La distillerie de Boubers-sur-Canche |
Plus qu'un essai de vulgarisation générale sur les distilleries, ces pages se veulent être
un hommage à un homme remarquable, Paul Bécourt, et que je regrette profondément de n'avoir connu que quelques jours
avant son décès. | |
Mais il laisse
en place l'ensemble primitif de production d'énergie, composé d'une intéressante
chaudière à tubes horizontaux alimentant une toute petite machine à vapeur monocylindre à tiroir cylindrique. Chose
peu courante, la régulation se faisait non par un régulateur de Watt à boules ou un boîtier à masselottes (l'un ou l'autre
entraîné par une pignonnerie), mais par un ensemble de masselottes directement portées par le volant et commandant l'avance
par un dispositif que nous n'avons pas eu le temps d'étudier. Or, cela ne sera plus jamais possible. Harcelé pendant des années par les contributions indirectes obsédées par la destruction de ses alambics, résistant jusqu'au dernier moment à leurs assauts, miné sans doute par cette lutte incessante contre une administration à laquelle on reproche simplement de n'être précisément qu'une administration, M. Bécourt fils, qui avait choisi de travailler dans l'enseignement mais avait décidé de maintenir son patrimoine, décède début janvier. Sa veuve, prise à la gorge par les zélés fonctionnaires auxquels se joignent ceux du Trésor, décide de tout bazarder. Avec un peu de chance, le ferrailleur contacté aurait pu être de la race des grands ferrailleurs, bon mécanicien, curieux, cultivé, sachant reconnaître les pièces rares et les conservant volontiers. Hélas, cuirassé d'une totale inculture et d'une épaisse candeur satisfaite, il n'hésite pas, résolument inconscient de l'intérêt de la petite machine à vapeur et obnubilé par les quelques centaines d'euros qu'elle va lui rapporter, à la casser pour l'envoyer à la fonte. |
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Elle vous a plu, l'histoire de la distillerie
Paul Bécourt ? Oui ? Alors tant mieux, car de pareilles monstruosités se préparent
encore un peu partout en France, où l'intérêt officiel envers le patrimoine industriel est quasi inexistant par rapport à
des pays comme la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Belgique flamande (flamande, parce que les Wallons suivent hélas trop souvent
le mauvais exemple français). En Italie non plus on ne casse pas trop, en Espagne on conserve des chevalements
avec leur recette ou une usine à gaz (à Oviedo). Serait-ce pensable dans notre "beau" pays ? Allons, ne rêvez pas... |
A gauche, la plaque figurant sur l'alambic. A droite, celle fixée sur la chaudière où l'APAVE (Association des propriétaires
d'appareils à vapeur et électriques) a poinçonné ses dates de contrôle et attesté la vérification périodique du timbre.
On remarque que la dernière épreuve a eu lieu en 1922, l'avant-dernière en 1911 et la première et antépénultième en 1907.
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