Boncelles

Comme Saint-Héribert, il s'agit d'un grand fort, armé de deux canons jumelés de 150 mm sous coupole, de quatre canons de 120 mm répartis dans deux coupoles et enfin de deux coupoles armées chacune d'un obusier de 210 mm. Quatre tourelles à éclipse protégeaient des pièces à tir rapide de 57 mm, ce même genre de canons étant également installé dans les coffres de défense des fossés.

Après deux attaques menées sans résultat pendant la première quinzaine d'août 1914, les choses sérieuses commencèrent : précédé de bombardements à partir du 14 août dans la soirée, le pilonnage au 210 mm commencé le lendemain à 5 h 30 aboutit deux heures après à la reddition du fort, pour les mêmes motifs que les autres : blocage des coupoles, destruction des prises d'air, des cheminées d'évacuation, éventrement des parois conduisant à l'envahissement de l'ouvrage par des gaz issus de la combustion des explosifs nitrés.

Profondément modifié par les Allemands pendant leur occupation de la Belgique (protection de la sortie infanterie, aménagement d'une ventilation et d'un chauffage sérieux, renforcement des voûtes, déménagement des locaux d'intendance vers l'intérieur du fort, protection du réseau téléphonique et modernisation de la centrale énergétique par moteurs Diesel), l'ouvrage se vit à nouveau renforcé en 1930 selon les préconisations en usage sur les places de Namur et Liège.

La différence avec les autres forts réarmés entre les deux guerres est que, le sous-sol de Boncelles étant fortement aquifère, il n'a pas été possible de creuser le réseau inférieur dénommé quadrilatère qui aurait imposé un épuisage aussi coûteux que vigoureux. Seule exception, la galerie d'air profonde.

D'autres raisons plus stratégiques firent que le fort de Boncelles, considéré comme point d'appui de l'infanterie de secteur et réarmé sans conviction et sans crédits, avait considérablement perdu de son importance à l'aube de la Seconde Guerre mondiale. Aussi, le 10 mai 1940, l'assaillant allemand n'aurait dû en faire qu'une bouchée, d'autant que l'infanterie d'intervalle brillait par son absence.

Ce ne fut pourtant pas le cas : après un pilonnage d'artillerie conduit à partir du 14 mai, un bombardement de Stukas anéantit la plupart des tourelles, et le coup de grâce ne fut donné que le 16 mai à 12 h 30 par une forte charge d'explosif disposée à la poterne d'entrée, qui éventra la gorge et par la même occasion tua le commandant Charlier.

Après de longues années d'abandon, le fort fut vendu en 1984 par l'armée à un promoteur qui y construisit un lotissement et entreprit de combler les fossés. Seules à présent deux ouvertures permettent aux amateurs une émouvante visite dans l'ouvrage dépourvu de cuirassements et d'armement, où pendant quelques jours une faible garnison fit ce qu'elle put, c'est-à-dire beaucoup, avec ce qu'elle avait, c'est-à-dire peu.

Grille d'entrée du fort de Boncelles.
La capitale du fort, depuis la poterne d'entrée.
Chambre du commandant Charlier.


Dessins dans la chambre du commandant.
Tableau de munitions à gauche de l'entrée.
Salle du foyer : l'entrée.
Salle du foyer : le mur du fond.
Les anciennes casemates réutilisées reçurent les affectations réglementaires.
Ci-dessus, la salle de détente pour la troupe ornée des drapeaux nationaux.

Les coffres flanquants de gorge possèdent encore, en dépit de quelques graffiti un peu envahissants, les croquis d'époque visualisant les secteurs de tir. De plus, des instructions rappellent la composition des signaux d'alerte et, malgré une hésitation quant à l'emploi de l'indicatif et de l'impératif, le bon usage du projecteur dont on ne voit plus ci-après que le logement.

Protection du fossé vers le saillant III.
Enfilade de la grille d'entrée.
Logement du projecteur rétractable.
Instructions pour le service du projecteur rétractable.
Rotule du FM Browning mod. 1930 de 7,65 mm.

Suite.