm), avec joint protégé. Par-ci, par-là de minimes variantes apparaissent. Ainsi le bouchon d'eau de la 141 est à emboîtement, alors que celui de la 142 est fileté... |
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D'autres types de fermeture ont existé chez Butin, comme ce modèle A916 où l'étrier est assujetti non pas à des tourillons mais à un cercle
enserrant la base du carburateur. Ici il s'agit d'une exécution à poignée bois (lampe de ronde ou d'inspection, en principe toujours tenue
à la main au contraire des modèles que le crochet mobile permettait de suspendre à peu près partout soit en carrière soit en atelier ou sur
un chantier). |
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En plus des abondants modèles de lampes ferroviaires à cage, Butin a aussi adapté des lampes à feu nu à un emploi de chemin de fer, comme
ici ce modèle Est 26 dérivé d'une lampe portative transformée en lanterne d'abri de locomotive par adjonction de supports d'accrochage
et d'un pointeau sur secteur denté évitant le déréglage. La flamme était protégée par une cage vitrée disparue, remplacée par un réflecteur
transformant à nouveau la lanterne en lampe portative.
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Les variantes du modèle ci-contre, à fermeture par vis, sont nombreuses : avec deux ou trois formes de poignée, avec ou sans anse, avec ou sans
crochet, avec ou sans pointeau cranté... Les catalogues Butin les désignent lampe de graisseur, de fondeur, d'atelier, type PTT... Ici il s'agit
d'une variation du type PTT modèle F avec un prolongateur de bec. L'usage est indéterminé, mais c'est une lampe d'ouvrier : elle devait
approcher le plus possible la lumière de la pièce à examiner, à graisser ou à réparer. Beaucoup de ces petits appareils ont été utilisés par les
compagnies ferroviaires puis par la SNCF. |
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Il existe quelques exemplaires de cette curieuse Lumina entièrement en aluminium, et pour laquelle le manque de documentation frise
epsilonn. Qui était le fabricant, où se tenait-il, quand a-t-elle été fabriquée, y a-t-il un brevet ? Mystère... On ne connaît que ce modèle, où
la fermeture se fait par une sauterelle en fil de fer (un excentrique genre bouteille de bière), la charnière étant constituée par des ouvertures
dans la poignée en acier.
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Les établissements Desautel de Lyon, toujours existants, étaient déjà spécialisés dans le matériel de sécurité, particulièrement à l'usage
des pompiers, et à partir de 1941 diffusèrent ce modèle Aquilon des éts Pernin & Lardière (indication du fabricant dû à la courtoisie
de Jean-Luc Faure) entièrement en alliage d'aluminium, y compris l'étrier et l'anse, ce qui n'est pas une bonne idée compte tenu des incidents
de remplissage possibles pendant la coulée aboutissant à des fragilités dangereuses, comme le bris de l'étrier. Précisément pour simplifier la coulée
et éviter le recours aux noyaux, comme dans les réservoirs d'eau des Mercier, sur l'Aquilon ce réservoir est en deux parties, une coque et un fond
nervuré, assujettis par un tube fileté servant aussi de tube de gaz et serrés entre eux par l'intermédiaire d'un joint. Si le filetage est maintenu
en bon état, l'assemblage est théoriquement toujours démontable, à la différence des Mercier SETA aluminium (voir supra) où la présence
d'un joint collé rend le dévissage impossible. |
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Bien moins courant est ce modèle de lampe (ci-après) en fonte d'aluminium, sauf l'étrier et le tube de gaz qui sont en acier, portant l'intéressant
marquage « PL Déposé ». Il n'est pas du tout impossible que ce soit une fabrication de Pernin & Lardière, la forme de
la tête de pointeau et le dessin de la partie inférieure du goutte-à-goutte apparentant aussi ces deux lampes. La question est alors de savoir
laquelle est antérieure... Ce qui est sûr, c'est qu'autant le type distribué par Desautel est répandu, autant celui-ci est rare. Cerise sur le baba, cette lampe était équipée d'un bec inhabituel à deux buses parallèles débouchant d'une tête plate, et formé, en prolongement de la vis au classique pas du gaz, d'un filetage au pas assez exotique (pouvant éventuellement recevoir un léger réflecteur ?). |
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Sur cette petite lampe domestique, si le réservoir est en aluminium moulé, pas très épais, le carburateur est en tôle d'aluminium emboutie.
Le classique étrier en fer qui assure la fermeture est fixé, non pas sur la lampe, mais sur un cerclage métallique en dessous du plan de joint.
Bien que ce dispositif ait été utilisé sur les lampes Kiva ou Epervier & Gillet, ils n'en avaient pas l'exclusivité. Aussi, faute de signe
caractéristique, l'identification est impossible jusqu'à nouvel ordre. En tout cas, vu la légéreté des matériaux et l'absence de crochet de
suspension, il ne s'agit absolument pas d'une lampe de mine ou de carrière. Elle pourrait peut-être ressortir aux fabrications de Butin.
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Pierre Jacques, de Lyon, a construit plusieurs modèles de lampes d'atelier, à main ou à monter sur des autos, généralement munis d'un pointeau
à commande horizontale. Un certain nombre a eu un usage ferroviaire, mais les deux variantes de Perfect représentées ci-après sont des lampes
à main d'usage général. Les points communs sont le pointeau horizontal et le verrouillage par écrous à oreilles. Le carburateur de celle de gauche est en alliage léger et l'embase du porte-bec de forme carrée. Celle de droite, hélas dépourvue de son réflecteur, a une embase de porte-bec hexagonale et le carburateur est en tôle. Autre différence, les poignées sont positionnées à 90 degrés, l'une transversalement et l'autre longitudinalement. Sur la Perfect de gauche, le tuyau horizontal conduisant l'eau depuis le siège du pointeau jusqu'au carburateur était complètement cisaillé par vrillage. Il a été dessoudé par dessous, le pointeau aussi, et un nouveau tuyau a été replacé et mis en forme. Après soudage, il a parfaitement rempli son rôle. Inconvénients du pointeau horizontal en position inférieure : primo, il doit être muni d'un presse-étoupe pour éviter les suintements. Secundo : son emplacement assez loin du fond du réservoir laisse l'eau y stagner. Avantage(s) : aucun à ma connaissance. On admettra toutefois qu'il est indéréglable, la pression du presse-étoupe étant telle qu'il s'oppose à toute rotation spontanée du pointeau. |
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L'ingénieur Alphonse Daveluy, à l'origine de plusieurs brevets sur l'éclairage et sur l'électricité en automobile, fonda à Pont-Saint-Pierre une
petite fabrique de lampes de qualité variable, sous la marque ADA. Son catalogue de 1927 présente cette lampe à acétylène pour chantiers
et usines dont l'étrier pivote autour d'un cerclage inférieur enserrant le carburateur. Le pointeau sur cet exemplaire a une tête de type Butin,
alors qu'à l'origine elle semble un peu différente. Y avait-il une compatibilité voulue ? Il est possible aussi, vu la boule du porte-bec, un
signe de fabrique chez Butin (alors que le porte-bec ADA est différent), que le réservoir d'eau tout entier provienne de la marque de la rue des
Martyrs. Alphonse Daveluy construisait aussi des réchauds à alcool, des lampes à huile, à bougie, à essence, à pétrole, comme ce modèle (ci-dessous à droite, évidemment) dit « type à cordon » muni d'un bec à disque de 14 lignes du genre Matador. Cette lampe, d'origine familiale, a éclairé dans les années 50 celles de nos soirées qui étaient obscurcies par des pannes d'électricité. La tôle de laiton, épaisse et de qualité, n'a pas bougé. D'un autre côté, il faut reconnaître que les réservoirs des lampes à pétrole n'ont pas les mêmes contraintes thermiques et hygrométriques que les carburateurs de lampes à acétylène. |
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Les lampes de champignonniste sont une variante des lampes d'atelier, petites et légères, munies d'un manche pour que l'ouvrier d'une part
approche la flamme le plus possible des champignons afin de les choisir, d'autre part la tienne éloignée du panier qu'il portait du même bras,
l'autre main cueillant les champignons. Celle-ci a été trouvée dans une champignonnière de Saint-Ouen-l'Aumône. La facture et l'aspect des accessoires souvent distinctifs (bouchon d'eau, tête de pointeau), ne permettent pas de l'attribuer à tel ou tel fabricant. Adhuc sub judice lis est. Il n'est toutefois pas impossible que le fabricant en soit la firme espagnole FISMA (voir plus loin). En effet, même en l'absence de marque, non seulement l'aspect général du réservoir d'eau rappelle ceux de ce fabricant, mais en plus son filetage est parfaitement compatible avec les carburateurs FISMA. A la suite d'un choc les plans de joint du réservoir et du carburateur ne sont plus parallèles. Suivant les préconisations des règlements militaires du début du siècle dernier en pareil cas, j'ai fait un joint d'une épaisse spirale de filasse suifée. C'est très satisfaisant. |
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Ci-après, une autre lampe de champignonniste, de même forme et encombrement. Il s'agit d'une fabrication Charles Ferron, reconnaissable à
la forme du bouchon d'eau et de la tête de pointeau, mais vendue jusqu'au dernier tiers du siècle dernier par la quincaillerie Bouthier à Montrouge
(Hauts-de-Seine), spécialisée dans le matériel agricole. Bouthier y apposait sa plaque, sur laquelle l'adresse en l'occurrence est rue
Pierre-Brossolette, nouveau nom de la voie qui était avant la guerre route de Châtillon. |
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Avant leur faillite en 1935, les établissements Beaudouin & Trilles, situés à Bordeaux avec une succursale parisienne, ont diffusé des lampes
à main, de table, de boulanger, etc. très classiques sous la marque Lampe Idéale. Les lampes à main, fermées par un étrier à vis de pression,
portaient sur le dôme du réservoir d'eau trois nervures de renfort embouties à 120 degrés. Ci-dessous, un modèle n° 32.
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Dès le tout début du siècle dernier, Paul Besson, de Paris, fabriqua divers types de lampe à carbure, aussi bien de mine et de carrière
que de table (qu'on verra dans la page sur les lampes de table), ainsi que des flambeaux de pompier et de nombreux accessoires (lyres, suspensions,
adaptations à l'acétylène de lampes à pétrole, etc.). Ayant quelques années après pris le nom d'un successeur, André Rebattet, c'est sous cette dénomination que furent commercialisées un grand nombre de lampes portatives, caractérisées par le fait que les angles de l'étrier de pression sont emboutis en forme de gradins. Selon les décennies, les étriers furent plus élaborés, les têtes de pointeau varièrent sensiblement de forme, les lampes furent peintes, mais la particularité de l'étrier en gradins subsista. Sur la rangée inférieure figure un modèle un peu plus récent, peint et dont l'étrier est renforcé. Il porte la plaque, sûrement apocryphe, d'un quincaillier parisien (qui existe encore de nos jours, mais pas au même endroit). Dans un abri souterrain au nord-ouest de Soissons un grand tableau sculpté par un soldat du génie montre, outre divers symboles, une lampe qui ressemble d'assez près à une Rebattet à cause de ce que l'on croit deviner de cet étrier et de la fixation des tourillons (ci-dessous à droite). En revanche, le carburateur est ceinturé par le dessous et le joint est recouvert. Comme les catalogues Rebattet ne courent pas les rues, on ne peut conclure. |
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Parmi toute la nuée de constructeurs de la première moitié du siècle dernier, Georges Cathelin fabriqua et diffusa quelques modèles à
vis de pression, très semblables aux Arras, Butin, Lorton et autres, puis revendit son affaire à M. Rouvrais. Ci-contre, une Cathelin-Rouvrais vraisemblablement n° 64. Les particularités de construction de ces lampes qui sans être rarissimes sont loin d'être répandues sont le sertissage des tétons d'ancrage de l'étrier, la pièce d'appui de la vis de pression faite d'un écrou hexagonal, et la forme spécifique de la tête de pointeau. L'exemplaire photographié ici est pourvu d'un couvre-bec en aluminium. Dans un état général globalement correct, hormis l'absence de joint à laquelle il fut facile de remédier, la lampe présentait un trou dans le carburateur, réparé au mastic polyester bicomposant. |
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Une lampe robuste et bien construite est la Kiva de Charles Paquet, livrable en différentes variantes de position du bec.
La vis de fermeture en laiton est terminée par un croisillon de robinet, et la tête de pointeau a une forme bien particulière.
Les tenons sur lesquels l'étrier prend appui ne sont ni soudés ni rivés sur le carburateur, mais formés par une ceinture amovible
constituée de deux demi-cercles en fil d'acier. L'exemplaire ci-après, datable sans plus de précision des décennies 20 ou 30,
n'a hélas plus sa plaque de constructeur. L'étanchéité de cette lampe en bon état et immédiatement utilisable était assurée par un simple joint torique de 4 millimètres. |
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Allons un peu en Belgique. Là-bas, la marque principale, quasi emblématique dirions-nous, est Hubert Joris. Mais avant de porter son
nom, les établissements qu'il avait fondés s'appelaient Fabrique liégeoise de lampes de sûreté dont la marque commerciale était
FL. Ils ont produit par exemple cette lampe de mine de forme obus. Il diffusa alors un copieux catalogue de lampes, la grande
majorité étant des modèles de sûreté à tamis destinés aux mines de charbon dont la Belgique était truffée, et qu'il commercialisa aussi
un peu partout dans le monde, ainsi que des appareils Friemann + Wolf dont il était représentant, la Fabrique liégeoise étant même dans
les faits une filiale de la marque allemande. Il faut ajouter qu'Arras puis la SEMOI ont également copié et commercialisé ces lampes,
ayant elle-même des participations dans ces deux sociétés. D'ailleurs, c'est possible que l'exemplaire présenté ici provienne de l'un de
ces deux fabricants, après 1920. |
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Après la guerre la Société anonyme d'éclairage des mines connue aussi sous l'acronyme SEMOI, constituée avec des capitaux de la
SAEAE (Société anonyme d'éclairage et d'applications électriques), alias Arras, reprit les usines d'Hubert Joris à Loncin-lez-Liège, et y continua
la fabrication de divers modèles plus ou moins copiés sur Joris (p. ex. le bougeoir à contact dont il sera question plus loin), dont cet intéressant
luminaire entièrement en laiton, et donc amagnétique, orné d'une jolie plaque de constructeur. |
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Dénoncé pour « commerce avec l'ennemi pendant les hostilités » par Ferron, qui laissait entendre par surcroît qu'il se livrait à
l'espionnage (ah quel bon citoyen, ce Ferron !), accusation calomnieuse qui se conclut par un non-lieu en mars 1917, Hubert Joris reconstitua
peu de temps après la guerre ses propres usines sous son nom, toujours à Loncin, et y poursuivit ou entreprit la fabrication de divers modèles à huile,
à essence, à pétrole, à acétylène et électriques. En ce qui concerne les lampes à carbure, outre diverses lampes tempête ou à flamme protégée dont je parlerai un peu plus loin, et une curieuse lampe à contact, on peut citer dans les lampes à flamme nue que je possède la 718 et la 919 (ci-dessous). La 718 est très proche des Friemann + Wolf allemandes, dont elle est inspirée. En revanche, la 919 est une copie quasi conforme des lampes à main américaines comme ITP, Dewar ou Justrite (encore que la marque anglaise Premier ait fait au moins un modèle qui y ressemble comme deux gouttes d'eau) y compris l'allumeur à ferrocérium omniprésent sur les lampes de cette nationalité. De plus, le type de plaque de constructeur y apposée signale une fabrication pendant la période de l'après-guerre, quand Joris remonta son usine à Loncin-lez-Liège sur près de 1 hectare. |
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Puis, vers 1939 ou 1940, la Société anonyme d'éclairage des mines créa une marque ou une sous-marque Nicoln, anagramme
de Loncin-lez-Liège qui avait un petit air anglo-saxon probablement séduisant pour le chaland, et qui continua à produire, entre autres des lampes de
signalisation routière et ferroviaires, jusqu'au milieu des années 70 (dont l'étonnante lampe à éclats, à pétrole : la Blitz brevet Brüninghaus de
1960, destinée à la signalisation des chantiers, décrite plus loin). En tout cas, pendant la guerre, elle vendit ce modèle (ci-dessous) à fermeture par vis centrale et écrou papillon supérieur, doté d'une cheminée en verre qui se proclame fièrement de « fabrication belge », et qui est sans doute partie intégrante d'un appareil plus complet avec support, abat-jour et poignée. Néanmoins la fragilité de ces accessoires (cheminée en verre mince et légèreté de l'abat-jour) tendrait à exclure un usage militaire genre baroudeur, mais il n'est pas impossible, compte tenu de la couleur, qu'elle ait servi dans une armée, belge sans doute, possiblement aussi allemande. |
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Cet engin, d'une fabrication plutôt bonne, en acier pas spécialement corrodé, avait le malheur d'être affublé d'un pointeau en zamac. Quelles
que soient les qualités de cet alliage, il est extrêmement susceptible à la pureté des composants et un de ses défauts est une sorte de lèpre
qui le désagrège. Une Einheitslaterne 42 de ma collection a eu le même genre de souci. Il s'agissait dans les deux cas de fabrication
de guerre, ce qui explique sans doute l'autodestruction des pièces. Il a donc fallu dessouder le siège, attaquer à l'acide chlorhydrique le
restant de pointeau qui y était coincé, et en refaire un : mesures, tournage, rodage, essais d'écoulement, fabrication d'une tête, ressoudage
du siège. Un travail assez important, irréalisable sans l'aide d'un tour. |
Ci-dessous, à titre de comparaison avec la Joris 919, une Dewar étatsunienne, achetée à Mexico dans un tianguis. En examinant l'étonnante
multiplicité des lampes de chapeau ou à main nord-américaines, il est difficile de comprendre l'originalité des brevets – tout aussi nombreux
– qui en sont à la source... Les constantes sont l'allumeur au ferrocérium (très bonne idée), une faible durée d'éclairage, un goutte-à-goutte
quart de tour. Bien sûr, quelques modèles se distinguent particulièrement. Les pages consacrées aux cap lamps américaines ne manquent pas pour
le curieux. |
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L'Espagne, dont le nord est riche en mines diverses, charbon, métaux, etc., a fourni plusieurs modèles de nombreuses marques. La dernière à
avoir fermé (en 1996) et, au moins en France, la plus connue, est Fisma (Industrias FISMA SL, à Erandio près Bilbao). La construction
de lampes à carburants divers n'était semble-t-il qu'un département de cette importante entreprise biscaïenne, qui néanmoins arrosa le monde entier
d'un modèle à acétylène breveté en 1941, avec quelques variations et brevets additifs. Il s'agissait plus de lampes à main que de lampes à usage
spéléologique, développées peu de temps après à partir de ce modèle en remplaçant le bec par une olive recevant le tuyau vers la lampe au casque, en soudant
un anneau de portage à la place de la poignée supprimée, en attachant le bouchon de réservoir et enfin en donnant au pointeau plus de résistance à la
rotation spontanée. C'est à partir de ces modèles réservés à la spéléo que quelques inventeurs ingénieux ont réalisé des lampes à pression. (Voir dans le
volume 4 de José Manuel Sanchis la partie consacrée aux lampes à acétylène.)
