Feste von der Goltz (groupe fortifié la Marne) (suite)

Les casernes et batteries sont reliées souterrainement par plus de 2 kilomètres de galeries généralement ovoïdes, contenant les diverses canalisations (électricité, eau, téléphone, eaux usées...) et pouvant être coupées par des grilles à genouillère ou des portes métalliques en cas d'investissement intérieur.
Accès noyé vers un coffre.
Coupure d'une gaine de circulation.
Gaine ovoïde.
Dès la fin de la guerre, des infiltrations d'eau séléniteuse dans la galerie de jonction Mercy-Jury causèrent des dégradations au parement initial de pierre artificielle (ciment de laitier moulé) et par la même occasion du souci aux autorités militaires. En 1928, celles-ci essayèrent de le réparer en utilisant le ciment de la société Pelloux, à Grenoble, dosé par surcroît à 500 kilos ! Mais les dégradations continuèrent malgré les réparations continuelles, dont ce marquage en 1938 (ci-dessous), causant parfois des éboulements comme celui qui interrompt la gaine au nord de la caserne de Jury.
Essais de ciment en 1938.
Ci-dessous le point central des gaines de circulation, en venant d'Ars-Laquenexy : à gauche, vers l'ouvrage de Mercy dont il ne reste rien. A droite, vers celui de Jury.
Le point nodal des galeries.
Demeurée inachevée à partir de 1916, la Feste présente, particulièrement dans l'ensemble d'Ars-Laquenexy, des amorces de constructions prévues. Subsistent ainsi entre autres un escalier aboutissant au radier d'une future caserne ou encore cette amorce de galerie à l'aspect irréel, exposant muséalement le profil ovoïde.
Amorce de galerie.
Chaque intersection, chaque début de galerie est clairement pourvu d'indications directionnelles. Initialement allemandes (dont il reste de très nombreux exemples), elles se sont vues complétées ultérieurement dans certains cas par la traduction française. Il est intéressant de comparer les polices de caractères.
Signalétique allemande.
Signalétique française.
Le groupe de la Marne recèle quelques peintures et graffiti, hélas dans un état qui ne va pas en s'arrangeant. Quelques-unes survivent. Ainsi, dans une des batteries de 105 mm de l'ouvrage d'Ars, des devises dont le moins qu'on puisse dire de celle de droite est qu'elle n'est pas empreinte d'une haute spiritualité (mais non, ce n'est pas un reproche !). En fait, la signification qui est "La bière d'Uckange, la vraie saucisse saxonne, L'une calme la faim, l'autre la soif" dénote plutôt une nostalgique autopersuasion. Très vite, en effet, le blocus maritime provoqua de terribles carences alimentaires en Allemagne, dont militaires et civils allaient être victimes. Ce fut d'ailleurs une cause initiale de la guerre sous-marine à outrance qu'on allait vertueusement leur reprocher.

A gauche, tout le monde aura compris l'invocation : Dieu soit avec toi, mon pays saxon ! signée par le 12e régiment royal saxon d'artillerie à pied, écrite dans un écusson maintenu par deux lions étiques qui ne doivent pas être mieux nourris que les troupes.

Juste en dessous, un panneau plus récent indique le devenir - vanitas vanitatum - de toute cette abondante boustifaille.

Dans l'embrasure de la porte, on aperçoit un des ventilateurs électriques, mais toujours équipé d'une manivelle de secours.
Peinture murale dans une casemate.
Détail de l'écusson saxon.
Toujours munis de leur commande de secours à bras, les ventilateurs disposaient de moteurs électriques mis en route via des rhéostats de démarrage.
Rhéostat de démarrage de ventilateur.
Standard téléphonique des années 50.
La caserne d'Ars, utilisée au moins pendant la Guerre froide et sans doute un petit peu après, est encore encombrée de matériel divers, comme cette épave de standard téléphonique.

Suite.