Les Grands Moulins de Paris (suite)

Après le nettoyage du grain livré au moulin (qui peut contenir des corps étrangers peu comestibles, comme des pierres, des débris métalliques…) et son calibrage, il est mouillé puis séché, pour en accroître le rendement en farine. Il est ensuite broyé de plus en plus finement, ce qui produit un mélange de farines de différentes finesses mêlées au son (constitué par les enveloppes écrasées, riches en vitamines). L'étape suivante consistera à bluter le mélange, c'est-à-dire à éliminer ce son, autrefois dans des bluteaux, aujourd'hui par des plansichters, qui sont des tamis à secousses, au tissage plus ou moins serré selon la granulométrie du produit que l'on veut obtenir, et où la farine, selon qu'elle est acceptée ou refusée par un tamis (mailles entre 100 et 1 500 micromètres) sera dirigée soit vers l'étape suivante soit reviendra vers un broyeur. Incidemment, un taux de blutage trop faible, par exemple de 55 %, fera disparaître la majeure partie des vitamines dans la farine résultante, qui aura en revanche la particularité d'être très blanche.

Dans les anciens moulins industriels, ce sont des conduits de bois, en général du sapin, qui emmènent les farines, semoules et gruaux d'une étape à l'autre. La patine du bois de ces caisses oblongues fixées au plafond, conjuguée et en répons à celle des planchers, offre une merveilleuse sensation de chaleur, de bien-être : si parfois la fonte, le fer de l'usine peuvent être ressentis comme hostiles sinon agressifs, dans un moulin du siècle passé rien n'est froid. La destination même de ces installations incite à des pensées paisibles, le pain chaud, le beurre et le café du matin... Les carcasses elles-mêmes des machines sont de bois roux et chaud. Seuls les arbres de transmission courant d'un bout à l'autre de l'étage, adornés de poulies commandant un enchevêtrement de courroies, colorent les plafonds de leur éclair métallique. Un certain nombre de machines accessoires, dans leurs caisses de bois verni, récupèrent les dernières traces de farine par des filtres ou des brosses à sons.
 

 

 

Vis à farine.

 

 

Anciennement confiée à l'eau ou au vent, la force motrice se vit produite par des machines à vapeur et transmise soit directement par des courroies soit par l'intermédiaire de générateurs en bout d'arbre produisant de l'électricité actionnant des moteurs dans les bâtiments. Ici nous trouvons les deux procédés. L'usine électrique abritant les chaudières, pompes et turbines, édifiée vers 1920 en aval du complexe, a été détruite il y a déjà longtemps.

 

Contrepoids de tension des courroies.

 

 

Suite.