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Sur l'exemplaire ci-contre de lampe à main FIS-1S dit « 200 grammes », brillante, propre et attrayante, le ramage ne valait pas le plumage,
le fond du réservoir à eau étant très corrodé. J'ai dû obturer les trous et faire un joint de cuir. Il faut reconnaître que ces modèles sont assez
fragiles, sujets à la corrosion et même à une désolidarisation du pas de vis d'avec le carburateur, accident qui arrivait parfois en spéléo où les
conditions d'emploi ne sont pas particulièrement paisibles. Pour transformer une FIS-1S en FIS-2S, de plus grande capacité (ci-dessous), il suffit de lui visser un réservoir de 300 grammes de carbure... |
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Les lampes de mine portugaises à acétylène, souvent en laiton massif, ont généralement une forme assez caractéristique : un petit réservoir d'eau
raccordé au carburateur par un congé plus ou moins mouluré. Celle-ci, typique des mines de charbon de Pejão, est dotée d'un petit réflecteur en
portion de sphère. En clinquant de laiton, elle n'est néanmoins pas fissurée. L'association qui s'occupe de la mémoire de ces mines n'ayant jamais
répondu à mes questions, il est pour l'instant impossible de connaître le fabricant ni les années d'utilisation.
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En Italie, deux marques sont très répandues. Ci-après, une Aquilas 7806 à gauche et, à droite, une Stella 6271. Cette Aquilas
possède une fermeture par rampe à tétons apparents, et sur la Stella à fermeture par étrier la vis de pression ne traverse pas l'étrier mais agit
comme un vérin entre lui et le réservoir d'eau. |
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Ci-contre, une lampe italienne de marque inconnue, de belle et robuste construction, déjà répertoriée sur les pages de Francesco Allieri. Sa particularité est d'être fermée par deux sauterelles prenant appui sur des crochets en forte tôle. Francesco estime que
sa fabrication remonte aux années avoisinant 1960. Le pointeau est cranté, et le bouchon d'eau est en matière plastique.
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Toujours en Italie, ce modèle militaire système Geretti sortant des établissements Ettore Diana. Il est en tôle d'acier, facilement
corrodable, et très difficilement réparable à cause du dessin et des découpes compliqués. L'alimentation en eau se fait par un pointeau-robinet
à quart de tour, comme plusieurs lampes de chapeau anglo-saxonnes. Datant probablement des années 30, il offre la particularité d'avoir un carburateur
tubulaire, fermé latéralement par un couvercle vissant en alliage léger, qui contient le panier amovible recevant les morceaux de carbure. A part ça c'est très mignon. |
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Une importante marque suisse, au catalogue surabondant, fut Truttman Emmenbrücke. Entre autres était fabriqué ce modèle 512 à bec central,
surmonté comme chez les Mercier d'une protection en tôle. Ici, le tube de gaz se trouve dans la vis centrale de fermeture, l'écrou servant de
porte-bec et de douilles pour la poignée. Malgré la bonne fabrication (suisse...) de cet appareil, la vis centrale était dessertie du carburateur.
Un peu de soudure a réparé cet inconvénient... C'est le pointeau (muni d'un repère, idée judicieuse) et le bouchon d'eau qui portent la marque « Acetylen Emmenbrücke ». |
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Les
nombreuses mines de charbon roumaines ont forcément engendré divers types de lampes à acétylène, généralement inspirés de modèles allemands. Ci-après
à gauche une IMSADU de 1970 (Intreprindera Mecanica Sadu, à Gorj), copie quasi conforme de la Friemann + Wolf Tauchlampe : le carburateur
enveloppe le réservoir qui y plonge (d'où le surnom) et y est assujetti par un étrier à excentrique. Elle est encore frappée du nom de son ancien
utilisateur, Bolesku. A droite, plus classique mais toujours une copie d'allemande (à vis de pression cette fois), une lampe de 1959 marquée MSEPTEMBRIE. |
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Venant d'Europe
centrale, deux belles lampes en laiton massif identifiées par le vendeur comme d'origine hongroise et, vu leur robustesse, d'usage
vraisemblablement minier. A gauche, elle a une fermeture inférieure atypique, le panier de carbure muni d'un fond taraudé s'insérant et se vissant par
dessous dans le corps de la lampe. Le nettoyage du panier est simplifié, mais pas la maintenance du siège du pointeau. Elle ressemble un peu aux
lampes fabriquées par Scharlach (marque allemande) pour les mines autrichiennes de Wolfsegg-Trauenthal, à cette réserve que sur ces dernières on
connaît surtout les fermetures à baïonnette. Sinon, que l'origine soit hongroise ou autrichienne n'est pas trop problématique, ce fut un même empire
jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. A droite la fermeture est plus classique sur cette seconde lampe admise comme hongroise, de plus petite taille et là aussi entièrement en laiton coulé. |
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Sur les Scharlach destinées à Wolfsegg-Trauenthal le verrouillage inférieur du pot à carbure se fait souvent par une baïonnette. Ici, il est vissé.
Simple variante chez Scharlach ou fabricant différent ? Les dépôts verdâtres sont produits par du suif ayant un peu oxydé le laiton. En effet, le joint a été remplacé par un bourrage de filasse suifée. |
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La tête de pointeau de la lampe à vissage par dessous étant absente, il a fallu en refaire une, munie d'un ressort car freinée par un
crantage. |
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La lampe ci-dessous, Alfa probablement type 60, provient des mines filoniennes de Minas Gerais, au Brésil. Très classique de facture, elle
est comme beaucoup très fortement inspirée des lampes allemandes, mais se singularise par la forme du crochet, terminé par une longue branche rectiligne. |
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Ci-après, une australienne de Pinnacle. Ce genre de lampes de forme obus a été dupliqué en de nombreuses variantes européennes, y compris
par Arras. On peut s'étonner de la présence dans une bourse française d'une lampe australienne et penser qu'il s'agit en l'espèce d'un de ces
modèles européens, à cela près qu'elle ressemble comme deux gouttes d'eau aux engins répertoriés comme Pinnacle australiennes et que son poids
n'a aucune commune mesure avec celui des clones européens quand il est mentionné par les catalogues : elle pèse, vide, près de 2 kilos. Je
concède que le réflecteur n'est pas d'origine. |
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En remontant un peu en latitude, on rencontre ce type de lampe japonaise à acétylène, dont le logo est celui de la marque Wakoh (transcription
vers l'anglais, cette société ayant été sous le contrôle des occupants étatsuniens à la fin de la guerre). Ce type bien particulier, différent des
autres modèles de lampes japonaises à carbure de formes assez classiques, était accroché entre deux mâts sur les bateaux pêchant les calmars au
lamparo. Il est en tôle d'acier galvanisée, assez mince, et comporte une fermeture par deux tirants et écrous papillons. |
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Ci-dessus : le logo de la marque Wakoh. Ci-dessous : l'inhabituelle configuration du dispositif de remplissage : pas de bouchon, mais le dessus du réservoir est formé en cuvette percée de six trous, ce qui en rend le remplissage aisé et rapide. |
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En Suède, Primus a construit de nombreuses lampes et réchauds de tous types pour tous carburants. Ici, une 1021 de table, hélas privée
de son globe dépoli de diamètre inférieur 69 mm. La fermeture à sauterelles est inhabituelle mais, avec un joint en bon état, donne satisfaction. En
revanche la faible épaisseur et peut-être la moindre qualité de la tôle de laiton l'ont abondamment pourvue de criques saisonnières qu'il a fallu
obturer. |
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Au Luxembourg, dès le début du siècle dernier Buchholtz & Ettinger associés à Pierre Schiltz ont fabriqué pour les mineurs de fer
plusieurs modèles de robustes lampes à fermeture par rampes, comme les Excelsior, Simplex, etc., allègrement copiées par Arras, p. ex. avec ses
modèles 8 et 18. L'exemplaire ci-dessous à gauche, de type Record, dont le logo ligaturé figure sur la vignette inférieure, remonte aux
années 30. Le joint de caoutchouc avait souffert, et était un peu sec, sinon pulvérulent... Un joint de cuir le remplace parfaitement. A droite, c'est une lampe de type Simplex, conçue par le même fabricant, également à rampes, mais les tétons rivetés sur la coiffe du modèle Record (qu'on aperçoit sur la photo de gauche) sont ici remplacés par deux oreilles laissant voir les rampes. Normalement le bas du carburateur est cranté pour une meilleure préhension pendant le desserrage, aussi cet exemplaire, qui d'ailleurs ne comporte aucun marquage, est probablement une copie (au demeurant parfaitement légale, à destination d'un autre revendeur non fabricant). |
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La firme Schweisfurth est l'une des plus anciennes d'Allemagne. Elle a fabriqué des lampes à main, des lampes tempête et des lampes de
table, comme celle-ci, à fermeture à vis centrale, que Karl Heupel a eu l'amabilité de m'identifier. Lourde, robuste (en acier étamé), cet
exemplaire était quand même inutilisable à cause de l'obstruction de la fenêtre du siège du pointeau. Un bain d'acide citrique a eu raison de
la rouille, un autre de vinaigre blanc a dissous le calcaire, mais les deux ont mis en évidence la corrosion perforante du fond du réservoir
d'eau. Il a fallu le renforcer en bouchant les trous, puis roder le pointeau décapé et enfin fabriquer un bouchon d'eau fileté d'un pas assez
exotique, 16 x 125..., et pour finir remplacer les joints, cela va sans dire... La gorge fraisée en bas de l'écrou de pression pourrait avoir maintenu une bague supportant un abat-jour. |
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Pendant la Seconde Guerre mondiale, la firme allemande GICS (Gebrüder Iosef & Carl Schneider), aujourd'hui encore présente sur le
marché, a bien sûr participé à l'effort de guerre. Comme elle était spécialisée dans l'éclairage, elle a fabriqué entre autres cette lampe à
acétylène destinée au Reichsarbeitsdienst, dont plusieurs exemplaires ont été laissés en France lors de la retraite. La fermeture se fait
par vis en dessous. La qualité de l'objet ne fait pas penser à une fabrication de guerre, mais probablement du milieu des années 30. Il n'y a
pratiquement aucune source sur ces modèles, mais quelques particularités du dessin, comme la gorge en bas du réservoir d'eau pour recevoir un
cerclage, leur font supposer divers accessoires, évidemment introuvables. En revanche un petit tube de bois assujetti par une chaînette à la
tête de pointeau contenait des aiguilles de nettoyage des becs. |
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L'Osnabrücker Metallwerke J. Kampschulte GmbH & Co., d'Osnabrück, abrégée en Osmeka, est une ancienne entreprise de métallurgie et ferblanterie
qui a commencé vers 1870 à fabriquer des luminaires de signalisation ferroviaire. C'était encore sa vocation après la Seconde Guerre mondiale, quand
elle diffusa de nombreuses lampes à cage, mais aussi cette superbe et massive lampe destinée à la Deutsche Bahn, datée de 1959. Cette base servit à
fournir des lampes à flamme protégée, avec une sortie de bec sur le carburateur, mais celle-ci est une lampe à flamme nue. La construction est extrêmement
soigneuse et robuste, le pointeau est cranté, le porte-bec a une bague de serrage, et le sigle DB vient de fonderie sur le réservoir, entièrement en
laiton, et sur le carburateur. |
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Au Royaume-Uni, une grande variété de lampes à carbure. Entre autres, ci-après une Cremer de 1915, de The Cremer Lamp & Eng(ineering)
C° Ltd Leeds. Une patte avec un trou permet de l'accrocher au mur, et le pointeau est à quart de tour. |
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Chez Premier, une Crestella à fermeture par excentrique de la Premier Lamp & Engineering C° Ltd Leeds. La proximité de
l'usine et de la dénomination avec Cremer n'est pas une coïncidence. Premier, fondée la même année que Cremer en 1913, s'y associa six ans
après. L'écusson porte une petite chouette emblématique.
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Ci-contre, il s'agit d'une lampe Premier de chapeau longtemps fabriquée sur le même modèle que les innombrables petites
américaines au chapeau. Ce modèle tardif était muni d'une assise de plastique noir. Vendue plusieurs années au Vieux Campeur, celle-ci est
d'ailleurs la dernière du stock de cette honorable boutique, achetée vers 1995.
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En 1916 William Maurice racheta à l'entreprise allemande Friemann + Wolf l'établissement secondaire qu'elle avait fondé à Leeds en Angleterre à la fin du
XIXe Comme sur de nombreuses lampes de cette forme où l'emboîtement du réservoir d'eau sur le carburateur est assez serré, les branches de l'étrier de verrouillage sont terminées par un rebord plié et, pivotant autour de leur axe, font levier de façon à décoller facilement le réservoir. |
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Cette
étrange lampe Powell & Hanmer est un exemple de réutilisation de fortune d'un phare de moto anglais à acétylène. L'ensemble complet comprend
un support sur le guidon et, de part et d'autre, le générateur ci-contre et un projecteur. Le serrage du carburateur se fait par un étrier inférieur
bloqué par une vis en dessous à large tête moletée. Le projecteur a disparu et un précédent possesseur a transformé le générateur en lampe à main en
remplaçant l'olive où était enfiché le tuyau par un support de bec assez kitsch, et en ajoutant une poignée en fil de fer juste tordu. Est-ce pour
autant qu'un tel engin hétérodoxe doit être rejeté d'une collection ? Je ne le pense pas. |
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Une
curiosité, que les lampes à acétylène JK Dey & Sons. Pas pour leur conception ni pour leurs performances, car elles sont extrêmement
classiques, mais parce que cette entreprise de Calcutta est à ma connaissance l'un des derniers fabricants, sinon le dernier, de lampes à
carbure. Il y a plusieurs modèles, dont certains en laiton et les autres, comme ceux-ci, en acier galvanisé, toutes à fermeture à vis. A gauche
c'est un modèle à main, n° 104B, à droite une lampe au chapeau (cap lamp) comme les innombrables petites américaines.
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La fabrication est correcte, bien que sur le modèle 104B l'écrou de fixation du réflecteur soit assez artisanal. En revanche, un bon point
pour le tracé du réflecteur, qui procure à la fois un champ large et un faisceau central plus étroit et de plus longue portée. Le réglage du
goutte-à-goutte est délicat mais, une fois fait, la distribution de l'eau est régulière. Les becs sont à vis, de type américain. |
Dédions un chapitre particulier aux lampes à acétylène automatiques. Leur particularité est de n'avoir ni pointeau au réglage parfois délicat,
ni joint pouvant fuir. Ci-après quelques-unes sont exposées, toutes marques et provenance confondues. Le principe de fonctionnement est simple : un panier contenant du carbure de calcium est juste plongé dans un réservoir d'eau, qui passant par des trous ou des interstices déborde par-dessus le panier, attaque le carbure et produit de l'acétylène. Une partie s'échappe par le tuyau de gaz et sort par le bec où elle brûle ; la part qui ne peut s'échapper, dont la pression augmente de plus en plus, appuie sur la surface libre de l'eau et la refoule en dessous du bord du panier, ce qui fait que, chassée du carburateur, elle n'attaque plus le carbure. Le gaz continuant de s'échapper par le bec, la pression redescend, un peu d'eau remonte et attaque le carbure, la production ainsi que la pression de gaz augmentent de nouveau et le cycle de régulation recommence. Il y a donc une complète automaticité, on n'a plus à s'inquiéter du pointeau, le bec débite à sa valeur nominale, il ne charbonne plus (au moins pour cause de mauvais réglage), et enfin la masse d'eau enveloppant le carbure attaqué le refroidit, ce qui le met dans de bonnes conditions chimiques de décomposition. En fait, malgré la simplicité théorique du fonctionnement, les premières lampes automatiques, qui se sont développées concomitamment aux lampes à pointeau, étaient assez compliquées, les concepteurs multipliant les sécurités en cas de surpression, comme s'ils mettaient en doute la théorie même qu'ils professaient. De plus, comme dans la configuration la plus simple elles avaient le désavantage de devoir produire du gaz jusqu'à épuisement soit du carbure soit de l'eau, ils ajoutaient ou bien un robinet interrompant l'arrivée d'eau (ce qui supposait un double réservoir d'eau), ou bien un robinet fermant le départ du gaz (pour maintenir la contrepression). Ou bien carrément les deux. Dans les années suivantes on a supprimé tous ces robinets, pointeaux, tuyaux et contre-tuyaux pour en arriver à une enveloppe, une cloche et un panier. Un point c'est tout. L'une des plus anciennes est cette Friemann + Wolf (Friwo) 1904. Ce remarquable appareil d'éclairage aurait été essayé dans des mines de fer lorraines, allemandes à l'époque comme chacun sait, et a donné naissance à quelques rares lampes à flamme protégée construites sur le même principe.
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Préludant à la constitution simplifiée des lampes automatiques postérieures, celle-ci comporte quand même un réservoir d'eau supérieur. Mais ce réservoir
communique par de nombreuses perforations périphériques avec l'espace annulaire entre l'enveloppe inférieure et le carburateur interne. Il faut donc,
après avoir déposé l'enveloppe en manœuvrant la fermeture à excentrique, désolidariser par dévissage le carburateur du réservoir d'eau, le remplir de
carbure, le revisser (il y a un joint, ce qui est exceptionnel sur les lampes à contrepression), raccorder enveloppe extérieure et réservoir d'eau et les
verrouiller par l'excentrique et enfin remplir celui-ci jusqu'à débordement, ce qui signifie que l'eau a envahi l'espace annulaire inférieur. Elle remonte
dans le carburateur par un tube couvert à l'origine d'un manchon de toile dont on se passe d'ailleurs très bien pour un usage intermittent, attaque
le carbure qui fournit du gaz, et le cycle de régulation devient le même que sur les autres lampes du même principe. Il est certain que, l'eau remontant
par un tube central perforé au contact du carbure, la chaux de décomposition avait toutes les chances de colmater les trous, d'où l'intérêt de la chaussette
de toile qu'il fallait nettoyer à chaque remplissage et remplacer souvent. Cette contrainte n'a pas favorisé l'adoption de la lampe, dont à part ça la
construction est extrêmement soignée : carburateur tourné, usinage précis, soudures bien finies.
Sur mon exemplaire, le réflecteur n'est pas d'origine.
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Ci-dessus, la lampe désassemblée. De gauche à droite, le corps, recevant l'eau depuis le réservoir supérieur ; le panier carburateur où se fait l'attaque
du carbure par l'eau remontant dans la cheminée inférieure centrale ; le couvre-carbure à ressort pour empêcher la chaux foisonnante de boucher la
sortie de gaz, enfin le réservoir supérieur où se visse le carburateur, percé sur sa circonférence de communications de façon à remplir d'eau le corps
de la lampe. Ci-dessous, une Friwo 1904 éclairant le profil altier de ce joyeux luron de Séré de Rivières. |
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Ci-après, une
autre curiosité que cette lampe qui à l'origine a été inventée par l'officier de santé André Ponzevera (né le 25 novembre 1860 à Bastia) pour
rechercher nuitamment les blessés sur le champ de bataille. Le premier modèle, carrément introuvable et où la régulation d'eau se faisait par
l'élévation, commandée par une ficelle, d'un tuyau d'eau en caoutchouc, remonte à 1904, le second, beaucoup plus répandu, à 1912. En fait cette année
a vu apparaître deux brevets. Le modèle correspondant à celui de juillet est soit introuvable, soit jamais construit. Celui qui a été mis en construction,
dont on a doté les magasins des services de santé, et qu'on trouve encore de nos jours, est le modèle du brevet délivré en décembre. Il se compose
normalement du générateur (c'est lui qui est vendu généralement sous le nom de lampe Ponzevera) et du boîtier photophore amovible constitué d'une
enceinte close comportant le réflecteur, le fumivore, un volet d'occultation avec verrou et contrepoids (pouvant soit occulter la lumière soit la
dévier vers le sol) et une charnière permettant de basculer le boîtier pour dégager le brûleur. Le résultat aboutissait à un bazar lourd et encombrant
qu'on empêchait d'éclairer pour ne pas être la cible des tireurs ennemis. |
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On s'est rapidement rendu compte que si on voulait absolument rechercher des blessés pendant la nuit une lanterne à bougie était bien suffisante,
bien plus légère, et aisément occultable. Du coup, la majorité des encombrants photophores ont disparu, et ceux qu'on trouve aujourd'hui sont souvent
en piteux état. En revanche, le générateur reste tout à fait utilisable, agrémenté ou non d'un réflecteur de fortune. Sur la photo ci-dessous prise
en 1915 au Val-de-Grâce on voit dans le magasin du service de santé des armées les générateurs des lanternes Ponzevera mod. 1912 entreposés. Quant
aux photophores, c'est peut-être les objets inidentifiables empilés à proximité. En effet l'article mentionne bien les « lanternes à
éclipse ». Parallèlement, un modèle plus gros de générateur relié à un ou des brûleurs disposés sur une suspension permettait d'éclairer une petite salle d'intervention sanitaire. |
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Poids mis à part, ce luminaire automatique est extrêmement agréable et fort puissant. La production de gaz s'adapte sans intervention ni réglage
à tous les débits de bec, et la mise en œuvre est très rapide : on enlève la cloche, on déverrouille le panier, qu'on remplit raisonnablement de
carbure et qu'on reverrouille sur la cloche, on remplit l'enveloppe d'eau et on plonge la cloche dans l'enveloppe. La production est immédiate. L'exemplaire ici photographié dans une carrière souterraine de la vallée du Cher est équipé d'un réflecteur de fortune et d'un bec double Fuji de 28 litres. Pour éclairer, ça éclaire. |
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Ci-après, deux mignonnes petites lampes domestiques à contact. La première est une Hubert Joris en forme de bougeoir, selon un brevet
de 1919. Un point intéressant est qu'elle est marquée « Hubert JORIS - Paris », ce qui correspond à l'époque où Hubert Joris
s'était replié dans son établissement français, à Bagnolet, jusqu'en 1920. L'enveloppe en forme de bougeoir contient l'eau, la « bougie
» centrale le panier de carbure. Quant au bec, c'est initialement un 3 litres. L'extinction par arrêt du dégagement de gaz est simple et
astucieuse : en soulevant le bougeoir et en le tournant à 45 degrés de la position normale, on le pose sur le support au moyen des quatre barres
rondes de laiton et on maintient ainsi le panier hors de l'eau. |
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La seconde, à droite, est un modèle plus récent des établissements Albert Butin, entièrement en aluminium, référencé EAB 81.
