Le puits des Templiers, Nozay

Perché à la cote 176 sur les avant-postes du plateau de Beauce, au-dessus de La Ville-du-Bois, arrosé par un ru capricieux, Nozay a dû, depuis longtemps, pour ses besoins en eau, utiliser des artifices plus stables. Depuis le XVIIIe siècle un puits, creusé dans un terrain appartenant autrefois aux templiers de Balizy, desservait la commune. Un bel ouvrage : 1,5 mètre de diamètre, maçonné sur toute la profondeur, soit les 67 mètres nécessaires pour aller puiser l’eau alors disponible dans les sables stampiens.

En 1906, l’accroissement démographique et les besoins agricoles rendirent indispensable une augmentation de la ressource en eau. Recherches faites, on reconnut que la nappe du faciès lutétien local, au toit de l’argile sparnacienne, pourrait fournir le débit horaire désiré, soit 4 000 litres. Le hic est que cette nappe gît à 175 mètres de la surface du sol…

Au début du XXe siècle, foncer des puits profonds n’était plus un problème technique : les puits artésiens et les puits de mine atteignaient des profondeurs de 500 à 800 mètres. Pour le village de Nozay, en revanche, c’était un problème financier.

On décida donc de gagner 67 mètres en utilisant comme avant-puits celui dit des Templiers et d’y faire commencer le forage, en diamètre intérieur de 35 centimètres. L’eau serait remontée dans une bâche au moyen d’une pompe foulante à fourreaux, bien évidemment immergée au fond du forage, là où le diamètre est inférieur à 15 centimètres, et commandée d’abord par un moteur à pétrole de 3 chevaux, soit quelque 2 kilowatts, puis en 1913 par un moteur électrique. Quand on voit le diamètre du volant et qu’on en suppute la masse, on se demande si ce n’est pas une galéjade. Il faut se dire que, si la puissance était minime, le couple était important, avec un moteur à longue course. Une pompe de transfert calée sur l’arbre moteur assurait le remplissage du château d’eau de 100 mètres cubes surmontant l’ensemble et construit pour l’occasion.

Après trois ans et quelques modifications (en effet, la profondeur du forage prévue à l’origine était de 58 mètres ; on dut lui ajouter 40 mètres pour assurer le débit demandé), l’inauguration put avoir lieu – en grande pompe – en 1909. Cette remarquable installation remplit son office pendant plusieurs décennies, puis la diffusion du réseau d’AEP la rendit obsolescente.

Cependant, il existe aujourd’hui une volonté de la commune et d’associations locales de faire classer ce monument, car c’en est bien un, afin d’éventuellement le remettre en état.

De façon à intéresser à cette sauvegarde le plus de gens possible, nous vous convions à présent à sa visite.

 

Une fois que le visiteur a passé le portail du jardin, l’élégant réservoir se dégage de la végétation pour s’offrir et le dominer. Il est supporté par quatre pilotis formant trompes, chapeautés de quarts de sphère. Initialement, son pourtour était décoré de panneaux peints.

 

Le dessous de la cuve de 100.000 litres, concave (pour le visiteur, convexe pour la masse d’eau…), porte encore les faux joints décoratifs d’origine. Le trou d’homme, exactement dans l’axe du puits, surmonté d’une poutre métallique où peut coulisser un palan, sert à poser ou déposer la tringlerie.

 

La manivelle calée sur le volant. Le déplacement d’un mètre du piston remonte 150 litres d’eau à chaque tour, qui se déversent dans une bâche primaire où puise une pompe de transfert (photo suivante) pour alimenter le réservoir.

 

 

L’ancien puits réaménagé : la tringlerie et les fourreaux sont maintenus par des poutres et une échelle permet la visite. Une pompe à fourreaux est un dispositif foulant dans lequel un tube continue jusqu’en haut le cylindre de la pompe, et sert ainsi de tuyau de remontée de l’eau. Il est interrompu seulement près du volant pour laisser à la bielle le débattement suffisant.

 

 

Un site historique sur Nozay ici,
où l'on apprendra que le puits initial est probablement moins ancien que je ne le croyais.

Sources et remerciements : association Nozay et son histoire, qui a rendu possible la visite
et qui a communiqué ses archives relatives au dossier technique.

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