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Machines, salle de ventilation, cuisine et puits à eau sont rassemblés dans le quadrilatère, à une vingtaine de mètres
sous les locaux primitifs, ce qui en fait un des plus profonds des places fortifiées de Liège et de Namur. La photo infra montre précisément la nouvelle salle
des machines, désormais plus sérieusement abritée que celle de 1914 qui, elle, jouxtait la salle de rassemblement. |
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Les deux vues ci-dessus ne sont pas dénuées d'intérêt. Celle de gauche
par la signalétique : en effet, le puits à eau n'est pas nommé en tant que tel, mais en tant qu'hydrophore. Ce mot, pas très utilisé, qui vient de
υδορ (eau) et de φορειν (porter) désigne l'ensemble de l'installation d'amenée du fluide de la nappe
jusque dans les réservoirs : puits, forages, pompes, antibéliers, bâches, etc. La photo de droite montre le massif de maçonnerie d'un fourneau dans la cuisine. Il est curieux de voir encore en 1930 un tel dispositif, alors que la majorité des ouvrages militaires des autres nations, ainsi que les forts belges modernes (Eben-Emael, Aubin-Neufchâteau, Tancrémont et Battice) étaient dotés de fourneaux en métal. |
Au saillant I, un monte-munitions (ci-contre la tête au niveau du sol et ci-dessous la base à l'étage des locaux de guerre) grimpant d'une traite
du quadrilatère au niveau du chargement de l'obusier de 75 l'alimentait continuement. Une autre sortie de secours donnait dans le fossé de gorge. Ce n'est pas le seul exemple où le s final de secours témoigne d'une légère indécision orthographique. |
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Ci-dessous, la salle Z ! Pour de nombreux cataphiles cette expression désigne
d'anciennes carrières parisiennes à piliers tournés sises au nord du Val de Grâce et aménagées en abri anti-aérien peu avant 1940. Militairement, il s'agit d'une
salle d'attente ou de repos où des troupes pouvaient se tenir protégées d'un masque à gaz. En effet, seules quelques parties du fort maintenaient une atmosphère
en légère surpression (variable selon les organes) interdisant en principe l'invasion des gaz toxiques dans l'ouvrage, et il n'y avait pas de filtrage de l'air
extérieur ! D'où l'existence de cette sorte d'abri de piquet spécialisé. |
La ventilation avait un double rôle : d'abord vital pour la troupe, en lui renouvelant l'air, vicié par l'expiration et, de surcroît, en temps de guerre, par
les gaz de combustion des poudres propulsives. Ensuite pour absorber les calories de l'eau de refroidissement des moteurs. Ici, deux vues de la gaine d'air : départ (à droite) et coude près du local aux artifices (ci-dessous). |
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Le prélèvement d'air extérieur ne se fait pas au moyen d'une tour d'air, ni par une prise blindée et camouflée, mais par un bunker, qui sert également d'accès secondaire. Ci-dessus, le premier étage du bunker. La gaine est en dessous. C'est là que circulaient les soldats. Alors qu'à Rome les gladiateurs circulaient dans le sang. Cette gaine d'air dessert auparavant les locaux aux artifices, encore munis de leur magnifique signalétique, ainsi que le coffre du saillant III par le moyen d'une échelle disparue. |
Les travaux de renforcement n'ont pas été vains, car le fort résista une semaine aux attaques allemandes, avant de se rendre le 18 mai 1940. La guerre finie, après quelques décennies d'utilisation par la Fabrique nationale d'armes de Herstal, toute proche, pour y stocker des explosifs, le fort de Pontisse partage désormais paisiblement ses jours entre ses fantômes et les gentils petits pensionnaires de l'ASBL l'Oasis des ânes, dont les braiments viennent sporadiquement surprendre les visiteurs de l'ouvrage. |
Henri-Alexis Brialmont, les forts de la Meuse 1887-1891, Chr. Faque, Les amis de la citadelle de Namur, 1987 ;
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La guerre de forteresse 1914-1918, Cl J. Rébold, Payot, 1924.
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Le site incontournable fortiff.be.
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