Il remonte probablement à la Seconde Guerre mondiale et était adapté aux situations de pénurie en carbure de calcium (débit du bec :
3,5 litres, les 30 grammes de carbure assurant environ une heure et demie d'éclairage). La lampe était livrée soit nue, soit avec
divers types de globe protégeant la flamme. On l'appelle aussi parfois lampe de restriction. |
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Ci-après,
une curieuse lampe de vélo à contrepression, le modèle Idol des établissements Brimbal Aîné à Châteauroux. Le réflecteur ne possède pas
de verre, mais au vu des essais la flamme résiste plutôt bien à un vent même déjà frais. Il s'agit d'un modèle entre plusieurs, sa constitution
organique ayant inspiré divers constructeurs qui commercialisaient aussi leurs productions similaires sous le nom de lampes de chasse. |
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Le panier à carbure de l'exemplaire présenté était pratiquement collé à la cloche. Il a fallu l'extraire de façon destructive, puis le
remplacer par une mini-canette de soda recouverte d'un clinquant de cuivre pour en augmenter le diamètre de façon à assurer le maintien dans la
cloche par frottement doux. En effet, au contraire des autres lampes à contrepression où le panier est assujetti à la cloche par des tétons se
verrouillant dans des encoches, sur l'Idol il y est enfoncé légèrement à force. |
Ci-dessous : offert par M. Ara, cet engin, où la recherche d'élégance et les ornements décoratifs sont totalement négligés, est probablement une lampe
d'atelier, l'emplacement élevé du bec confortant cette hypothèse. Elle n'a pas de marque connue, hormis, sur le corps intérieur, le sigle ISA.
Le conduit de communication entre l'eau contenue dans l'enveloppe et le carbure contenu dans la cuve a une section étonnamment grande, mais la
pression de gaz est de toute façon suffisante pour la refouler et il n'est point besoin d'une section laminaire. |
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Le souci
d'abriter la source lumineuse des intempéries et des courants d'air est aussi ancien que la technologie le permettait, particulièrement la mise en
œuvre de matières transparentes. Encore dans le courant du siècle dernier, un verre brisé sur une lampe de carrière, en l'occurrence une barissabe
de pseuge de l'est parisien, était parfois remplacé sur les lieux mêmes par une feuille d'une macle de gypse fer de lance récoltée dans les marnes
au-dessus de la deuxième masse. Les cages ont hébergé des chandelles, des bougies, des lampes à huile, à pétrole, à acétylène. et se sont répandues dans les transports de toute sorte, les maisons, les armées, les institutions. On constate une grande variété de fixation de la lampe dans la cage : elle est parfois suspendue à la cage ou à une porte, parfois elle coulisse sur une glissière horizontale ou verticale, la flamme peut être réglée ou non de l'extérieur. Sur certains modèles, militaires en particulier, la source de lumière est interchangeable : bougie, pétrole, acétylène. Enfin, dans des desseins de signalisation, des écrans lumineux modifient la couleur de la lumière, certains écrans opaques, même, transformant l'engin en lanterne sourde. Ci-dessous une lanterne à pétrole de la compagnie de l'Etat, attachée à la gare de Puteaux. La cage vient des établissements Albert Butin, le réservoir des ateliers Baysselance & Munié, ferblanterie industrielle, et le brûleur de chez Ouvrard. On doit ouvrir la cage pour régler la mèche. |
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Les transports
ferroviaires, de quelque pays qu'ils fussent, ont donné naissance à des types de lampes à main bien spécifiques et plus volumineux destinés à la
signalisation manuelle, parfois extrêmement complexes. En effet une seule lampe devait pouvoir, dans des mains expertes, donner le départ, imposer
l'arrêt ou le ralentissement, sans compter leur emploi trivial de montrer à l'agent où il marchait. Elles possédaient donc des écrans pivotants bleus,
rouges, verts, orange selon les règlements et les époques, qu'on rabattait sur la vitre avant. Le résultat est une variété innombrable de lanternes, habituellement belles et bien faites, parfois compliquées mais toujours séduisantes. Chaque compagnie avait ses propres dessins, qui en France furent unifiés après la création de la SNCF en 1938. Je recommande la lecture de l'article signé Daniel Juge et Dominique Paris dans Historail n° 15, ainsi que la consultation de divers sites comme celui, en espagnol, de Juan Manuel Lopez Vallina. |
Commençons par cette lanterne ferroviaire allemande à acétylène d'un type normalisé très répandu destiné aux chemins de fer prussiens et fabriqué
par la majorité des constructeurs de lampes, qui a perduré jusqu'aux années 50. Celle-ci ne porte pas de marque apparente mais au dos, précisément,
on lit KED Cöln, KED signifiant Königliche Eisenbahndirektion (direction royale des chemins de fer) ; quant à l'orthographe Cöln
au lieu de Köln, elle a été abandonnée en janvier 1919 par le gouvernement provincial de Westphalie, puis par la Prusse et le reste de l'Allemagne
en avril de la même année. Donc cette Eisenbahnlaterne prussienne est datable entre 1912 (adoption du dessin normalisé) et 1918. Elle possède ses deux verres latéraux, celui de couleur verte étant occultable par un volet (ici ouvert), et le luminaire s'introduit par la porte arrière où il s'accroche. |
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Dans la
famille des lanternes ferroviaires, cette Epervier & Gillet française, en fer-blanc, où là aussi le générateur s'accroche à la porte arrière.
Les verres, qui sont teintés des couleurs réglementaires, sont interchangeables par coulissement mais il n'y a pas d'écran coloré supplémentaire sur
charnières.
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Remontons
le temps de quelques décennies pour examiner le bizarre luminaire figuré ci-dessous, bardé d'excroissances intrigantes. Malheureusement, sans être vraiment une
épave, il a souffert. Peut-être en tombant d'un toit de voiture en même temps que son utilisateur ? En effet, il s'agit d'une lanterne d'allumeur :
dans les dernières années du XIXe siècle un employé équilibriste parcourait le toit des voitures pour extraire par l'extérieur les lampes éclairant
les compartiments, brûlant généralement de l'huile de colza, et les allumait au moyen d'une taupette qui leur communiquait la flamme, elle-même prise sur le
brûleur principal à travers un volet coulissant.
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Cette lanterne
Ouvrard & Villars (qui fournissait aussi des lanternes et feux pour la navigation) utilisée par la compagnie du Nord est le n° E627,
fonctionnant à l'huile (le brûleur en place n'est pas celui d'origine). Le fabricant a juste proposé un ensemble de transformation consistant en
deux plaques de fer remplaçant les vitres latérales. L'une comporte une petite boîte à allumettes, l'autre un réservoir de combustible surmonté d'un
entonnoir recevant la taupette. |
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Ci-après,
plusieurs lanternes françaises de signalisation manuelle de l'époque SNCF, donc postérieures à fin 1937. D'abord deux lanternes à acétylène Butin
dites d'exploitation, modèle 250 à gauche et type unifié à droite, dont la poignée recèle un magasin de becs de rechange. Derrière elle on
aperçoit un grille-pain, dont la particularité, outre qu'il fonctionne (fort bien) en 110 volts, est qu'il est dû à la société Elaul, célèbre en
lychnologie pour avoir fabriqué des lampes de mine à batterie de flatteuse réputation. |
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Ci-dessus,
à gauche une grosse lanterne à carbure type 1300M du catalogue Butin à quatre fenêtres, chacune ayant bien évidemment son écran coloré et amovible...
La compagnie du Nord affectionnait particulièrement ce genre d'engin. Comme le réservoir d'eau ne devait obstruer aucune des fenêtres, il était placé
au-dessus et un tuyau contenant le pointeau conduisait le liquide vers le siège du goutte-à-goutte et de là vers le carburateur. Mais en plus ce réservoir
devait ménager un vide central pour laisser échapper les produits brûlants de la combustion... Bref, un beau travail de ferblanterie. A droite, c'est une simple lanterne d'exploitation SNCF, qui a la rare particularité d'avoir une poignée transversale et non longitudinale. Cette orientation était spécifique au Sud-Ouest (P.O) et possiblement après l'unification de 1938 cette singularité aurait été conservée quelques années sur quelques exemplaires. |
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Ci-contre
et ci-dessous à gauche : la région Etat (à l'ouest de Paris) affectionnait ce type de lanterne à trois feux à cage tournante, selon le brevet Vliment.
La cage habituelle, percée de trois fenêtres munies d'écrans colorés ad libitum, mais ici de forme cubique, pivotait sur 270 degrés entre le carburateur
et un flasque supérieur. Chaque position était verrouillée par un levier situé sur la face arrière. Il n'y a pas de porte d'accès, pour l'allumage il faut
soulever la vitre avant. Plutôt qu'un carburateur dévissable, le concepteur a préféré procéder au chargement en carbure et au déchaulage au travers d'une trappe obturée par un bouchon vissant. Il faut absolument bien nettoyer le réservoir sous peine de laisser des dépôts qui ne demandent qu'à durcir. D'autre part, cette construction ne facilite pas le nettoyage ou la réparation du siège de pointeau. |
Ci-dessous, sur le flasque supérieur on distingue les deux vis à tête sphérique qui l'assujettissent au carburateur par l'intermédiaire de tirants (on distingue
le tirant proximal à travers la vitre), le bouchon d'eau et le pointeau à tête crantée. La photo a été prise après rotation de la cage de 90 degrés vers la droite.
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Un bel exemple
de travail soigné est donné par les lanternes d'abri, dites aussi de mécanicien ou de niveau : installées dans l'abri de la locomotive à vapeur, elles
éclairaient les commandes et particulièrement le niveau d'eau de la chaudière. Ci-dessous, une Poyard à acétylène de l'époque SNCF. Une douille
arrière permet son accrochage sur la paroi de l'abri, mais aussi en cas de nécessité sa fixation comme feu arrière du tender ou du convoi. On verrouille
alors un écran rouge sur la face principale. Il n'y a pas de carburateur démontable, mais un couvercle vissant latéral dégageant l'orifice de remplissage
du carbure. Le nettoyage devait être fait soigneusement et dès le déchaulage pour éviter absolument la prise en masse de la chaux dans un espace aux recoins
difficilement accessibles. Sous la vitre avant, un tube reçoit des becs de rechange. |
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Dans les années
50 et 60, soucieuse de profiter des bienfaits de l'électricité et de ses avantages au point de vue nettoyage et approvisionnement, la SNCF commença une
électrification de ses éclairages à main. Dans un premier temps, parallèlement aux commandes de luminaires dessinés sur mesure, au lieu de jeter les
lampes à cage existantes, ses ateliers les transformèrent pour piles et ampoules, telle cette ancienne Butin électrifiée : |
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Les vitres
latérales ont été obturées par le logement de la pile 6 volts prenant la place du réservoir d'eau. Ces vitres ne servaient plus à rien, d'ailleurs, l'ampoule
et son réflecteur n'éclairant que vers l'avant. L'écran rouge a bien sûr été maintenu. Cet exemplaire vient du dépôt de Frescaty (inscription frappée sur
la porte arrière), et une autre plaque a ensuite été soudée : « Laurent - Nancy ». |
Les sémaphores
et signaux de voie, sur poteaux, étaient éclairés avant l'électrification par des lampes à flamme. Ainsi (ci-dessous), cette lanterne de sémaphore
belge, fabriquée par Lempereur & Bernard, est munie d'un réservoir de pétrole de grande contenance alimenté par un petit orifice de remplissage
visible à droite. La longue tige de la molette permet de régler la mèche depuis l'extérieur, sans l'ouvrir (opération cependant nécessaire pour l'allumage,
en basculant tout le corps supérieur). |
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Sans quitter
la Belgique, une lanterne de visiteur d'un dessin réglementaire. Joris a fourni la même sous le numéro 1154 de son catalogue, mais Arras aussi,
sous le numéro 1054. Celle-ci a été achetée près de Namur, mais ne comporte aucune identification. Il s'agit d'une simple lampe à cage, avec carburateur
par-dessous, munie d'un écran bleu. En bon état général, elle n'a eu besoin que d'un joint neuf, refait en cuir. |
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Les lanternes
ferroviaires à flamme protégée originaires des Etats-Unis ont un style bien à elles. Ci-après, deux modèles à pétrole Dietz Vesta (type 39
et type lowtop) et sur la ligne suivante une Rayo 39 à pétrole et une Oxweld 2155 à acétylène sur un brevet remontant environ à 1927.
Cette dernière, malgré son apparence massive, est seulement une lampe américaine de mine, avec les faibles capacités en carbure et en eau qui caractérisent
les engins de ce type, montée sur un socle stabilisateur et dotée d'un réflecteur sous verre. Cette faible capacité s'explique par son utilisation, car elle était destinée
aux inspecteurs et vérificateurs de matériel roulant, et pas à une signalisation de longue durée. |
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La marque britannique Premier, déjà rencontrée plus haut, fabriqua aussi des lampes à flamme protégée, en particulier pour les chemins de fer.
