La butte de l'Hautil

Quelques graffitis - Le complexe de Triel pendant l'Occupation

Parmi la littérature pariétale de ce vaste ensemble, quelques exemples pris ici ou là, comme ces noms de carriers ou, moins courants, des graffitis de soldats : près de l'entrée du petit treuil, cette rétrospective d'une génération de soldats : 1915, 1940 et 1945.

Plus bas, quatre très beaux graffitis de la Bérangère, les uns du XIXe siècle, les autres plus récents puisque ce cavage, proche du village, a été très tôt aménagé comme abri anti-aérien en 1944. Deux de ces graffitis parlent de la Seconde Guerre mondiale, avec une mention particulière pour le jour de la libération de Triel. En effet, pendant les trois ou quatre jours de combats au cours de l'avance alliée, les exploitations de cette commune ont accueilli quatre bons milliers d'habitants. D'ailleurs, comme le rapporte Daniel Biget dans son intéressant ouvrage, au moins deux naissances furent enregistrées dans cette même carrière de la Bérangère, celles de Chantal Ciza le 29 août 1944 et celle de Jean-François Blondy le lendemain.

Hélas, la teneur létale en oxygène de ces vides, inférieure à 16 %, en rendrait aujourd'hui la visite à coup sûr mortelle si une solide porte, un peu trop étanche, n'en empêchait l'accès.

Graffiti de la Bérangère, à Cheverchemont.


Cela nous amène à nous poser une question : si les habitants ont utilisé les carrières pour s'abriter, qu'en avaient éventuellement fait les occupants ? La réponse se trouve dans l'inventaire des vides français, traduction JPDelacruz, 1995, rédigé vers 1943 par le service de géologie de la Wehrmacht pour le compte du commandement de la région aérienne : en 1943, les Allemands accélérèrent leur recherche de sites enterrés, protégés par un recouvrement suffisant, qu’il leur resterait à aménager intérieurement, à renforcer et à munir de défenses. Il s’agissait de stocker des V1 avant de les distribuer aux pas de tir de Normandie et du Nord. Certains projets furent menés à bien, comme ceux de Saint-Leu-d’Esserent et de Nucourt, d’autres échouèrent, à Méry ou à Savonnières-en-Perthois (ces deux derniers consacrés d'ailleurs au déploiement V2). Ainsi, le complexe de l’Hautil, réunissant pourtant d'excellentes conditions, ne fut en définitive pas retenu. La carte suivante, extraite du rapport précité, montre l’articulation des diverses carrières au milieu du dernier siècle et les aménagements proposés pour militariser le site.

On remarque d'une part que la Mécanique, déjà dans l'état actuel, n'offrait qu'une surface dérisoire et donc n'était pas considérée comme utilisable (ses cavages ne sont même pas mentionnés) et que, d'autre part, les vides de Port Maron étaient bien loin de présenter les énormes surfaces dépilées que montreront les plans trente ans plus tard. En effet, les dépilages s'étendent aujourd'hui, effondrés, jusqu'à la mare de l'Hautil. En revanche, les Vaux Renard (vide I) et Pissefontaine étaient considérés avec intérêt. On note que Pissefontaine communique déjà avec Chanteloup (c'était le cas cinquante ans avant) mais pas encore avec les vides IV, V (la Bérangère) et VI comme ce sera le cas plus tard. Il est également intéressant de noter l'étendue des vides déjà effondrés, pas du tout négligeable.

Projet de réutilisation des vides de l'Hautil par les Allemands.

Suite.