La butte de l'Hautil

La carrière des Hautmonts

Sous la butte-témoin de l’Hautil, s’étendant approximativement entre Andrésy à l’est, la Seine au sud, Evecquemont à l’ouest et Menucourt au Nord, gisait depuis la fin du Ludien, sur 8 mètres de puissance, une imposante deuxième masse de gypse, estimée à quelque 800 hectares. Dès le XVIIIe siècle des carriers exploitèrent ce site, en l’attaquant particulièrement par l’ouest, c’est-à-dire à Vaux-sur-Seine, sur les lieuxdits des Hautmonts et, plus ou moins concomitamment, de Fort Vache. C'est particulièrement dans cette zone que la nappe gypseuse commence à s'amincir et se termine avec une moindre qualité de la roche qui impose de nombreux ouvrages de confortement. Quelques années avant la Révolution, on a même dû occulter, par des effondrements volontaires, les galeries qui se dirigent vers les parties instables de façon à constituer des « remparts contre la cupidité de l'ouvrier que l'exploitation ruineuse d'une masse de plâtre dégénérée ne semblait pouvoir arrêter ». Il faut considérer que les ressources misérables de ces pauvres gens ne leur autorisaient pas plus les états d'âme sur la qualité du gypse ni sur la précarité de l'existence que l'interruption, même brève, du fonctionnement de leur atelier.

Vers 1790, l'inspection des galeries les montre dans un état plus qu'inquiétant. Quant au sol, c'est à faire frémir : autour du chemin de Meulan à Pontoise (aujourd'hui la D 922), donc sous-miné par l'ancêtre de la carrière de Fort Vache, pas moins de quatorze fontis sur une surface de 1 200 mètres carrés, soit quasiment l’aspect du champ de bataille de Verdun… Et tout ça dans des carrières en activité. Les inspecteurs se sentent troublés à l'idée de ce qui pourrait se passer en phase d'abandon.

La carrière des Hautmonts, connue improprement sous le nom de carrière de la Mécanique, n'est que l'îlot surnageant après l'effondrement des vides alentour. Appelée pendant longtemps l'ancienne carrière, il s'agit de la plus ancienne exploitation de gypse de l'Hautil puisque elle est déjà recensée en 1780, et que, remontant vraisemblablement à une quinzaine d'années auparavant, elle est largement antérieure à celle ouverte par Nicolas Maron ainsi que très certainement à celle de Fort Vache. Au cours du XIXe siècle, elle communiquait avec les Vaux Renard au nord-ouest, avec l'entrée de la Mécanique proprement dite au sud-est, puis avec Port Maron.

Dans les années soixante, elle se vit le vecteur d'inscriptions sociologiquement parlant non totalement dénuées d'intérêt mais essentiellement axées sur une mise en doute sans nuance de la vertu des filles de Vaux et sur la virilité des mâles environnants. Heureusement, l'esthétique des consolidations compense la vanité des textes. La vraie entrée, celle où circulaient les véhicules chargés de gypse, est celle qui débouche dans la propriété de la société de chasse. Une écurie témoigne du mode de traction équin, qui aurait semble-t-il été employé assez tardivement. A peine arrivés au jour, les produits replongeaient dans un tunnel qui coupait le versant sur 200 mètres avant de déboucher sur le carreau.

Un étroit réseau naturel, impénétrable, parcourt timidement la masse.
Tunnel de la carrière des Hautmonts.





Dès le début des années 20, le gypse était conduit au jour, avant de dévaler la pente jusqu'à la plâtrière Saint-Nicaise, par une voie de 65 centimètres qui empruntait le tunnel vers la société de chasse. Ce locotracteur, difficilement identifiable, tirait les convois avant qu'un dispositif gravitaire emporte les wagonnets jusqu'aux fours.

Locotracteur électrique des années 20.


Depuis l'entrée de la Mécanique, la vraie, ouverte vers 1827 pour desservir une exploitation remontant à 1798 et dénommée carrière Neuve, entrée à présent bouchée au bout de quelques décamètres, une voie sur plan incliné, commandée par treuil, rejoignait les installations près de la Seine. Ce pont incompréhensible enjambant une voie forestière, et qui ne conduit nul chemin apparent, supportait en fait le plan incliné.

Entrée de la carrière de la Mécanique.


La proximité du versant étant une sérieuse cause d'instabilité, les consolidations sont particulièrement nombreuses
du côté des entrées et, par le soin et la science de leur construction,
apportent un aspect de cathédrale aux voies principales.







Sensiblement plus intéressants que les inscriptions récentes sont les graffitis anciens.
Ci-dessous, à gauche saint Roch et son chien et à droite une représentation de bateau à roues
tel que ceux qui passaient sur la Seine entre 1820 et 1860, avec son panache de fumée.

Au milieu, la plus ancienne inscription que j'ai trouvée. Son emplacement et son graphisme peuvent laisser croire à son authenticité. On lit difficilement "demeurant à Vaux", peut-être un prénom qui pourrait être Charles.
Quant au reste, il est à souhaiter qu'un Vauxois identifie un de ses ancêtres.

 Graffiti de saint Roch.

Graffiti de bateau à roues.

Suite.