Ci-dessous cette Crestella à fermeture par vis de pression était destinée aux chemins de fer sud-africains (pour éclairer les laborieuses
populations du Cap) comme le fait savoir l'inscription SAR SAS, abrégé de la dénomination bilingue South african railways et Suid
Afrikaanse Spoorweë. |
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Le dispositif consistant à colorer la lumière grâce à des écrans montés sur un pot tournant remonte aux premières années des lanternes à pétrole, et auparavant à bougie,
et engendra un grand nombre de luminaires de ce type pratiquement dans tous les pays où il y avait un chemin de fer. Un modèle qu'on trouve assez souvent en Europe occidentale
est cette lanterne anglaise, livrée par divers constructeurs. Ci-dessous à gauche une Eastgate & Son à trois couleurs de 1944, et à droite une belge Distrimétal,
à Malines, de 1952, très proche, et toutes deux munies de brûleurs d'origine anglaise. Trois ouvertures circulaires, dont deux sont garnies d'un écran de couleur (rouge et vert), sont pratiquées à 120 degrés à la périphérie d'un cylindre rotatif qu'un verrou peut maintenir dans la position choisie. Bien que d'origine ferroviaire, ces lanternes à pétrole ont été de fait utilisées pour baliser les trajets dans tous les types de transports (militaires, comme en font foi sur l'une le Broad arrow, la marque en forme de flèche ornant la plaque de constructeur, et sur l'autre le sigle ABL, Armée belge-belgisch Leger). Même si leur ressemblance est frappante, les cotes sont différentes, les usines de part et d'autre de la Manche n'utilisant pas de toute manière le même système de mesure, aussi à part le cache aucune pièce n'est interchangeable. Si les verres de couleur sont cassés, rien de plus simple que de les remplacer par de la feuille acrylique mise en forme à chaud. |
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Ci-dessus : sur
les deux lanternes s'adapte un cache encliquetable et évidé en forme de flèche – dont le cousinage avec le Broad arrow n'est sûrement pas
fortuit – qu'on peut orienter sur 360 degrés. C'est bien la seule pièce s'adaptant aux lanternes des deux marques. Ci-contre, une lanterne Distrimétal démontée. |
Les militaires en campagne ont aussi été des utilisateurs de lampes à cage, comme ces célèbres modèles à acétylène de la Wehrmacht (ci-dessous)
employés pendant la Seconde Guerre mondiale. A gauche l'Einheitslaterne 37 en bakélite, où une marque (ci-contre) venant de moulage indique le fabricant
(code 70 en l'occurrence, c'est-à-dire Bisterfeld und Stolting, entreprise localisée pendant les années de conflit à Gera, en Thuringe) et la matière
(T2 précisant de la bakélite chargée en sciure). Le code trilittère « apr » visible sur d'autres pièces indique le même fabricant. |
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A droite, l'Einheitslaterne 42 qui l'a remplacée, et qui est revenue à la fabrication métal. La couleur de la bakélite n'a pas beaucoup de
variantes, en revanche le modèle 42 était normalement peint en jaune sable (code RAL 1002). Il semble que des exemplaires destinés à la Luftwaffe
aient été peints en noir, comme la lampe ci-dessous. Cet exemplaire, fabriqué par Metall und Spielwarenfabrik Christian Götz und Sohn à Fürth (code ltf) revient de loin : le siège du pointeau, en zamac, qui assure en même temps la liaison entre le réservoir et le carburateur, était cassé, et il a fallu en fabriquer un autre en laiton. Fabriquer signifie tourner, ajuster, tarauder, fileter et roder... |
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Ces deux lampes réglementaires, outre les accessoires comme les écrans d'occultation qu'elles possèdent dans des compartiments, sont
aussi accompagnées de boîtes avec des becs de rechange, des aiguilles de débouchage, des écrans, des verres supplémentaires, des boîtes de
graisse, ainsi que des accessoires permettant de les transformer rapidement en lanternes à bougie (de deux types, soit allongées soit
genre chauffe-plats, dites Hindenburg). Ci-dessus les cages séparées de leur générateur d'acétylène, prêtes à recevoir les sources
lumineuses à bougie, et ci-contre une boîte à accessoires pour la lanterne 37, hélas dépouillée des transformations pour bougies. Ci-après, une Einheitslaterne 37 dans le tunnel du dépôt 1401 à Méry-sur-Oise, qui vers 1944 a dû en voir passer plusieurs... |
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Puisqu'on parle des lanternes militaires allemandes, mentionnons cette Kerzlaterne 37, à bougie comme son nom l'indique, en aluminium, à
verres dépolis, et qui était utilisée en secours dans les casernements de la Luftwaffe. Le fond porte en effet, outre l'aigle de l'armée de l'air,
l'inscription Fl. UV, acronyme de Flieger Unterkunft Verwaltung (administration pour l'hébergement des aviateurs). Une grande partie sortait
de l'entreprise Arthur Hecker Werke. |
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A propos de lanternes à bougie, revenons à la France, en cette même époque, pour contempler cette superbe cage applique d'Albert Butin,
utilisée dans les souterrains du métro en cas de panne d'électricité et sans doute aussi, même dans une variante un peu différente, dans ceux
de la ligne Maginot. Mais sans conteste la lanterne à bougie la plus célèbre dans le militaria français est la lanterne de campement de type Monjardet (celle qui est présentée ici n'a pas de marque). Conçue en 1904 pour un usage de camping, cette lanterne extrêmement pratique car pliante, souvent transportée dans un étui, légère (fer-blanc et verres en mica) a été recommandée par l'armée dès l'année suivante, puis copiée avec des petites variantes par de nombreux ferblantiers qui laissaient ou pas leur nom. Mais à l'origine c'est bien une lanterne civile, dont la fabrication persista loin dans l'entre-deux-guerres. (Documentation due à la courtoisie de Florian Garnier.) |
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Aux USA Charles Stonebridge inventa concomitamment (brevet de 1902 puis 1908 pour les modèles courants, dont celui-ci) une lanterne
de camping pliante avec verres en mica, qui fut aussi adoptée par l'armée américaine, mais à laquelle, sans sentiment exagérément chauviniste,
je reproche une certaine complication et une ergonomie très moyenne. Par exemple, comme elle n'a pas de portière latérale, l'allumage de la
bougie et le nettoyage n'ont rien de facile, au contraire des lanternes françaises. En revanche, les Nord-Américains étant plus conservateurs
et plus traditionnalistes que ne se le figurent les Français, cette lanterne est toujours en fabrication, en vente et en usage. (Là aussi Florian
Garnier est à la source de la documentation.) |
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Pour clore sur les lanternes à bougie, n'oublions pas ce curieux engin, jadis répandu dans les campagnes. Outre leur usage d'éclairer les pas de
leur porteur, comme toute lanterne honnêtement constituée, les dessins lumineux des perforations de leur corps pouvaient, paraît-il, provoquer quelque
effroi chez les renards ou les loups quand on les disposait autour d'enclos à protéger ou de poulaillers. On les appelait donc lanternes à loups,
et elles apparaissent comme telles dans quelques musées de la vie campagnarde. Certains vendeurs les baptisent lanternes de procession. Une vraie lanterne
de procession, celle qui est en tête, est autrement plus travaillée. Mais rien ne s'oppose à ce que les pèlerins brandissent des lanternes à loups, ça
fait joli. Aujourd'hui, dans des processions nocturnes, il n'est pas interdit de se munir de torches chinoises à leds. Ce ne sont pas pour autant des
torches de procession. On n'en trouve plus tellement, du fait de leur fabrication assez bon marché elles résistaient mal aux chocs et à l'oxydation. Celle-ci comporte une douille permettant de l'engager sur une perche. |
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Revenons
aux lanternes militaires à acétylène, pour en présenter une venant de Suisse. Il s'agit d'une lanterne de signaleur Decker, firme établie
à Neuchâtel et qui fabriquait dans les années 20 des « phares et cornets ». Dans sa version complète, elle possède un
écran orange marqué T indiquant le poste de télégraphie, ainsi qu'un boîtier enfichable devant la vitre et où une manette latérale découvre la
lumière, ce qui permet une transmission en morse. Le télégraphiste étant susceptible d'avoir le visage très près de la lanterne, le fumivore est couvert d'une plaque de feutre isolant. |
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Ci-dessus,
la lanterne démontée. On distingue la bougie de secours dans son étui latéral, le porte-bec déposé, mais aussi l'inhabituel dispositif de
fermeture du carburateur dont le couvercle se verrouille par deux boulons, ce qui nécessite une clé. Ci-dessous, à droite, après dépose du porte-bec, adaptation de la bougie de secours. On remarque que, au contraire des lanternes militaires allemandes, la cage n'est pas verrouillée sur le générateur de lumière et peut être enlevée par simple traction. |
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Parmi les lampes à cage à destination militaire, on se doit de mentionner cet objet à système, fonctionnant au pétrole et abondamment pourvu de volets
dirigeant la lumière ou l'occultant complètement, de pochoirs en forme de flèches, d'écrans amovibles (vert et rouge). D'origine anglo-saxonne (Etats-Unis
et Grande-Bretagne) durant la Seconde Guerre mondiale, cette lanterne de balisage fut ensuite adoptée par les pays adhérant à l'OTAN où elle resta
en dotation jusqu'aux années 1970 sinon 1980. La fonction initiale était, par l'illumination de flèches directionnelles, de diriger la circulation de convois
de véhicules depuis et vers les barges de débarquement, et ultérieurement, même si cet usage était abandonné, de continuer à baliser de nuit des cheminements
quels qu'ils fussent. L'exemplaire représenté ci-après, acheté en Belgique, même s'il ne porte aucune marque de fabrique, a un brûleur dont la molette est étampée du dessin d'un constructeur allemand des environs de Hambourg, Meyer + Niss. Ou en tout cas d'un dessin fortement similaire. |
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Parallèlement aux lampes à cage se rencontrent les lampes tempête, à huile, à pétrole ou à acétylène, dont la flamme est toujours protégée et
qui, sauf installation d'un réflecteur, diffuse à 360 degrés. Dans le cas des lampes à pétrole, elles sont généralement encadrées d'une armature supportant le fumivore, la poignée, parfois le verre suspendu et non plus posé. Les branches de cette armature sont creuses et l'air d'alimentation de la flamme y circule. C'est là que gît la différence entre les plus anciennes et les plus récentes : dans le premier cas (lampes à recirculation d'air, Mischluft, hot blast), une fraction des produits de combustion se mélange à l'air frais, ce qui le réchauffe ; dans le second cas (lampes à air frais, Frischluft, cold blast) la totalité des gaz brûlés est évacuée, la flamme n'étant plus alimentée que par de l'air frais, que le voisinage avec le globe réchauffe néanmoins quelque peu. Le rendement lumineux est meilleur. |
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La lampe Stübgen 2850, décorée d'une chauve-souris sur le globe et sur le réservoir, fait partie de la nombreuse troupe des marques et
modèles à recirculation diffusés depuis bien avant 1900 jusqu'aux années 1940. Outre les dizaines de milliers d'habitations qui les
employaient quatidiennement, elles illuminaient de leur lueur jaune abris souterrains et carrières pendant la Grande Guerre, comme celle qui est
mise ci-dessous en situation dans une carrière souterraine près de Laon. |
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Chez Feuerhand la 276 Baby a été l'une des plus produites, et la seule encore en fabrication. Le modèle estampillé Superflam
était destiné à l'exportation en France. |
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Grâce à son réservoir de 1,2 litre, la Feuerhand 276STK-70 répandue dans les années 1955-1980 éclairait pendant près de trois jours les
travaux routiers qu'elle signalait. Une cuirasse appelée Sturmkappe, coiffant le haut de la lampe, offre une protection supplémentaire
contre un vent un peu fort, selon le principe adopté sur plusieurs lampes de mine de sûreté. On la trouve en rouge ou en jaune, avec un verre
de la même couleur – ou transparent, comme ici.
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Après avoir déposé en 1921 un brevet de lampe tempête (à recirculation), Adrien et Louis Guillouard la mirent en fabrication mais leur
activité essentielle était les appareils de cuisine ou de ménage (presse-purée, économiseurs, seaux, arrosoirs, hachoirs, etc.), avec toutefois
en 1940 une parenthèse martiale puisqu'ils déposèrent un brevet de mine antipersonnel ou antichar selon la façon de l'armer (on est toujours
dans les hachoirs à viande). Après la guerre, poursuivant jusqu'à aujourd'hui ses activités avec des hauts et des bas, la société Guillouard
construisit deux modèles de lampes tempête à circulation d'air froid toujours en fabrication, Luciole et Marine, différenciées,
en dehors de toute inscription, par la forme du réservoir et par la taille, le modèle Marine (équipé parfois d'une grille antivent sur l'alimentation
d'air) étant un peu plus grand que la Luciole, contrairement à ce que les photos infra peuvent laisser penser. La marque
A.L. Guillouard est frappée sur le réservoir sous la forme des trois lettres ALG dans un cercle. La Guillouard Marine a été utilisée en signalisation ferroviaire : munie d'un cache, elle servait à la protection d'urgence des passages à niveau. Grâce au cache, la lumière rouge n'est pas vue par les mécaniciens des trains mais reste visible des usagers de la route. |
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La Société industrielle de ferblanterie abrégée en SIF est une ancienne entreprise, fondée en 1888, qui aujourd'hui se consacre aux
articles pour la pâtisserie. A l'époque elle fabriquait aussi des jouets en fer-blanc, puis en 1909 racheta sa concurrente Jouets de Paris
et continua ses fabrications, les développa, s'agrandit, et devint la plus importante usine de jouets française sous le logo bien connu
JEP. Parallèlement la SIF poursuivait sous son nom la fabrication d'articles ménagers et de lampes tempête à pétrole. Dans l'entre-deux-guerres il y eut des modèles à recirculation d'air, sans originalité particulière, mais en 1949 la SIF déposa un brevet de lampe tempête où l'élévation du globe se faisait non par un levier pressant de bas en haut sur le plateau porte-globe (il est bien visible, à côté et en bas du globe, sur les photos des diverses lampes tempête ci-dessus), mais par le mouvement de la poignée de la lampe qui soulevait le globe par le haut. Le premier système un peu compliqué fut remplacé par un second, plus simple, décrit dans le brevet de 1950 et appliqué aux lampes de la marque Royalux. |
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Quand la poignée est verticale, elle sert à transporter la lampe. Quand elle se rabat d'elle-même du côté du bouchon de remplissage, rien ne
se passe, le globe reste abaissé. Quand l'utilisateur exerce un effort pour la rabattre de l'autre côté, elle soulève le globe en l'agrippant par
des feuillures qu'il porte en sa partie supérieure et la lampe est en position d'allumage. Ce dispositif allège le dessin, le rend fluide et
dépouillé, et fait de cette lampe une des plus élégantes de sa catégorie. En plus, la régularité de sa flamme est exemplaire. |
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Restons dans les ouvertures de globe originales avec un type de lampe tempête de la marque Helvetia originaire des établissements Egloff & Cie
sis à Turgi, en Suisse allemande. Divers modèles de cette marque ont été adoptés par l'armée helvétique, tout en continuant d'être diffusés dans
le monde civil, ce qui est le cas de ce type A912 dépourvu de marquage militaire. Le globe lui-même, d'une forme assez particulière, n'est
toutefois pas exactement le même que celui qu'on y rencontre habituellement. Quant au mécanisme permettant de le lever, il s'agit d'une genouillère
articulée coulissant sur le tube supérieur formant évacuation des produits de combustion et guide du chapeau. |
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Ci-dessus, le marquage sur la molette d'une Helvetia de type 3087, qui avait, elle, une identification militaire. Il s'agit d'un des acronymes de
Wilhelm Egloff. Ci-dessous, le mécanisme de levage du globe : la genouillère en position relâchée (à gauche) correspondant au globe en position basse, et à droite, pivotée de 180 degrés, en position repliée pour remonter le globe par l'intermédiaire de deux tirants coulissant dans des guides, afin d'allumer la mèche. |
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La manufacture d'ustensiles de ménage Valentini et Bonjour, entreprise lyonnaise du début du siècle dernier, devenue Valentini-Génin au début des années 20,
a fabriqué en plus de divers articles d'éclairage des lampes tempête à pétrole assez atypiques. Par exemple, sur l'un des modèles, pas (encore) dans ma collection,
des ouvertures dans les bras permettaient d'y faire circuler un long écouvillon de ramonage. Mais si cette amélioration n'existe pas sur le modèle La Bretonne
photographié ci-après, en revanche il lui est ajouté un levier contourné en forme de sinusoïde qui, mis en fonction, retient horizontalement la poignée de maintien
dont la longueur, minutieusement calculée, lui fait jouer le rôle d'entretoise, disposant donc la lampe parallèlement à la paroi pour la faire travailler dans les
meilleures conditions possibles. Pourquoi La Bretonne ? Serait-ce une allusion aux marins bretons qui savent se maintenir tout droits sur leur bâtiment bousculé par
la pire tempête ? |
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Cette vue de
dessus montre les différentes manettes de la lampe : les tirettes symétriques de montée du globe pour l'allumage, le poussoir, au milieu, de bascule et retrait
du globe, enfin à droite le levier en sinusoïde de maintien de la poignée à 90 degrés pour l'accrochage le long d'une paroi, objet du brevet 592.229 délivré le
25 avril 1925, et dont la forme est destinée à servir de ressort d'amortissement de secousses. |
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La marque ADA d'Alphonse Daveluy, déjà vue, a aussi commercialisé sous la marque Valdor cette petite lampe tempête, dite
« lampette » sur son catalogue, dans deux exécutions, à pétrole (ci-contre et ci-dessous) et à acétylène. Le réflecteur qui la
surmonte est un accessoire vendu séparément. Elle n'a pas de système sophistiqué d'alimentation d'air, et la fixation du globe est très simple, par
moulage de deux pas de vis, l'un en haut pour s'accrocher au fumivore, l'autre en bas pour accrocher le réservoir.
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Une jolie petite lampe portative à pétrole et à mèche ronde des années 20, l'Astra Soleil, se caractérisait par une cheminée en trois parties :
l'air venant de l'alimentation inférieure était accéléré par un verre tronconique qui se prolongeait par une cheminée cylindrique, de verre
également, protégeant la flamme, surmontée d'une autre cheminée en tôle. Malgré le très bon tirage dont elle bénéficiait, le surnom de Soleil
est un peu usurpé. Ce petit modèle n° 1 est plutôt une trotteuse, alors que la marque fabriquait aussi des vraies lampes de table. Pourtant,
ce modèle portable a aussi existé en des tailles plus grandes, y compris pour être installé dans des fanaux de locomotive. |
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A la fin des années 50, la société belge Nicoln que nous avons déjà rencontrée, émanation de la SEMOI, fabriqua sous licence Rhewum
(Rheinische Werkzeug und Maschinenfabrik) une lampe à pétrole à éclats selon le brevet de Paul Brüninghaus qui pendant des décennies signala
pendant la nuit la majorité des chantiers routiers de l'Europe occidentale. Logée dans un boîtier étanche au vent et un peu à la pluie, une lampe
à pétrole simple est munie d'un brûleur spécial : celles des vapeurs de pétrole apportées par la mèche qui ne brûlent pas se concentrent dans une
chambre annulaire où elle se mêlent à un flux d'air. Quand périodiquement le mélange devient combustible, il s'enflamme sous la forme d'une petite
boule de feu qui provoque l'éclat, à une fréquence qu'on peut plus ou moins ajuster en réglant la hauteur de la mèche. Cet exemplaire était
commercialisé par la grande quincaillerie Ardor. |
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Quant aux lampes tempête à acétylène, la première sorte comporte des lampes à feu nu juste surmontées d'une cheminée, installée elle-même dans
une cage cylindrique comme les lampes de mine à tamis. Mais ce ne sont pas des lampes à tamis. Elles n'en ont pas et sont utilisables exclusivement en
atmosphère non explosive. Le rôle du globe étant de protéger la flamme des courants d'air trop violents, ce ne sont pas des lampes de sûreté : c'est
sans hésiter que la flamme se transmet à un gaz combustible environnant la lampe. Deux très beaux exemples de lampes à acétylène sont offerts par Arras, avec les lampes dites de Carmaux utilisées pendant près de cinquante ans dans les houillères de cette région, dont les veines étaient réputées exemptes de grisou. L'accident de 1965 était d'ailleurs apparemment dû à un coup de poussière, comme à Courrières en 1906. La forme de ces lampes de mine, dont la création est ancienne (1912 en principe) et qu'on voit parfois apparaître sur des photos d'abris ou de sapes pendant la Première Guerre mondiale, est quasi mythique puisque la tour de l'ancienne école des mineurs à Blaye-les-Mines est en forme de lampe AT ou AS (AT en laiton, AS en acier. En béton, je ne connais pas la désignation). Un peu défoncé par les années de dur labeur, mon exemplaire AT (à gauche) est néanmoins complet. En vis-à-vis, une Arras AS en acier. A part le matériau de la cuve et du carburateur, pas de différences hormis quelques variantes de la tête du pointeau ou du bouchon de réservoir. En revanche il a existé des modèles soit plus petits, soit plus hauts avec une galerie recevant deux verres de lampe superposés (les verres provenaient en effet des stocks pour lampes de mine à tamis). Mais je n'en possède pas. |
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MM. Klein et Pujol, cadres aux égouts de Paris, dessinèrent divers appareils pour la maintenance dans les égouts tels que des lampes, des outils, des
bateaux-vannes..., entre autres, au début des années 20, la fameuse lampe à acétylène pour égoutiers, portant évidemment leurs initiales, KP, qu'ils
firent fabriquer par Arras. Comportant un verre et un tamis vertical (simple ou double, selon modèle) et un tamis discoïdal à l'entrée d'air inférieure,
elle pouvait à ce que l'on affirmait être utilisée dans une atmosphère explosive ou au moins à risque pyrogène. Un procès-verbal du laboratoire de l'Ecole
des mines nous apprend qu'elle n'a pas fait exploser un mélange de gaz d'éclairage et d'air animé d'une vitesse de 10 m/s. De même, elle n'a pas transmis le feu à un courant d'air à 6 m/s contenant des vapeurs d'essence, ce qui a été noté par l'Automobile-Club de France. Cela dit, il faut bien rappeler que jamais, malgré les efforts désespérés des constructeurs pour faire homologuer leurs lampes à tamis par les services des mines, les lampes à acétylène même dites de sûreté n'ont été agréées dans les exploitations grisouteuses, à cause de la persistance du dégagement de gaz après extinction accidentelle, rendant extrêmement probable, au prochain rallumage, une mini-explosion projetant un plasma à haute température à travers le tamis, les lampes de mine étant généralement munies au XXe siècle d'un rallumeur. Evidemment, si l'extinction est due à l'épuisement du carbure, c'est autre chose et il ne sert à rien de la rallumer avant de l'avoir regarnie. Sur les lampes KP et similaires, équipées ou non de tamis, qui ne sont pas des lampes de sûreté, il n'y a pas de verrouillage, pas de rallumeur, mais habituellement pas de courants d'air tempestueux (comme dans les mines) dans leur environnement. Elle a tout de même été utilisée dans les houillères, mais pas au fond. Pour revenir à la KP ci-dessous, il s'agit de la variante n° 4 du modèle à verre de 75 mm de haut. Elle n'a qu'un seul tamis et possède un réflecteur, ce qui n'est pas du luxe vu le débit nominal assez faible du bec (7,5 litres). Si la poignée a une position immuable angulairement par rapport à l'axe de la lampe, c'est pour qu'un simple mouvement du poignet puisse l'orienter immédiatement dans n'importe quelle direction. |
