L'invention de Louis-Nicolas Robert


Anciennement, les feuilles étaient fabriquées en versant une certaine quantité de pâte à papier sur une forme, sorte de moule ressemblant à un tamis. Encore plus fluide que la pâte à crêpes de la Chandeleur, puisque composée de 95 % d'eau pour 5 % de fibres cellulosiques, cette pâte perdait rapidement son eau et le savoir-faire des ouvriers agissait à temps pour décoller du moule la nouvelle feuille, extraire le surplus d'eau, la faire sécher, etc.
Le brevet de Louis-Nicolas Robert concernait un mécanisme répétant mécaniquement le processus décrit ci-dessus : la pâte est versée grâce à l'écope sur un tapis roulant formé d'un tamis souple en fil métallique (du cuivre) très serré, animé d'un mouvement vibratoire transversal en plus du mouvement longitudinal, l'eau est extraite par gravitation naturelle puis absorbée par des rouleaux presseurs. La feuille n'est pas encore reçue par un enrouleur, ce qui permettrait la constitution de bobines, mais au moins des longueurs acceptables par les fabricants de papiers peints sont-elles atteintes.
Par la suite, les nouveaux brevets ajouteront à la machine de base un cuvier de tête avec mélangeur affineur, de façon à alimenter le tamis avec une pâte homogène et de la qualité voulue, des feutres absorbeurs, des caisses aspirantes pour évacuer l'eau excédentaire dès les premières secondes du processus, des rouleaux sécheurs chauffés à la vapeur, des calandres pour satiner le papier sur ses deux faces, enfin un système de réception pour constituer des bobines.