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Un second type de lampes tempête à acétylène est constitué d'un générateur à feu nu surmonté d'une armature vitrée ou d'un globe. Ainsi Albert Butin, dans son catalogue de matériel d'éclairage de 1928, fait apparaître ce modèle de lanterne tempête où le générateur dit « type PTT modèle CC » est coiffé d'une cage vitrée à six pans. C'est encore un joli travail de ferblanterie, encore qu'assez fragile et sujet à se fausser si le manipulateur n'est pas suffisament soigneux. Histoire d'appâter le chaland, Butin l'a aussi inséré dans ses catalogues d'éclairages à usage ferroviaire. Les compagnies en ont peut-être acheté. Cet exemplaire, un peu trop brillant pour être honnête, avait en fait le défaut de laisser échapper l'acétylène dans le réservoir d'eau à travers une corrosion perforante du tuyau. Le remède a été de le tuber intérieurement... |
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Comme déjà rappelé, entre 1917 et 1922 Hubert Joris se replia près de Paris, à Bagnolet, rue Etienne-Marcel, où il continua soit la fabrication,
soit l'assemblage, soit les deux, de lampes diverses, à tamis ou à acétylène. Ainsi cette 796, commercialisée en 1912 pour être initialement en
dotation dans les mines de La Mure et de Decazeville (en parallèle avec des productions à peu près semblables d'Arras). De même que les Arras AT ou AS,
c'est une lampe de mine à flamme protégée, mais nullement de sûreté, en tout cas d'une belle fabrication. Le dessin était prévu pour que la lampe
utilisât les verres des lampes de mine à tamis. Contenant 200 grammes de carbure, le bec de 7 litres assurait quelque neuf heures d'éclairage. Sur la
photo, il s'agit d'un bec de 10,5 litres. Le pointeau était coincé, le tuyau de gaz bouché, l'aiguille du pointeau cassée, qui a été ressoudée... La routine... A cela près qu'un tour est indispensable pour forer de façon sûre exactement dans l'axe du pointeau. |
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Toujours chez Joris, revenu à Loncin-lez-Liège, les années 30 apportèrent des lanternes à globe, qu'il soit cylindrique (n° 821 du
catalogue) ou ventru, avec un fumivore un peu différent. La base de ces lampes à carbure est sensiblement la même, la seule variante étant le
métal : le zamac a été employé pendant les années de restriction (probablement par SEMOI, Joris ayant cessé son activité au milieu des années 30),
et même le zinc pour former le support inférieur du globe. On trouve ainsi encore assez souvent (ci-dessous) ces lampes tempête assez peu pratiques
et pour l'allumage et pour le remplissage et pour le réglage du débit, quand encore l'infâme zamac ne s'est pas désagrégé... |
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Au même moment, divers constructeurs en Allemagne fabriquaient des lampes tempête à acétylène pour un usage paramilitaire, comme cette Riemann
fabriquée à Chemnitz destinée au RAD (Reichsarbeitsdienst) (ci-dessous à gauche). Sans doute les fabrications eurent-elles à souffrir au cours
de la guerre de restrictions de matériaux de qualité, mais celle-ci est plutôt satisfaisante (le RAD a été créé en 1933, au moment où l'Allemagne
disposait encore de bons métaux). Ici, la lampe à acétylène classique, estampée RAD, est surmontée d'une armature de lampe tempête à pétrole à recirculation existante (tubes non fonctionnels, globe, chapeau, mécanisme de levage pour l'allumage). Le globe est de provenance Feuerhand, ce qui n'est pas étonnant, les deux usines de Chemnitz et de Beierfeld n'étant séparées que d'une quarantaine de kilomètres. |
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En revanche, ci-dessus à droite cette Fröhlich + Wolter (Frowo) 55 d'après-guerre est quasi identique au type 55 de la même marque à alimentation
par air frais d'avant-guerre, à pétrole. Le réservoir de pétrole, muni d'un pas de vis inférieur, reçoit désormais l'eau et surmonte le carburateur tout
en étant traversé par le pointeau et le tube de gaz aux lieu et place de la mèche. Les tubes de l'armature sont fonctionnels et conduisent une fraction
d'air frais à la base de la flamme. Cette transformation a été faite dans les années 46 à 48 par Frowo, qui
entre-temps s'était retrouvé dans la zone communiste. Le globe de cet exemplaire n'est hélas pas d'origine. |
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Une belle réalisation est cette imposante lampe tempête à acétylène de marque Idéale, fabriquée par Beaudouin & Trilles et vendue dans la
décennie 1910 sous le numéro 46 du catalogue, que la légèreté de son matériau (clinquant de laiton sujet aux criques saisonnières) confine aux usages
domestiques (« bateaux et écuries » dixit le catalogue). Au contraire des
lampes ci-dessus où l'armature est soudée au réservoir d'eau, cette lanterne est constituée d'une simple lampe de table (n° 23 du catalogue) sur laquelle
a été montée une armature de globe fixée par baïonnette. A l'instar de la Riemann du RAD et contrairement à la Frowo précédente, le châssis de la lampe
tempête est celui des lampes à pétrole à recirculation d'air, mais sans que l'air y circule : pour l'allumer, il faut dégager le bec en tirant sur
l'anneau supérieur pour lever le globe et le plateau qui se maintiennent par frottement doux. |
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Une branche florissante des lanternes à cage fut celle des fabrications destinées aux véhicules. D'abord alimentées à l'huile, puis à la bougie, au pétrole,
elles adoptèrent l'acétylène dès que possible. Sur cette branche des lanternes de véhicule, le rameau des lampes de vélo est extrêmement floribond, non
par les architectures, toujours identiques, mais par la variété des formes et des décorations, généralement délicieusement contournées. Un réflecteur sous
vitre, parfois avec un verre loupe, parfois avec un verre plat, parfois avec cabochons (rouge et vert) latéraux, parfois sans, met la flamme à l'abri des coups
de vent et de la pluie, une suspension élastique à parallélogramme maintient souplement la lanterne au guidon et il arrive qu'un raccord conduise du gaz vers
un feu arrière. Il ne s'agit pas des pièces dominantes de ma modeste collection, mais parmi les rares que j'ai celle-ci, de marque Vita, équipe un vélo De Dion-Bouton des années 20. |
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A côté des lampes portatives de mine, de carrière et d'atelier, les lampistes qui fabriquaient déjà des lampes de table à huile, à pétrole ou à
essence se mirent à proposer des lampes à carbure de table, plus ou moins riches, plus ou moins ornées, portables mais non portatives car souvent
encombrantes et de toute façon dépourvues de poignée. On pouvait les poser sur un meuble, mais aussi les loger dans une suspension au plafond d'où
il fallait les extraire pour les garnir et les nettoyer, au contraire des brûleurs à gaz (gaz de ville ou gaz acétylène) en applique ou en suspension
reliées via des canalisations à un générateur central automatique à grand débit muni d'un gazomètre de régulation. L'encombrement de ces
appareils et leur rareté n'en fait pas des objets facilement collectionnables, aussi je vais juste exposer quelques lampes de table. D'abord cette Paul Besson n° 7, déjà sur un catalogue de 1905, hélas dépourvue de son globe. Outre le soleil emblématique de la marque (ce n'est d'ailleurs pas la seule à avoir adopté cet astre...), les deux gravures FER et OUV indiquent d'une façon quelque peu ambiguë dans quel sens on augmente le débit d'eau. Le rétrécissement inférieur du réservoir montre qu'on peut insérer éventuellement la lampe dans une suspension. |
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Ci-contre,
une lampe de table en laiton étamé, aux curieuses proportions (le réservoir d'eau est très petit par rapport au carburateur) et de marque non
identifiée. Le récipent qu'on aprçoit derrière est un bidon de carbure de calcium de la SNCF, étanche comme il est souhaitable. |
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En Belgique, le grand lampiste Lempereur & Bernard, connu pour ses productions de luminaires de table à pétrole, a construit entre moult
modèles à acétylène cette lampe (ci-dessous et ci-contre) dont le verre, à la suite d'aléas historiques indéterminés, est en fait un Ditmar
autrichien. Les initiales L et B sont discrètement frappées sur la tête du pointeau. Tiens, encore un emblème solaire ! |
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D'origine inconnue, mais vraisemblablement allemande compte tenu de la forme de la tête de pointeau, cette jolie lampe de table à abat-jour
métallique est peinte en noir et ornée de filets dorés. |
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Autour des années 1850, on savait extraire le pétrole, on savait plus ou moins bien le raffiner, mais on n'avait pas encore trouvé comment se
servir d'un résidu très volatil et très inflammable : l'essence. Ces deux caractéristiques en rendaient l'emploi dans des lampes à flamme
particulièrement périlleux. Le bourrage du réservoir avec de l'éponge, du feutre, etc. mis en œuvre par divers fabricants, qui absorbaient
et emprisonnaient l'essence permit un usage plus sûr de ce combustible. Ainsi apparurent les lampes Mille, Gardon, Perrier, et bien sûr
l'incontournable Pigeon. Ci-dessous, une lampe d'atelier ou de travaux souterrains Alexandre Perrier, à Aubenas, que son crochet permet
de suspendre comme les lampes de mine. Ainsi, dans la carrière souterraine de Chancelade, le récit des recherches ayant suivi l'effondrement du
25 octobre 1885 mentionne des bouteilles contenant de l'essence pour les lampes. Il apparaît qu'à la carrière du Ru à Méry-sur-Oise
certains carriers s'éclairaient aussi de cette façon. De même, des lampes à essence éventrées montrant leur bourrage d'éponge ont été trouvées
dans une carrière du Cher (ci-après). |
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Le plus célèbre des fabricants de lampes à essence a été Charles Pigeon, qui n'hésitait pas à donner 10 000 francs à qui ferait exploser
sa lampe (par des moyens survenant accidentellement, évidemment). Pour absorber l'essence, il les bourrait de poil de lama. De lama content, bien
sûr, parce que chacun sait, pour l'avoir appris dans Tintin et le temple du soleil, que, quand lama pas content, lama crache à la figure
de l'impertinent. Alors, si lama crache de l'essence... Les lampes Pigeon ont eu des dizaines de copieurs, de qualité très variable. Ci-après une
Briquet nickelée munie d'un lanterneau Decoudun (une « cheminée » dit le mode d'emploi) en verre inactinique pour
laboratoire de développement photographique, et sur la rangée suivante une Les Hirondelles équipée du même dispositif, mais de marque
Junius. |
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Pendant et après la Première Guerre mondiale, des soldats ou des artisans ingénieux ont récupéré des douilles, des projectiles, pour les
transformer en lampes, généralement à essence car il suffit d'un porte-mèche, d'une petite mèche ronde et d'un bourrage d'éponge ou de
feutre, mais aussi en firent des luminaires à carbure. (La même veine inventive s'est retrouvée vingt-cinq ans plus tard avec des cartouches
de masques à gaz.) |
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Ci-contre, une lampe artisanale à essence basée sur une douille de canon de 75 mm. Je suis redevable de son identification à la courtoisie de
Florian Garnier : – 75 de campagne ; – atelier de Rennes ; – 12419e lot de 1916 ; – laiton fourni par une des deux entreprises de Dives ou de Douai. En outre, cette douille n'a été utilisée qu'une fois et n'a jamais été rechargée (soit trop abîmée après le premier tir, soit dérobée subrepticement par le lampiste...). Quant à l'éteignoir retenu par une chaînette, il est constitué d'un étui de Gras 11 mm. |
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Puisqu'on fait un tour dans le militaria, mentionnons ce briquet artisanal formé de deux cartouches de 8 x 57 JS Mauser, la balle de l'une
d'elles étant amovible et prolongée d'une tige munie d'une boulette d'amadou. L'étincelle était provoquée par le frottement de la tige sur
un frottoir déposé sur le culot évidé des étuis. |
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Un autre type de briquet ancien est celui dit à amadou, même si la mèche, originellement d'amadou, en effet, est depuis longtemps
constituée de coton trempé dans une solution de salpêtre. L'allumage se fait par des étincelles produites par une
pierre à briquet, c'est-à-dire du ferrocérium. Auparavant, c'est un silex frappant sur une batterie de fer cémenté, comme sur
les pistolets à silex, qui produisait l'étincelle. Il faut ensuite souffler sur le petit point incandescent pour étendre la zone en ignition,
à moins qu'il y ait du vent. C'est le seul type de briquet qui ne s'éteint pas par grand vent. Au contraire. Les briquets étaient soumis en France jusqu'en 1945 à une taxe dont le paiement était matérialisé par une vignette métallique fixée sur le dispositif, comme sur la vue ci-contre. Ce modèle de plaquette a été en vigueur entre 1916 et la fin de la taxe. |
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La réutilisation lucifère de fortune de contenants divers n'est pas l'apanage des temps de guerre. Par exemple cette petite lampe à essence
munie d'une mèche de Pigeon est fabriquée à partir d'une burette à huile de forme récente, apparemment entre les deux guerres. |
Plusieurs variétés de lanternes à essence ont équipé les automobiles au début du siècle dernier. On en trouve encore assez souvent, comme par exemple
des Vestale, de chez Maris & Besnard (première ligne ci-dessous), et des Auteroche (seconde ligne). Si la flamme de la lampe
Auteroche est réglée une fois pour toutes, la Vestale offre un astucieux dispositif de réglage : elle comporte un logement où vient s'encastrer un
réservoir de laiton terminé par un porte-mèche en céramique ou en métal. L'astuce est que le porte-mèche, faisant office de monte-mèche, est calé par
le boîtier et qu'on peut régler la hauteur de flamme par l'extérieur, non plus en tournant le brûleur au-dessus du réservoir fixe mais en faisant
tourner le réservoir autour du brûleur fixe. |
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A côté des lampes à acétylène à générateur incorporé, où le gaz était consommé au fur et à mesure de sa production par un des moyens présentés supra,
il a existé des luminaires à acétylène dissous. Celui-ci, qu'on ne peut comprimer à l'état gazeux au-delà de 2 bars sous peine d'un important risque
d'explosion, accepte d'être comprimé à 15 bars quand il est dissous dans l'acétone, dont 1 litre arrive alors à contenir 200 litres d'acétylène. Ce procédé
a été, en France, mis en application dans les éclairages Magondeaux et dans les torches Casimir. Ci-dessous un phare de la Société des appareils Magondeaux (S.A.M.) à l'usage des sapeurs-pompiers. La bouteille standard, comme celle qu'on disposait dans le même dessein sur les marchepieds des autos, était surmontée d'un large projecteur où le bec principal était doublé d'une veilleuse. Quand la bouteille était vide (un manomètre permettait de surveiller la quantité restante) il suffisait de la porter chez un concessionnaire qui en remettait une chargée, comme les bouteilles de gaz que chacun connaît. La bouteille de 3 litres associée au phare ci-dessous est remplie de granulés de cellulose à 70 % de porosité baignant dans l'acétone où l'on peut dissoudre 500 litres d'acétylène. |
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Comme on le voit ci-dessus, l'aiguille du manomètre indique la vacuité totale de la bouteille, normalement à 15 kg/cm2 quand elle est pleine. Pour
faire un peu fonctionner le phare, je l'ai alimenté par un générateur séparé... Evidemment, le débit pourrait sans peine être largement plus important. Ci-contre, gros plan du projecteur. La flamme est cachée par un réflecteur primaire qui renvoie vers le miroir de Mangin. A droite, on aperçoit le conduit de la veilleuse. |
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Avertis d'un incendie, les pompiers devaient parmi leurs agrès emporter un ou des flambeaux, par exemple pour se guider pendant la nuit, pour éclairer le chemin
dans un immeuble privé de lumière ou dans un lieu sombre. C'était des lampes généralement fixées au bout d'une perche, à huile puis à pétrole, enfin à acétylène
avant que les pompiers fussent équipés de lampes électriques. Ci-après un exemple de flambeau à pétrole des années 1880-1910, portant le nom du distributeur
Durey-Sohy, mais ce type de luminaire a été fabriqué par divers constructeurs. (Plusieurs dessins représentant la catastrophe de la station Couronnes
le 10 août 1903 qui fut envahie par une fumée mortelle en plus d'être plongée dans le noir montrent des pompiers brandissant des flambeaux à pétrole tout à fait
identiques.) Faute de sophistication dans l'alimentation en air et dans le tirage (absence de cheminée), la flamme était très fumeuse, et au début du
XXe siècle l'arrivée des flambeaux à acétylène fut un réel progrès. Ci-dessous, à gauche le flambeau à pétrole Durey-Sohy et à droite, dans la main de Bernard Sebille, un flambeau à acétylène de marque indéterminée, du type adopté par le régiment de sapeurs-pompiers de Paris en remplacement des flambeaux à pétrole. Nombreux ont été les constructeurs proposant leur production sur le même dessin. |
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Cette petite parenthèse sur les flambeaux de pompier nous amène tout naturellement aux flambeaux à acétylène dissous (F.A.D. dans la terminologie administrative)
dont le plus connu, à côté des F.A.D. Magondeaux, est la torche Casimir. 200 litres d'acétylène dissous dans l'acétone remplissent une bouteille effilée et sont
immédiatement disponibles sur un dixième de tour du robinet. Le support de bec fait en même temps robinet de débit (ce qui peut régler la flamme) et valve de
chargement. On pouvait aussi se procurer un support tripode et un réflecteur sphérique. Cette torche Casimir, que beaucoup de pompiers – retraités, il faut le préciser – ont connue dans les véhicules d'intervention, remonte aux années 20. Elle a été conçue par Casimir Morel et proposée en trois tailles. La fabrication se faisait dans l'Isère, d'abord à Rives (Société rivoise de construction) puis à Brignoud comme l'exemplaire n° 2 ci-dessous. Bien que la majorité provienne d'anciens équipements des sapeurs-pompiers, cette torche était vendue à qui la convoitait sous le nom de torche Lucifer. |
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Pour clore cet aperçu des lampes à éclairage par la flamme directe, un détour vers les lampes à incandescence. La lumière, ordinairement puissante, est ici due
à l'excitation thermique par une flamme bleue, donc chauffante mais non éclairante, d'un manchon de tissu à mailles lâches imprégné de produits thermoluminescents, qui
restituent sous forme de lumière l'énergie calorifique de la flamme. La toile regorgeant de nombreux sites en toutes les langues sur ces appareils, je ne réinventerai
pas la roue et renverrai pour plus de détails techniques le lecteur vers l'un ou l'autre moteur de recherche. Je me bornerai ici à montrer quelques lampes à incandescence de ma collection. Seule la Petromax 829 a été achetée neuve, les autres ont été restaurées, réparées ou simplement vérifiées. Mais dans tous les cas une lampe achetée d'occasion DOIT être vérifiée soigneusement ! Bien que les lampes apparaissant ci-après soient essentiellement des lanternes portatives, les différentes marques ont fabriqué aussi des lampes de table ou suspendues sur le même principe, mais on les rencontre plus rarement (à l'exception de Tito Landi où c'est le contraire : les lampes de table sont plus fréquentes). La Petromax 829 de 500 bougies, ci-dessous, est l'une des plus puissantes. Elle est capable dans de vastes espaces souterrains de donner une lumière suffisante pour y faire de bonnes photos. On distingue bien de gauche à droite, au-dessus du réservoir, l'obturateur du chalumeau de préchauffage rapide (on s'en passe très bien, la coupelle d'alcool convient parfaitement : même si c'est plus long, c'est moins fatigant), la manette de nettoyage et d'arrêt, et le bouchon de remplissage surmonté du manomètre. La pompe se trouve de l'autre côté. |
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Chez cette même marque des modèles plus petits sont néanmoins très agréables du fait de leur poids réduit, l'intensité lumineuse demeurant tout à fait suffisante. Par
exemple, cette Petromax 821 de 200 bougies dont plusieurs pièces ont été changées. L'avantage est que l'obtention des pièces détachées pour ces appareils n'est
nullement un problème. Cette 821 est dépourvue du chalumeau de préchauffage rapide, ce qui permet d'apercevoir à gauche le bouton de la tige de pompe. |
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La société portugaise Casa Hipólito racheta l'outillage des Petromax dans les années 70, et commença une nouvelle production avec une finition et une qualité
identiques. Ici, une Hipólito 502 de 500 bougies équivalant à la Petromax 829. |
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Le Suédois Optimus, de son côté, lança la production de diverses lampes à pression, comme cette Optimus 1200 de 200 bougies que j'ai eu la chance de trouver avec
sa boîte, quasiment neuve. Elle possède aussi un chalumeau de préchauffage, dont la commande se fait par un robinet et non par un clapet comme sur Petromax. |
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Si la majorité des lampes à pression fonctionnent au pétrole, quelques-unes utilisent l'essence comme carburant. Il ne s'agit pas d'essence pour automobiles, un
bon carburant est l'essence C. Mais comme le point d'éclair est bien plus faible que celui du pétrole lampant, ce combustible n'est pas sans danger et les
plus grandes précautions doivent être prises. L'armée suisse utilisa, concurremment aux Petromax, cette lampe à pression à essence Schatz 551L construite à Zug d'après le modèle éponyme de la Hasag (Hugo und Alfred Schneider Aktiengesellschaft), entreprise qui faisait depuis longtemps des lampes à pétrole. Le préchauffage se fait parfaitement à l'alcool, qu'on introduit par le petit réservoir en saillie visible sur les photos ci-dessous, communiquant avec la coupelle de préchauffage annulaire en bas du vaporisateur. Une potence peut se fixer sous le brûleur de façon à installer un manchon à double orifice, ainsi maintenu par le haut et par le bas. Et naturellement un réflecteur est adaptable. Dès l'achat l'état était très satisfaisant, à part une fuite de la valve de pompe et l'absence du tamis du brûleur. Une grille d'aérateur de robinet l'a remplacé. |
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Originaire d'outre-Manche, Tilley a acquis une célébrité certaine. Ici, une Tilley X246 à pétrole. Le préchauffage se fait par l'intermédiaire d'une coupelle
amovible enserrant le vaporisateur. |
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L'Espagnol Agusto Tito Landi a fabriqué des lampes à incandescence par manchon sous la marque Titus, mais, à la différence des appareils présentés précédemment,
et semblablement à la marque Aladdin, le combustible n'était pas vaporisé dans un serpentin chauffé par la flamme et s'élevait via une mèche jusqu'au bec où la
chaleur le gazéifiait. Deux types de brûleur existaient, soit à alcool soit à essence. La lanterne portative présentée ci-dessous, à alcool, est une Titus n° 42.
Le souci avec ces lampes est que se procurer des manchons adaptés est une galère. Par exemple, celui-ci est loin de donner toute satisfaction. En haut à gauche de la
lampe, la sorte de pince est une taupette pour la préchauffer et l'allumer. |
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Sans être un collectionneur de lampes de mine de sûreté, j'en ai tout de même quelques-unes. Elles sont basées sur le principe de l'ajout d'un tamis à mailles fines
(ordinairement 144 au centimètre carré) coiffant la flamme et la séparant de l'extérieur. Le plasma qui l'aurait momentanément effleuré était puissamment refroidi à
tel point qu'il ne pouvait pas transmettre l'inflammation au grisou présent le cas échéant à l'extérieur de la lampe. Le souci restait un contact trop prolongé de
la flamme avec le tamis (par exemple dans un courant d'air violent), ce qui l'aurait porté au rouge et donc rendu incapable de remplir son rôle de refroidisseur.
La majorité des modèles inventés entre 1820 et 1900 étaient garnis d'huile, puis Friemann + Wolf conçurent l'alimentation par benzine, ensuite par essence. Les
variantes communes ou rares font le bonheur des collectionneurs : à simple, double ou triple tamis, à cheminée, avec ou sans cuirasse, avec rallumeur, etc.
L'inventivité des concepteurs s'appliqua aussi à rendre les lampes indémontables en service, même éteintes, de façon à empêcher tout contact d'une quelconque
flamme avec un air peut-être chargé en grisou, au moyen de verrous de principes divers. Ci-après trois modèles de provenances diverses : |
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Evan Thomas & Williams, type Cambrian de 1981. Cette ancienne marque galloise, qui a équipé jusqu'à la moitié du siècle dernier de nombreux charbonnages
généralement anglo-saxons, a fourni encore dans la décennie 1980 aux services téléphoniques anglais des lampes destinées à vérifier la teneur en oxygène de tunnels,
culs-de-sac, etc. dont on doutait de l'excellence de la ventilation. Il ne s'agit pas de grisoumètres, juste de générateurs de flamme dont l'observation renseignait sur
la teneur en oxygène avant que fussent répandus des détecteurs électrochimiques. Ces lampes sont marquées « BT », acronyme de British Telecom.
Comme leurs sœurs des mines de houille, elles possèdent deux tamis, mais bien sûr n'ont pas besoin de verrou et n'ont pas de rallumeur. Elles fonctionnent au pétrole,
avec une mèche plate dont un remonte-mèche en fil de fer permet de régler la hauteur. La cuirasse sert à empêcher un courant d'air violent horizontal ou légèrement oblique
de souffler la flamme, le danger étant alors de l'éteindre mais aussi, pire, dans une utilisation en atmosphère grisouteuse, de l'incliner vers le tamis et de le faire
rougir. (Informations sur l'emploi par les BT aimablement fournies par Juan Manuel Lopez Vallina.) |
Il faut parler du triomphe de l'éclairage de mine made in India, la JK Dey GL7 ! Il s'agit d'une lampe de mine à double tamis, destinée non à éclairer mais
à détecter la teneur en grisou. Un grisoumètre, donc. Du moins sur le papier. Le principe est habituel : une flamme d'une hauteur déterminée brûlant dans une atmosphère contenant du méthane prend une apparence inhabituelle, se prolongeant par une pointe verdâtre plus ou moins haute selon la teneur en gaz. Une échelle graduée donne le pourcentage. La lampe, qui ne s'allume qu'électriquement, par l'ignition d'un filament d'allumage, est conçue pour que la flamme s'éteigne soit au dévissage soit au vissage si elle a été allumée lampe démontée. Pour cela, la mèche passe par un étroit conduit qui prive la flamme d'air et l'éteint immédiatement. Mais cela, c'est la théorie. La pratique est moins séduisante : les pièces soudées le sont souvent de travers, les ajustages, si on peut appeler ça comme ça, à la lime sont faits très grossièrement, les soudures ne sont pas ébarbées, les barres horizontales de l'échelle grisoumétrique sont implantées de façon assez hasardeuse, mais le plus beau reste à venir. La flamme ne peut jaillir que par l'allumage électrique, lampe vissée. L'ennui est que le fil n'a pas le temps d'allumer quoi que ce soit, il fond immédiatement. Après que j'eus fait venir plusieurs filaments d'allumage, le vendeur m'a expliqué gentiment que les piles occidentales sont peut-être un peu trop puissantes. Hélas, même remplacées par des salines déjà utilisées et donc faibles, je n'ai pas constaté d'amélioration dans la durée de vie des allumeurs. Et comme on ne peut pas allumer la mèche puis visser le pot sur la galerie, car par conception la flamme s'éteint immédiatement, on ne la verra jamais allumée. Le second point frisant l'absurdité est qu'il est impossible de régler la mèche, car il n'existe sur l'engin aucun dispositif mécanique pouvant la remonter, et elle est tellement serrée dans le porte-mèche que tous les efforts pour la tirer sont voués à l'échec. Pire, sa matière, succédané de l'amiante, la rend extrêmement fragile... En fait, seul le réglage en hauteur du fourreau de laiton enserrant la mèche permet d'abaisser au minimum la flamme, première étape de la mesure du grisou, ce qui prouve bien qu'il s'agit d'un appareil de mesure et non d'éclairage. A côté de ça, le fait que le remplissage ne s'effectue pas par une large ouverture obturée par un bouchon vissé, ce qui serait bien trop pratique, mais par une sorte d'entonnoir latéral ridiculement petit fermé par un opercule, de travers comme le reste et donc ne fermant rien, peut être considéré comme anodin. Pour une lampe achetée neuve, c'est exaspérant... |
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Après cette escapade vers l'Inde troublante et mystérieuse, revenons à l'Europe. La firme polonaise Elektrometal a continué de fabriquer jusqu'au dernier
quart du siècle dernier des lampes de mine type Wolf, à benzine et avec rallumeur au ferrocérium. Ici une LB1 de décembre 1970, sans cuirasse mais à double
tamis. Elle est équipée du verrou à action horizontale et déverrouillage magnétique, dont on voit le logement en bas de la galerie, à gauche. On remarque aussi les
graduations de teneur en grisou. En fait, les mineurs étaient équipés de lampes électriques au chapeau, les lampes à flamme n'étant employées que comme grisoumètre,
moins chères probablement qu'un analyseur électrique et sans nécessité de calibrage. Sans doute moins prestigieuses, mais aussi bien moins coûteuses que les
superbes lampes de sûreté qui font l'orgueil de maint collectionneur, ces lampes qui ont envahi les brocantes d'Europe occidentale ont au moins le mérite de
montrer à moindre frais la structure d'une lampe à tamis. |
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Ci-contre, cet appareil, pas spécialement rare mais un peu intrigant, est une lampe à tamis qui n'est pas une lampe. Du moins pas pour éclairer. Il s'agit d'un
réchauffeur de radiateur Clayrite, qu'on allumait sous le radiateur par des températures hiémales pour empêcher le gel de l'eau sur les véhicules moteur arrêté.
(Cela dit, je ne sais pas trop comment on faisait pour réchauffer l'eau dans le bloc-moteur.) Clayrite, de Birmingham, était d'ailleurs un vendeur d'accessoires
pour automobiles. Le brûleur Barton est alimenté au pétrole, et le tamis est là pour empêcher la propagation de la flamme à une atmosphère plus ou moins riche
en hydrocarbures. L'allumer permet de se rendre compte de la luminosité des premières lampes de mine, genre Davy ou Stephenson, qui avaient un tamis coiffant
entièrement la flamme... |
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Les lampes électriques sont, même si cela paraît paradoxal, aussi anciennes, et même plus, que les lampes à acétylène. Sans parler des lampes
à haute tension à tube de Geissler et bobine de Ruhmkorff (Dumas et Benoît ou Gaiffe), dès 1895 il existait des lampes électriques à main munies d'une ampoule alimentée
par un accumulateur. En effet, quand les avancées technologiques dans le stockage de l'électricité, jontes à celles dans la fabrication des ampoules à incandescence, eurent permis de livrer des accumulateurs fiables et de bonne capacité alimentant des ampoules suffisamment lumineuses et de durée de vie raisonnable, les constructeurs de lampes à flamme se mirent à étudier l'éclairage de mine électrique. Les premiers modèles universellement répandus ont été des lampes à main, atrocement lourdes et d'un éclairement qui ne dépassait guère celui des lampes à flamme, mais au moins qui exemptaient du danger d'enflammer le grisou. Il fallut d'ailleurs continuer d'utiliser des lampes à flamme pour mesurer sa teneur, en attendant de commercialiser des grisoumètres d'autres principes. Donc, les premières lampes électriques à main consistaient en un pot contenant l'accumulateur surmonté d'une coiffe amovible associant les connecteurs et l'ampoule sous un globe protecteur étanche. L'accu pouvait être au plomb, délivrant 2 volts par élément, ou au cadmium-nickel qui ne fournissait que 1,2 volt. Ces derniers éaient souvent associés par deux, pour laisser disposer d'au moins 2,4 volts. |
Ci-contre, une lampe électrique de la Société anonyme d'applications électriques (anciens ateliers Catrice) d'Arras qui devint rapidement Société anonyme
d'éclairage et d'applications électriques (SAEAE), puis Arras tout court. Ce modèle agréé en 1907, dit lampe Cotté n° 8, est alimenté par un accu au plomb à
électrolyte libre. Sa particularité est d'avoir une fermeture par rivet de plomb, celui-ci passant dans le trou de la palette fixe et empêchant donc de soulever
la languette mobile. Il n'est donc pas possible de dévisser entièrement la coiffe (il faut auparavant cisailler le rivet, ce qui se fait en lampisterie, pour
mettre l'accumulateur en charge), mais la longueur de la fente verticale permet néanmoins de visser et dévisser la coiffe sur quelques tours, suffisamment en tout
cas pour faire contact et allumer la lampe. Naturellement la palette sur charnière est solidaire d'un cercle enserrant la coiffe à frottement doux, permettant la
rotation de celle-ci. |
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Ci-après, deux lampes de mine électriques des années 30, à gauche une Joris ou SEMOI de la série 820 (probablement une 822 en l'occurrence), à
accu plomb sous 2 volts, et à droite une SBAE Lemaire type AV (Société belge d'applications électriques), à accumulateur cadmium-nickel bi-élément des
années 40-50, donc sous 2,4 volts. La rangée inférieure montre quelques détails de la SBAE, comme le logo venant de fonderie sur la cage et la fière marque de
fabrique du globe de verre. Les coiffes étaient verrouillées sur le pot, rendant impossible le dévissage sans le gros électroaimant qui relevait le loquet de verrouillage, seul demeurant un jeu angulaire de quelques degrés amenant les électrodes de l'accumulateur en face des contacts. C'est en particulier vrai pour la Joris, alors que la SBAE est munie d'un interrupteur vertical à vis. |
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Les Ateliers de constructions électriques de Charleroi, d'abord ACE Charleroi puis ACEC, qui persistèrent jusqu'à 1980 environ, étaient un
énorme groupe belge. Au fil du temps, ils fabriquèrent des moteurs, des générateurs de courant, des transformateurs, des luminaires, divers appareillages de
contrôle, puis dans les années d'après la Seconde Guerre mondiale de l'électroménager. Au début des années 20, ils proposèrent une lampe de mine électrique alimentée par un accumulateur au plomb, qui avait la particularité de contenir un électrolyte gélifié, donc assurant une plus grande sécurité aux utilisateurs. Utilisée pendant quelques années, elle ne bénéficia guère d'évolutions. Considérant l'architecture assez inhabituelle de ces lampes, je vais m'y attarder quelque peu. Le pot contient un tube où passe la tige filetée de maintien de la coiffe. Celle-ci est composée d'un porte-ampoule monté sur quatre ressorts (ce sont donc ces ressorts qui assurent la pression entre les contacts de l'accumulateur et ceux de l'ampoule). Le porte-ampoule est monté sur une plaque évidée en alliage léger où vient se visser la longue tige de fermeture, et qui est solidarisée avec la coiffe. Une petite vis traversant la plaque évidée ne permet à la coiffe qu'une rotation de 90° ou de 45° selon les modèles, ce qui assure l'allumage par mise en relation de l'ampoule et des plots de la batterie. Ci-dessous, une ACEC où la plaque évidée est fixée dans la coiffe par un filetage. A droite, respectivement la disposition des contacts sur ce modèle et plus bas le marquage prouvant la fabrication belge du globe. |
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Ci-contre, la plaque évidée en alliage léger. On voit sur son pourtour le filetage qui lui permet d'être vissée dans la coiffe. Pour une raison incompréhensible,
un précédent détenteur avait cru bon de scier le carré qui empêche cette plaque de pivoter complètement autour du pot, ce qui amènerait au bout de quelques
tours l'ouverture de la lampe, probablement précédée d'un splendide court-curcuit. Il a donc été nécessaire de fabriquer en Au4G un carré adaptable... |
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Sur une autre version, la plaque évidée est maintenue en place dans la coiffe par une rotation de 90 degrés autour de tenons. Parallèlement, les positions
extrêmes de la coiffe (allumage et extinction) ne sont séparées que de 45°, comme on le voit bien sur la photo ci-après. De gauche à droite et de haut en
bas, la coiffe munie de son globe, l'accumulateur (annulaire pour s'insérer autour du tube central par où passe la tige de fermeture), le pot dont le tube
central se termine par un évidement carré, le porte-ampoule avec ses contacts à deux positions, la plaque évidée et le fond qui se visse sur la plaque évidée,
solidarisant ainsi la coiffe et le pot. Un rochet à 8 dents et à un seul degré de liberté (il ne peut tourner autour de la tige), poussé vers le haut par un ressort qui le force à s'engrener sur une denture symétrique dans le pot, assure l'inviolabilité de la fermeture. Seul un puissant aimant attire le rochet vers la plaque de fond et le sépare de la denture fixe : on peut alors dévisser le fond de la lampe et la démonter. Sur ces deux exemplaires le rochet a été autrefois enlevé. |
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Lampe à accumulateur au plomb, un élément de 2 volts, de la Compagnie auxiliaire des mines. Cette société, créée à Bruxelles en 1899, et qui fabriqua
plusieurs modèles de lampe de mine, fonda en 1922 la Compagnie auxiliaire des mines de Douai. Sur ce type, surnommé aussi du fait de la forme de sa coiffe
Ogivale de Douai, le dessin et le mode de fixation des montants a fait l'objet d'un brevet en 1927. Quelques années plus tard, un autre brevet protégea
le dispositif de coupure de l'alimentation de l'ampoule en cas de bris du verre (pour éviter les étincelles). |
Cette forme ancienne de lampe électrique à main persista encore un peu après la Seconde Guerre mondiale, par exemple sur cette Oldham F
Admiralty à accu plomb, probablement en usage dans la marine britannique. Le modèle initial date environ de 1935. |
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Outre les lampes électriques à accu plomb-acide, la SEMOI fabriqua aussi des lampes à accu cadmium-nickel avec deux cellules totalisant 2,4 volts. A partir
de 1932, elle leur monta le verre sphéro-lenticulaire inventé par Wolf qui selon des mesures imdiscutables donnait plus de lumière à l'ouvrier qui, voyant enfin
ce qu'il faisait et éperdu de reconnaissance envers son employeur, multipliait proportionnellement son rendement. Parmi les modèles de la gamme, celui ci-contre
est le n° 522 dont l'allumage se fait sans surprise par rotation de la coiffe. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'exemplaire présenté n'est pas une lampe de mine, ou du moins pas de mine grisouteuse. En effet, le verrou magnétique que seul pouvait débloquer un puissant électro-aimant localisé à la lampisterie est ici remplacé dans le même logement par une tirette manœuvrable à la main, et qu'on voit au centre de la photo, sur la coiffe. |
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L'origine de la lampe de mine infra n'est pas encore certaine malgré nos recherches. A priori elle pourrait passer pour une SEMOI, mais certaines
différences avec les SEMOI connues et (quasi) similaires feraient plutôt penser à une production de la division Lampes de la société anonyme belge Les Ateliers
mécaniques Morlanwelz-Hayettes qui, à l'instar des Ateliers de construction électrique de Charleroi et contrairement à des entreprises comme Joris, SEMOI, Friwo,
SAEAE (Arras), etc., se spécialisa dès les années 20 dans les lampes électriques. Le modèle ci-dessous remonte probablement aux années 30 ou début 40, et était vraisemblablement utilisé entre autres dans les importants charbonnages voisins de Mariemont-Bascoup. L'ampoule à culot de 14 mm et deux tétons est alimentée par un accumulateur Cd-Ni de deux éléments en série. Comme d'habitude, j'ai rincé plusieurs fois les plaques à l'eau distillée chaude puis ai versé de la lessive de potasse comme électrolyte, avant de procéder à la charge. Ci-dessous à droite, les vues intérieures respectivement de la coiffe comportant la galerie, le globe dépoli et strié, le porte-ampoule et les contacts, et, en dessous, de l'accumulateur avec les contacts et les bouchons de remplissage et de dégazage. En effet allumage et extinction se font sans surprise par rotation de la coiffe. On distingue sur le pourtour du chapeau, à 10 h 30, le verrou magnétique ascendant, heureusement à présent bloqué, qui en s'engageant dans l'encoche du pot visible à la même position interdit le dévissage. |
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Parallèlement aux lampes de mine électriques à main de forme primitive éclairant sur 360 degrés, les constructeurs de tous pays livrèrent aussi des lampes de
type phare,
c'est-à-dire où l'ampoule, disposée horizontalement dans un réflecteur, n'éclairait que dans une seule direction. Tel est ce modèle Arras des années
30, dont la batterie Cd-Ni nourrit comme elle peut l'ampoule de 2,5 volts mais aussi 2,5 ampères. (Il est douteux qu'il s'agisse de l'ampoule
d'origine.) Cette lampe, achetée il y a longtemps à la braderie de Lille et notablement incomplète, a quand même pu fonctionner à nouveau. Mais lui concéder
la luminosité d'un phare est la preuve d'un optimisme injustifié. |
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L'ingénieur Fabius Henrion a fondé en 1887 la Maison Fabius Henrion & Cie où travailla, curieux hasard, Joseph Mercier, créateur de la lampe à acétylène
Etoile. L'histoire de la société a été assez agitée : en 1891 elle devint Fabius Henrion moteurs électriques, dynamos et lampes et en 1893 Usine Fabius
Henrion à Pagny-sur-Moselle ; après un passage vers 1912 par la Compagnie des charbons Fabius Henrion, elle devint en 1921 la Compagnie lorraine
de charbons, lampes et appareillage électrique puis en 1927 la Compagnie lorraine de charbons pour l'électricité. Pour clore ce parcours, elle fusionna
avec le Carbone pour former Le Carbone lorraine, ultérieurement à l'origine de CIPEL. Ci-dessous, une inhabituelle lampe à pile rechargeable Henrion. Elle est rencontrée au moins une fois dans l'édition de 1935 du catalogue de la Manufacture des armes & cycles de Saint-Etienne. L'ampoule est alimentée par une pile de type Leclanché à électrolyte liquide constituée d'un vase poreux, contenant une cathode de carbone entourée de dioxyde de manganèse, intégré dans le pot métallique surmonté de la coiffe où est vissée l'ampoule. Quand la pile s'épuise au bout d'une durée de huit heures, on ne peut pas acheter une autre pile, mais juste remplacer l'électrolyte vendu en tant que recharge. Il faut préciser qu'il ne s'agit nullement d'une lampe de mine. Le bouchon en haut du pot sert à remplir la pile d'électrolyte, quant à la vis visible à droite de la coiffe, c'est l'interrupteur : elle met le culot de l'ampoule en communication avec le pot métallique qui constitue l'électrode négative. |
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La seule marque existant sur cette lampe est invisible en usage normal. Pour la découvrir, il faut non seulement la démonter, mais encore dissocier le
vase poreux de son couvercle où est boulonnée l'électrode de carbone. On découvre alors qu'elle porte le marquage « PILE
CARBENRION ». Ce nom entretient une certaine confusion : c'est à la fois l'adresse télégraphique de la Compagnie des charbons
Fabius Henrion, puis de ses avatars, et une marque figurant comme telle sur des réclames – et ici sur un produit fini. |
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Plusieurs lanternes domestiques ou de chantier sont constituées de la même façon, à savoir un compartiment souvent cylindrique contenant une ou plusieurs piles,
surmonté d'une ampoule. Mais, plus souvent dans le monde anglo-saxon, on rencontrait depuis les années 30 jusqu'à la décennie 70 de petites lanternes domestiques
ou de campement en tôle légère (ce qui exclut tout usage professionnel, ferroviaire ou autre) munies d'un projecteur latéral et d'un feu rouge sous dôme rayonnant
à 360 degrés. Les fabricants et sous-traitants étaient assez nombreux (beaucoup en particulier étant localisés dans l'est et le sud-est asiatique, comme à Hong-Kong
et au Japon), chacun offrant une variante de la forme originale. Quelques-uns de ces modèles sont parvenus en Europe. |
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Ainsi cet
exemplaire fabriqué au Japon pour la marque américaine Lighthouse probablement dans les années 60 est alimenté par trois éléments de pile D (LR20), totalisant
4,5 volts. Un interrupteur à quatre positions met en service le projecteur, le feu rouge ou les deux simultanément. Enfin, un socle de fil de fer permet
l'orientation de l'ensemble. |
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Ce type de lanterne, remontant approximativement au milieu des années 1910, a été fabriqué par plusieurs marques aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, avec
des dénominations diverses comme The Ascog Electric Lighting Lantern à Glasgow, The Lightning Bug sur le catalogue Warner de 1927, etc. Ci-contre, une Red Star. Il s'agit dans tous les cas d'une lampe domestique alimentée par une grosse pile de 1,5 volt (ici Ignitor n° 6). Les réclames la prétendent absolument sûre par rapport à l'essence et aux gaz d'échappement. Malgré cela, sa fabrication en tôle légère la rend impropre à des usages professionnels. |
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CEAG Ltd BE, Barnsley, destinée à une utilisation dans des raffineries, des dépôts d'hydrocarbures, bref partout où l'on peut trouver une atmosphère
explosive d'essence ou d'acétone, mais pas utilisée dans les mines de charbon (un modèle très semblable extérieurement, mais affecté de modifications
minimes, était agréé pour les mines). L'allumage s'effectue par une rotation de la tête de quelques degrés. La firme CEAG britannique était une filiale, fondée en 1921, de Concordia Elektrizität Aktiengesellschaft (CEAG) de Dortmund. Selon les vœux du client, une variante est alimentée par un accumulateur plomb de 2 volts ou par une pile sèche de 4,5 volts. |
Lampe de ronde et de surveillance en alliage léger ASEI, d'après la Seconde Guerre mondiale. Il y a un double jeu de piles de 3 fois 1,5 volt.
Allumage par rotation de la couronne du projecteur dans un sens ou dans l'autre, mettant en service l'une ou l'autre batterie. Même si cette lampe n'est
pas prévue pour des milieux hautement explosifs, elle est tout de même étudiée pour éviter les étincelles. En effet, il est impossible d'ouvrir le
couvercle pour remplacer les piles si l'ensemble réflecteur-couronne-ampoule est en place. Et on ne peut pas retirer cette couronne si elle est en
position d'allumage. Il faut la mettre en position d'extinction, la séparer du corps en pressant un verrou, dévisser la poignée, enlever le couvercle,
remplacer les piles. Malheureusement, à part cette particularité qu'on apprend par la manipulation directe, la documentation sur cet appareil approche
du zéro absolu. |
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Torche d'inspection CEAG Ltd, Barnsley des années 30 et 40, à trois éléments de pile type LR20 (ou D), approuvée par le ministry of fuel
& power et par le ministry of transport. Elle est bien munie d'un réflecteur à faisceau réglable, mais le réglage nécessite de déposer
la tête (pour remplacer les piles, également)... |
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Stewart R. Browne est une entreprise fondée aux Etats-Unis en 1918, d'abord pour commercialiser des matières plastiques phénoliques puis en tant
qu'industriel pour les mettre en uvre. Cette torche F81 en bakélite alimentée par deux piles LR20 (D) a été agréée en septembre 1937 comme matériel
antidéflagrant et a été utilisée dans les mines (pas forcément au fond), dans la marine américaine et les garde-côtes, etc. La plaque constructeur, très complète, indique la marque, le type, les conditions d'utilisation (la classification class 1 group D correspond au propane et au méthane), le numéro de l'agrément, le tout sous l'égide du bureau des mines, ainsi que le sigle UL dans un cercle. Il s'agit des initiales de Underwriters laboratories, un important organisme de certification en matière électrique en particulier. Quand il était omis, les utilisateurs le faisaient remarquer au constructeur : « Attention, il manque UL ! » |
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Le bouchon ne sert pas à changer les piles. Pour cela, il faut dévisser la couronne et retirer l'ensemble réflecteur et porte-ampoule. En revanche, il
contient une ampoule de rechange. Au point de vue esthétique, on ne peut qu'admirer le charme du dessin et la beauté du matériau, une sorte de bakélite déposée sous le nom de Tuffite ®. En bon état, cette torche souffrait tout de même d'une oxydation corrosive de la longue lamelle de contact entre l'ampoule et la cathode de la pile arrière, qui a nécessité une opération de soudure dans un milieu peu accessible. |
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Malgré le peu de littérature consacré à cette petite torche en bakélite (ci-dessous), il semblerait qu'elle ait été, réglementairement ou non, utilisée par
des officiers de l'armée belge dans les années 30 et 40. Quelques modèles identiques sont marqués Fabriqué en France, d'autres, de même encombrement,
proviennent d'Angleterre. Vu le très faible éclairement prodigué par l'ampoule alimentée par une pile de 3 volts, on peut raisonnablement lui supposer un
rôle de lecteur de cartes très discret. |
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La compagnie anglaise Alkaline batteries Ltd., issue en 1947 de différentes sociétés exploitant le brevet de Jungner (lire ci-après les lignes sur la lampe
Edison) relatif aux accumulateurs fer-nickel et cadmium-nickel, fabriqua dans la décennie 1950 des lampes au chapeau et des lampes à main en conservant l'ancienne marque
NIFE (qui, elle, produisait des accumulateurs fer-nickel). Cette lampe, référencée NH10A, a été achetée vide de ses éléments, ce qui fait qu'il est difficile
de savoir si la batterie était au fer ou au cadmium, la nouvelle société fabriquant plutôt des accus Cd-Ni et la marque NIFE ne laissant plus préjuger à ce moment du type
précis de batterie installé. Tout ce qu'on sait est que d'une part cette NH10A dérive d'un modèle remontant au moins au début des années 20 qui, lui, était bien alimenté
en fer-nickel et que d'autre part la batterie est alcaline, ses deux éléments fournissant 2,4 volts. La vis au-dessus et à gauche du réflecteur est l'interrupteur, qui presse une lamelle contre un pôle des éléments. Comme les lampes ci-dessus, il ne s'agit nullement d'une lampe de mine apte à travailler en milieu grisouteux. |
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Arras ERG des années 30 de la Société anonyme d'éclairage et d'applications électriques. Elle contenait 2 cellules SAFT au cadmium-nickel
(2,4 volts) de 8 ampères/heure, ce qui donnait huit heures d'autonomie. Absolument pas étanche au grisou, il ne s'agissait que d'une lampe de
ronde. Des bruits de bottes et surtout d'avions se faisant entendre outre-Rhin, Arras l'accessoirisa pour la faire acheter par les services de défense passive. Soit le boîtier était modifié avec un second phare à l'arrière muni d'un écran bleu fixe (aucun rapport avec le BSoD...), l'allumage d'un projecteur ou de l'autre se faisant par un inverseur, soit bien plus simplement on glissait un écran bleu devant l'unique projecteur. |
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Contemporaine de l'Arras ERG et construite aussi par la SAEAE, l'Arras LDM était d'une fabrication beaucoup plus solide : pot en forte tôle
d'acier (il en a existé de diverses tailles), coiffe en bronze épais, elle pesait 4,5 kg. Les 2,5 volts de la batterie alcaline fournie par SAFT, capable de
15 ampères-heure, alimentaient sous 2 ampères une ampoule de 5 watts. La notice ne la destinait pas explicitement aux travaux miniers, mais plutôt aux
« navires, artillerie, fortifications, magasins, entrepôts, incendies ». En effet, elle a été utilisée dans les magadins à poudre des
forts, Séré de Rivières ou Maginot, et à cette fin fut, le 10 juillet 1933, l'objet d'une note de service du ministère de la guerre décrivant le protocole d'essais
(charge, durée des ampoules, tests de chute, de bris de glace...). Allumage par rotation de la coiffe, fermeture magnétique par verrou ascendant (l'utilisateur en est averti) et rappel de n'employer qu'un électrolyte alcalin. Le verre, protégé par une grille venue de fonderie sur la bague, pouvait être clair ou, comme ici, dépoli. Et, comme pour l'ERG, un écran bleu, accompagné ici le cas échéant d'une visière, légitimait son emploi dans le cadre de la défense passive. |
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Lampe domestique comme il en a existé des centaines de milliers de toutes marques dans les ménages avant et après la Seconde Guerre Mondiale. Ce modèle
Leclanché Inca, de grande capacité, servait aussi bien de projecteur puissant à la campagne que de lampe de secours dans les appartements. On
remarquera autant le verre grossissant intensifiant le faisceau que la pile d'origine Carbone-Lorraine. « Non amorçable » signifie
qu'elle est prête à l'emploi et nullement sujette à être remplie préalablement d'un liquide quelconque, eau ou électrolyte. |
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A la fin des années 50, Mazda-CIPEL, fabricant de piles comme Wonder, s'était mis à proposer quelques lanternes, mais essentiellement des boîtiers
de lampe de poche, comme ce modèle B900, l'un des plus imposants. Il avait un foyer réglable lui permettant de concentrer le faisceau, dont la
régularité est stupéfiante quand on le compare à celui des Maglite, qui est risible à côté. |
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A la même époque, c'est-à-dire années 50-60, Mazda-CIPEL proposait aussi son projecteur B945. La pile de 6 volts référencée EL4, composée d'un
bac en matière moulée contenant quatre éléments bâtons noyés dans une résine, était dessinée pour ne s'adapter qu'à ce projecteur au moyen de deux attaches
à ressort. Elle était donc jetable, ce qui était dommage. Evidemment, aujourd'hui il est illusoire de trouver de telles piles fonctionnelles. |
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Toujours en lanterne domestique, et de camping, la Mazda B943 des années 60 recourt à une pile qui est tout aussi introuvable à présent, une pile
cylindrique de gros diamètre fournissant 9 volts référencée RL6. Equipée d'un globe dépoli, elle a une fermeture à sauterelles. L'interrupteur est
simplissime : le plot central étant en contact avec le culot de l'ampoule, le circuit est fermé par un levier pressant une lamelle qui touche le bac en
zinc de la pile. |
Puisque nous sommes dans les lampes domestiques, profitons-en pour évoquer divers luminaires qui ont eu un succès certain dans la seconde moitié du siècle
dernier. 1948, par exemple, vit l'apparition de la grosse lanterne Madec livrée en plusieurs variantes selon le nombre d'ampoules. Ici, le modèle
encore assez courant en brocante MF 408. Alimenté par une grosse pile de 3 volts évidemment introuvable aujourd'hui (il suffit de faire un montage
avec des piles bâton), il comportait 3 ampoules, une principale et une secondaire en façade, une troisième en feu arrière, activables singulièrement ou
concomitamment. Derrière la face avant il y avait une réserve d'ampoules. Les attaches latérales ne doivent pas faire penser à un usage ferroviaire, cet
engin n'a jamais, au grand jamais, été utilisé par la SNCF. |
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Wonder, en revanche, déjà connu depuis la décennie 1910 comme fabricant de piles, déposa cette même année 1948 le modèle de sa lanterne Agral qui, on
le devine sans peine, visait une clientèle rurale. Rurale, domestique, puis ferroviaire, ses qualités de robustesse l'ayant fait agréer par la SNCF au
prix de quelques modifications. Cette solide lanterne en alliage d'aluminium, alimentée par une pile de 9 volts, dispose dans sa version classique d'un feu arrière permanent, la lumière étant transmise au fil de son évolution selon divers procédés, réflexion, transmission, etc. Généralement une ampoule de rechange (7,2 volts) est logée dans le compartiment de la pile. |
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Sur la base du boîtier de type Agral ont existé quelques versions, comme cette lampe de ronde à grand réflecteur. |
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Afin de pouvoir dispenser aussi bien un éclairage blanc qu'un éclairage rouge de fin de convoi, par exemple, la version SNCF est munie d'un écran rouge
mobile en face avant (le feu rouge arrière n'a alors plus de raison d'être) et de deux attaches superposées, chacune à un standard différent pour
pouvoir accrocher la lanterne quel que fût le type de support sur le véhicule (parallélépipédique ou UIC) (renseignements de JL Faure). |
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A peu près à la même époque Wonder lança la lampe Tifon, réputée pour fonctionner et éclairer dans toutes les positions. Toujours en alliage d'aluminium moulé,
toujours alimentée par une pile de 9 volts, elle a reçu des globes en verre, en plastique, une coquille ou une demi-coquille rouge amovible... |
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Toujours fin 1948 (année décidément faste), les établissements Laurent, situés à Lourdes, et qui se faisaient connaître sous la marque Elau,
déposèrent ce modèle de lampe domestique à faisceau réglable. Déjà équipée d'une batterie SAFT cadmium-nickel à deux éléments, inaugurant ainsi une
collaboration pluri-décennale avec ce fabricant d'accumulateurs, cette lampe avait un réflecteur à faisceau réglable et un verre avec striures
concentriques Fresnel. |
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Ayant ajouté au sigle Elau le L final pour Lourdes, Elaul a proposé à la fin des années 50 parmi les lampes domestiques cette mignonne petite
lampe à batterie, la Voltabloc (ne pas confondre avec les accumulateurs SAFT de même nom) aux lignes toutes rondes. Livrée avec une ampoule de rechange,
deux lentilles supplémentaires respectivement verte et rouge (qui s'inséraient dans une couronne phosphorescente), elle se chargeait en désolidarisant la
tête et en branchant le corps dans une prise secteur, peu importe la tension (à l'époque, une grande partie du réseau était encore en 110 volts). De plus,
elle se collait magnétiquement à une surface ferreuse. Cerise sur le baba, elle pouvait être livrée avec un allume-gaz et un abaisse-langue pour que les
mamans inquiètes puissent examiner à loisir les amygdales de leur progéniture. Ces deux perfectionnements sont protégés par un brevet de 1959. Evidemment, la charge se faisait à travers une alimentation capacitive, montée autour d'un condensateur de 0,25 μF suivi d'un pont de diodes pour charger deux batteries boutons DEAC 225DK montées en série. Dotées comme leur nom l'indique d'une capacité de 225 mA/h sous une tension de 1,2 V chacune, elles se déchargeaient à travers une ampoule de 2,2 volts et 150 mA. Il y en avait donc pour à peine une heure et demie d'éclairage. Mais c'est très mignon (je crois l'avoir déjà dit). D'ailleurs, elle a obtenu le label Beauté-France en 1958. |
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Ci-dessous,
la simplicité biblique de l'alimentation à capacitance. Encore celle-ci est-elle sophistiquée, avec un pont de diodes. Les alimentations à transformateur des
lampes de mine à batterie à la ceinture de cette marque n'en avaient pas autant. Elles n'avaient même aucun redresseur, la diode monoalternance se trouvant soit
dans le boîtier soit dans le projecteur frontal. (Il faut toutefois signaler l'existence chez Elaul d'une alimentation capacitive pour une lampe de chapeau
type E, munie d'un pont de diodes et d'un gros condensateur de 10 microfarads.) |
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Dans un registre un peu plus professionnel, Elaul offrait aux réseaux ferroviaires – SNCF et RATP essentiellement – des lanternes de
signalisation. La base pour les lanternes à accumulateurs était la même que celle des lampes de mine F (voir infra), c'est-à-dire trois éléments au
cadmium-nickel de 10 ampères-heure en série alimentant une ou des ampoules sous 3,6 volts. L'ensemble était logé dans un boîtier identique, muni d'une
optique adaptée au type proposé et, sur le fond, de deux plots de charge. Ci-dessous à gauche (et sur la rangée inférieure) une lanterne RATP M4VR garnie
de tétons pour l'accrocher sur un support ad hoc de voiture ou de quai, à quatre feux commandés par commutateur rotatif, et à droite une M17 de la
SNCF à feu blanc unique provenant du dépôt de Vénissieux (Vx). Au contraire de la M4VR munie de deux plots de charge sur le fond du boîtier (la RATP avait
des lanternes de bord, c'est-à-dire sur les rames, à accumulateurs, la SNCF exigeant des piles pour cette utilisation précise), la M17 a été dotée d'un connecteur
latéral de charge. Il est étonnant, au moment où il nous faut remplacer les accus lithium tous les quatre ou cinq ans, de constater que les anciens éléments Cd-Ni de 1,2 volt de la M4VR, vieux de quarante ans, ont pris la charge comme s'ils s'étaient arrêtés seulement la veille. |
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En fin des années 60, la SNCF fit dessiner et construire par la Compagnie auxiliaire des mines, à Douai, puis par Oldham qui la racheta peu après des lanternes
de ce type. Dans la coque de plastique gris, un assemblage électromécanique permettait d'allumer soit le feu rouge, soit le feu blanc, soit aucun des deux. Dans ce seul
cas le feu vert de départ pouvait être allumé par pression sur un poussoir fugitif. Cette lanterne de départ – ou de chef sécurité – vient de
l'ancien triage (abandonné) du marché d'intérêt national de Rungis. |
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Ci-dessus la lampe ouverte : on distingue les interrupteurs et le câblage assurant la logique électromécanique d'allumage des feux. Les deux accumulateurs au plomb se trouvent
derrière le fond en bakélite. A droite, la douille de charge. |
Ci-contre de haut en bas les trois feux de la lanterne, blanc, rouge et vert, ce dernier étant fugitif et donc nécessitant l'appui continu de l'agent sur le poussoir. |
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Ci-dessous, détail des accumulateurs au plomb, d'un type tel qu'il doit être assez vain d'espérer en retrouver des neufs. Le boîtier transparent permet de contrôler le niveau
de l'électrolyte par des fenêtres pratiquées à l'arrière du boîtier et de le compléter par des ouvertures de remplissage empêchant le renversement, comme sur les batteries
des lampes de mine à la ceinture de la marque Oldham et Arras. Les ampoules sont donc de 4 volts. |
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A partir de 1987, ces lanternes de l'Auxiliaire des mines, compagnie reprise entre-temps par Oldham, furent déclassées et remplacées par des modèles Oldham, qui à son
tour en confia la fabrication et la distribution à MFI (Maintenance ferroviaire et industrielle), comme cette lanterne de bord contemporaine à pile
(certaines variantes étant équipées d'accumulateurs rechargeables). |
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Parallèlement aux lanternes de l'Auxiliaire des mines, la SNCF commanda à cette même compagnie des lampes de pointeur, que ces agents, chargés de relever les
inscriptions de routage apposées sur les wagons dans les gares de triage, portaient sur le torse, d'une façon bien plus pratique que les précédentes lampes à cage à
acétylène. L'ampoule de 4 volts en est alimentée par deux accumulateurs de 2 volts, 5 ampères, toutefois plus petits que ceux qui équipaient les lanternes de
signalisation (précisions fournies par Jean-Luc Faure).
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Sur la vue ouverte
ci-dessus on reconnaît plusieurs pièces communes à la lanterne de signalisation telles que contacts, ressorts, interrupteur, réflecteur... Les petits tuyaux rouges
au-dessus des accus sont les orifices de dégazage et, le cas échéant, de remplissage en eau distillée. Ci-contre, la face arrière de la lampe avec les caractéristiques des accus Fulmen au plomb-acide. |
Outre-Atlantique, dans les années 20 naissaient les premières lampes électriques au chapeau, essentiellement des marques Wheat et Edison. La spécificité de ces
dernières était d'utiliser des accumulateurs fer-nickel à électrolyte alcalin liquide du brevet de l'inventeur suédois Waldemar Jungner qu'Edison s'était approprié
sans état d'âme, comme la majorité des autres brevets qu'il revendiquait. Ci-après le type P, agréé en 1939, dota également plusieurs houillères européennes
qui en découvrirent l'intérêt à ce moment, aux lieu et place des lampes à main.
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Extrêmement bien construites, solides, elles furent utilisées plusieurs décennies. Celle-ci était vide d'électrolyte lors de l'achat (aux Etats-Unis). J'ai
donc rincé plusieurs fois les trois éléments à l'eau distillée chaude avant de les remplir d'une lessive de potasse de densité 1,24 (préparée immédiatement
avant pour lui éviter d'absorber trop de dioxyde de carbone) et de les mettre en charge. Le résultat est probant. Sur ce modèle il n'y a qu'une seule
ampoule à deux filaments et, autre particularité, l'entrée du câble sur le projecteur se fait non pas latéralement mais sur le dessus et conséquemment le
câble suit comme il peut le cimier du casque. Le déverrouillage du boîtier se fait par deux masselottes rappelées par un ressort, qu'un aimant attire en position d'ouverture. Ci-dessous le boîtier ouvert laissant voir les trois éléments nickel-fer et les bouchons de remplissage faisant office de soupapes pour le dégagement de l'hydrogène pendant la charge. |
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Concurremment à Edison, un autre inventeur américain, Grant Wheat, se lança dans l'éclairage minier dans les années 20. Au contraire du précédent, qui avait
copié le brevet Jungner, Wheat conçut lui-même une batterie au plomb pour équiper un projecteur frontal, destinée à la gloire mondiale puisqu'il la fit
distribuer par Oldham avant que ce dernier la fabriquât sous licence. La marque existe encore, ayant subi comme ses consœurs l'évolution vers les leds
et les batteries lithium-ion. Mais depuis longtemps les lampes Wheat sont fabriquées par Koehler, une autre marque américaine d'éclairage souterrain qui a
construit de nombreuses lampes à tamis. Ci-dessous, une Wheat Mk II. La batterie plomb de 4 volts a, pour les Européens, un petit air d'Oldham, alors qu'en fait c'est le contraire comme expliqué plus haut. L'ampoule est unique, comportant deux filaments sélectionnés par la rotation du commutateur, mais ce qui est spécifique c'est que le même commutateur commande le dispositif de réglage du faisceau qui peut en un demi-tour passer du faisceau diffus au faisceau concentré par un système manivelle-coulisseau (coulisse de Whitworth) transformant le mouvement rotatif du commutateur en mouvement rectiligne du réflecteur en avant ou en arrière (brevet Lozeau de 1968). |
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Au début de la décennie 1950, la SBAE belge déjà citée supra modernise sa production et se met à la lampe au chapeau avec le modèle CB8
alimenté par un accumulateur au plomb de 4 volts en bac de caoutchouc durci, de type équivalent à celui des Wheat et des Oldham. Bien construites, dotées d'une
ampoule principale et d'une veilleuse commandées par un commutateur à cames, elles avaient un système de charge par le projecteur assez compliqué qui fit l'objet
en 1953 puis en 1957 de deux brevets complémentaires. Il fallait accrocher le projecteur sur une sorte de clé qui repoussait un verrou interne, puis l'abaisser
contre la tête de charge ce qui assurait le premier contact, enfin engager par un léger mouvement angulaire autour de la clé le plot inférieur sur un contact à
ressort... Le modèle représenté ici est de ce dernier type (brevet de 1957). Plusieurs houillères acquirent des SBAE CB8, telles Hensies-Pommerœul, Ciply, Nord de Gilly, etc. |
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En 1949, Elau, à côté de sa branche domestique, créa un département d'éclairage de mine dont la première fabrication fut une lampe au chapeau à accumulateur
cadmium-nickel et électrolyte liquide baptisée LC10. Ainsi que le montre la plaque constructeur ci-dessous à droite, le premier agrément remonte à décembre 1949.
Les trois éléments venant de chez SAFT sont chargés via le crochet du projecteur, relié au plus et, pour le moins, par l'intermédiaire du couvercle du boîtier
qu'on enfiche sur deux tiges s'introduisant dans des tubes soudés sur le couvercle. Les deux parties constitutives du boîtier sont en laiton gaufré chromé. Le
remplissage d'électrolyte se fait par l'intermédiaire de trois orifices munis de soupapes s'ouvrant latéralement sur le boîtier, obturés par un clapet caoutchouté.
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Ci-dessus, le sommet des éléments et les bornes, ainsi que le fusible. Pour protéger les éléments des inversions de charge et redresser le courant d'alimentation
une diode était insérée. Il s'agit d'un redresseur au sélénium, assez encombrant, les diodes à semi-conducteurs comme celles qui seront plus tard logées dans
le projecteur n'existant pas encore. Les lames du redresseur (cathode) sont fixées au couvercle (puisque c'est le pôle moins de la charge) et le fil constituant
l'entrée du redresseur (anode) est relié au pôle moins de l'élément de droite (côté opposé au fusible). Ci-contre, le projecteur porte le logo ELAU et le type : LC10. |
Quelques années après la mise en fabrication de la LC10, Elaul qui avait ajouté le L de Lourdes au sigle précédent Elau conçut, concomitamment aux lanternes
de signalisation ferroviaires vues supra,un nouveau type d'éclairage de mine, le modèle E (E, paraît-il, comme étanche) dont la charge se faisait par
deux plots sur le fond du boîtier. Peu après, agréé en 1959 comme le montre la plaque constructeur ci-dessous à droite, Elaul produisit le type F (ci-après)
dont la charge se faisait via des contacts placés sur le projecteur accroché sur la tête de charge. Ce sont les dernières lampes de mine de cette marque à être
équipées d'accumulateurs plats à électrolyte gélifié (qu'on trouve encore pour plusieurs années sur les lanternes ferroviaires et de la RATP). |
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Afin qu'on ne mette pas n'importe quelle valeur de fusible, la cartouche contient un papier avec la marque... |
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Sur le même boîtier de type E contenant les mêmes éléments alcalins plats, Elaul fournissait à la RATP des balises BM à verre de Fresnel de couleur rouge et
lumière fixe. La charge se faisait évidemment par les plots situés sous le boîtier, puisqu'il n'y avait pas de projecteur pouvant s'adapter sur une tête de charge.
Cellle-ci porte, étampée à froid, la date de novembre 1977. Par rapport au boîtier de type F de la photo ci-dessus, on distingue clairement sur le fond les rainures qui maintenaient le boîtier dans le logement de charge où se trouvaient les contacts, rainures inutiles sur les lampes de type F sur lesquelles la charge se faisait désormais via les contacts du projecteur. |
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Quelle qu'ait été la position des plots de charge, sur le fond du boîtier ou sur le projecteur, le boîtier parallélépipédique à accumulateurs plats céda la place
ultérieurement au type NC 6 (NC 6/4, NC 6/7, NC 6/8 selon la capacité de la batterie) où 5 éléments SAFT cylindriques au cadmium-nickel et à
électrolyte gélifié, donc sans entretien, se logeaient dans un boîtier réniforme. Le projecteur restait le même, avec ses plots de charge. Une ampoule à halogène
plus lumineuse remplaça bientôt l'ampoule krypton ou argon précédente. |
Ci-contre, un chargeur artisanal comprenant une alimentation à courant constant réglable pour les accus Cd-Ni des Elaul et une alimentation fixe de 5,1 volts pour les
accus plomb des Oldham-Arras. La photo permet de bien distinguer les deux types de tête de charge, celle des Elaul où il suffit d'accrocher le projecteur, celle des
Oldham-Arras qui nécessite un demi-tour sur la clé pour l'y verrouiller. L'ampoule derrière le voyant rouge sur la tête de charge est une régulatrice. Ci-dessous, une NC 6/7. Le couvercle du boîtier et la bague du projecteur pouvaient être proposés en diverses couleurs identifiant facilement l'équipe. |
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A force de fournir des accumulateurs pour les lampes de mine Elaul ou autres, SAFT (Société des accumulateurs fixes et de traction) se mit vers
1964 à concevoir son propre modèle 3VR10. A mon humble point de vue, ce fut une réussite, mais sa diffusion restreinte et généralement hors Europe
(on sait qu'elles furent agréées le 20 avril 1966 par le département de l'Energie, des mines et ressources du Canada) en fait un objet aussi rare que mystérieux.
Légère, aux lignes arrondies, sous coffret plastique, elle contenait trois éléments cylindriques SAFT Cd-Ni Voltabloc VR10 de 10 ampères/heure à
électrolyte gélifié, fournissant 3,6 volts comme sa concurrente Elaul F qui n'était pas encore passée aux cinq cellules donnant 6 volts de la série
NC 6. |
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Bien que le système de charge
se fasse aussi, comme les concurrentes, par le projecteur s'accrochant à la tête de charge, la disposition du pôle négatif (ci-dessus, le contact plat sous le
crochet) est sensiblement différente de celle observée sur les Elaul et empêche toute compatibilité. Enfin, il faut signaler une particularité de l'interrupteur
(ci-contre) : tourner la manette dextrorsum allume ou éteint l'ampoule principale, mais elle seule. En revanche, la tourner en sens contraire commande
la veilleuse et elle seule. |
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Comme exposé un peu plus haut, l'Anglais Oldham distribua puis fabriqua dans les années 30 des lampes de mine au casque dotées des accumulateurs plomb sous licence
de l'Américain Wheat. Le projecteur était néanmoins différent, pour arriver à la fin des années 40 à la forme bien connue, munie d'une ouverture arrière se verrouillant
sur une clé de chargement, et à l'intégration de deux ampoules séparées, une principale et une veilleuse de consommation réduite. Ci-dessous, le type G fabriqué
en Angleterre, et la bague du projecteur. Le bac de batterie, en caoutchouc durci dans les années 50, céda la place aux bacs en polycarbonate courant décennie 70. |
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Puis, vers la fin des années 50, c'est Arras, devenue Arras Maxei, la concurrente directe d'Elaul, du moins en France, qui fit sortir de ses ateliers des lampes
au chapeau sous licence Oldham, pérennisant ainsi l'accumulateur Wheat de deux fois 2 volts fabriqué par Oldham et monté sur ses lampes de mine. Bien évidemment la marque
française apporta quelques modifications, comme une nouvelle forme du bouton du commutateur qui en rendait la manipulation plus facile avec des gants, ou le remplacement
des ampoules du début, remplies d'argon puis de krypton (comme chez tous les concurrents d'ailleurs), par des ampoules à halogène. Les batteries restent entièrement
compatibles. La disponibilité des batteries, leur simplicité, la renommée quasi séculaire des deux marques de part et d'autre de la Manche assurèrent leur suprématie dans l'éclairage souterrain de sécurité pendant des décennies. Pas seulement dans les mines, mais aussi dans les carrières et dans les champignonnières, qui s'équipaient souvent de lots revendus par des houillères en cessation ou en baisse d'activité. Ci-dessous, le modèle Arras-Maxei GT fabriqué en France, et la bague du projecteur. |
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Chez Arras Maxei, la seule exception à l'alimentation par accus au plomb fut ce type AM Gr 2, où un boîtier en acier inoxydable contenait quatre batteries cadmium-nickel
en série, fournissant par conséquent 4,8 volts, ce qui survoltait légèrement l'ampoule halogène standard. Bien que portant le sigle Ex, il n'était pas destiné aux
mines grisouteuses (groupe 1) mais aux autres atmosphères explosives (groupe 2), p. ex. contenant de l'hydrogène. |
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Ci-contre, un banc de charge pour lampes Oldham G ou Arras GT, composé d'un chargeur de la firme monté sur un assemblage en bois aussi robuste qu'artisanal construit
par des champignonnistes, et récupéré – sauvé plus exactement – avant qu'il ne fût entièrement vandalisé. Même si l'interrupteur a disparu,
il reste le voltmètre avec un repère à 5,1 volts et le rhéostat de réglage de la tension. |
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Outre-Rhin, à partir du début de la décennie 1950 la firme CEAG de Dortmund (fondée en 1906, société mère de la CEAG anglaise qui devint
rapidement indépendante), concevait des lampes de mine à chapeau, qui se perfectionnèrent plus tard telle cette MLC 5.2, vers 1958. Comme
les Elaul contemporaines, ces deux lampes à batterie au cadmium-nickel sont équipées de 3 éléments DEAC à électrolyte liquide (les éléments SAFT de
cette époque sont à électrolyte alcalin gélifié) fournissant 3,6 volts. |
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Dans le projecteur, une différence avec les modèles belges et français, mais partagée avec les
lampes américaines, est qu'il n'y a qu'une seule ampoule, à deux filaments. Le principal consomme 1 ampère, le second seulement la moitié.
Enfin, cette ampoule est montée sur un ressort la projetant immédiatement hors de son culot en cas de bris du verre, de façon à éviter un chapelet
d'étincelles qui pourraient alors enflammer un éventuel mélange de grisou. Ci-dessous, une fois les loquets du verrou magnétique écartés, on accède aux connecteurs et au fusible. Les accus sont des DEAC de 14 A/h au cadmium-nickel et à électrolyte liquide (il s'agit de potasse KOH. S'ils se font brûler devant le camp par un flux de potasse, les lampistes s'exclament « Cette potasse est terrible ! ») |
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Quant à Friemann + Wolf, elle déposa vers 1958 le modèle 14202, également à ampoule unique à deux filaments, également à accu cadmium-nickel et
électrolyte liquide, mais les deux seuls éléments donnaient 2,4 volts. Le verrou magnétique ressemble un peu aux verrous des lampes à tamis. |
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DEAC, c'est-à-dire la Deutsche Edison Akkumulatoren Company, filiale d'Edison comme son nom l'indique, fondée en 1905 puis rapidement rachetée par
AFA (Akkumulatoren Fabrik Aktiengesellschaft), eut une abondante production dans la première moitié du XXe siècle. Vers 1950, sur un dessin
déjà existant, elle fabriqua cette lampe d'inspection à batterie Cd-Ni et électrolyte liquide. Un crochet arrière à ressort permet de la suspendre à la ceinture.
Des équipes de sauvetage étaient dotées de ce type d'éclairage. Sch dans un cercle signifie Schlagwetterschutz (protection contre le grisou). |
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La Deutsche Bahn continua longtemps d'utiliser pour son service des lampes de la même conception, fournies aussi bien par DEAC que par CEAG. Ci-dessous, cette
CEAG OK 4 KR, munie d'accumulateurs Cd-Ni à électrolyte liquide pour un total de 2,4 volts, est équipée d'un écran rouge rabattable. Elle est prévue
pour un travail dans les milieux à atmosphère explosive comme le montre le logotype Ex dans un double cercle. |
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Encore chez DEAC apparut dans les années 30 cette grosse lampe de signalisation et de balisage pour usage extérieur HO127 (elle n'était pas classée
antidéflagrante). Equipée d'une batterie cadmium-nickel de 2,4 volts avec une capacité de 70 ampères-heure, son ampoule de 0,7 ampère pouvait logiquement éclairer
une centaine d'heures. Elle a possiblement eu un usage militaire. L'ouverture est facile, il n'y a pas de verrou, et l'allumage se fait comme sur beaucoup de lampes par
rotation du bouton visible ci-dessous à droite du globe. Le souci a été l'ampoule. Pour la batterie, manipulations habituelles : nettoyage, vérification des obturateurs, étanchéités et clapets, rinçage, remplissage avec une lessive de potasse, mise en charge. Mais l'ampoule, culot lisse de 14 millimètres à baïonnette, est à présent pratiquement introuvable. Plutôt que de remplacer la douille, j'ai préféré adapter une ampoule de 2,4 volts à culot lisse (elle aussi, victime de l'hystérie de la commission de Bruxelles, de moins en moins facile à trouver d'ailleurs) sur un tube de cuivre de 14 mm pourvu d'un téton. |
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Dans les années 70 et 80, les pompiers de la BSPP (brigade des sapeurs-pompiers de Paris) ont disposé de ce projecteur à main, de marque encore
indéterminée. Deux piles de 6 volts montées en parallèle alimentent une ampoule d'un type assez particulier. Ce projecteur, trouvé en brocante,
a été en dotation à la 22e compagnie de Villejuif. |
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Quatre générations d'éclairage lors d'une soirée de bombance au fort d'Uxegney : une lanterne pliante de camping à bougie type Monjardet, une lampe
à acétylène Friwo 1904, une Petromax 829 et une torche chinoise à led... |
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Remerciements, sources, échanges, conseils, avis, recherches, travaux de mécanique, bref étroite et profitable collaboration (par ordre alphabétique) : |
Cyril Cary François Deschamps Diane Dufraisy Claude Etienne Jean-Luc Faure Michel Fort Florian Garnier Philippe Haillecourt Karl Heupel et sa page (en allemand) Ara Kebapcioglu Gaston Ladalle et sa page sur les lampes de poche 1910-1950 Eric Laforgerie Wilfried Lambert Juan Manuel Lopez Vallina et sa page (en espagnol) Cécile Miller Dominique Paris Bruno Rolle Bernard Sebille et son site André Stéger |