Pontisse

Malgré de graves destructions infligées lors de l'attaque du août 1914, ainsi que la nouvelle attaque subie en 1940, ce fort situé au nord de Liège est redevable à son utilisation sans délai pendant la guerre froide comme dépôt de munitions pour le compte de la FN d'une conservation qui en rend la visite émouvante et intéressante.

Les machines et l'armement ont bien évidemment disparu, mais les tôles ondulées sont généralement toujours en place, et surtout les galeries sont encore parsemées de leur signalétique quasi complète, particulièrement au niveau supérieur.

Quelques rappels historiques : cet ouvrage Brialmont, construit en 1888, est un grand fort quadrangulaire (la majorité des forts de la Meuse est triangulaire). Le 12 août 1914, il fut le premier à être bombardé à partir de 18 heures par le mortier de 420 dit Große Bertha. Le lendemain à midi et demi la garnison se rendait, amenée au bord de la dépression et de la nausée par l'effroyable bombardement (dame, des obus de 930 kilos !).

Les Allemands, conscients des faiblesses des forts qu'ils avaient assiégés et conquis, les modifièrent quasiment tous au niveau de la sortie infanterie, de la ventilation, de la protection des tourelles par voussoirs de béton et de celle des locaux par pose de tôle ondulée, enfin en transférant de la contrescarpe aux locaux intérieurs les services vitaux comme cuisine, boulangerie, latrines (eh oui...), morgue (la vie des soldats est précaire, en temps de guerre. Même si Alphonse Allais prétendait que la profession ayant la plus longue espérance de vie était d'être officier dans l'armée belge). Comme les tirs avaient pratiquement pulvérisé la demi-escarpe de gauche, les travaux de remise en état ne prirent pas la peine de la restaurer : au cours du réarmement des années '30, pour protéger la gorge on construisit, rara avis in terris, une caponnière au milieu de la demi-escarpe de droite, battant le fossé de part et d'autre.

Aujourd'hui, l'état de 1914 est si effacé par les modifications de l'entre-deux-guerres qu'il est pratiquement indiscernable et qu'une visite chrononologique, sans être impossible, déséquilibrerait la mise en pages de cette présentation. Procédons donc dans l'ordre de la progression topographique.

Coupoles miniatures à Pontisse.
De façon inhabituelle, la salle de rassemblement, bien que profondément modifiée, est toujours accessible par l'escalier originel, alors qu'il a normalement été obstrué dans les autres forts modernisés.


Loin de recevoir anarchiquement les terres de remblai, la salle centrale, modifiée par les Allemands, les retient dans des murs de contention laissant une circulation vers la salle des machines originelle et d'anciens locaux destinés aux latrines. L'escalier venant de l'entrée débouche sur la gauche, derrière celui qui accède à la sortie infanterie.


Lors du réarmement des années '30, qui vit le remplacement des anciennes pièces et une modification des anciens locaux, une très jolie signalétique fleurit sur les parois. Alors qu'au fort Saint-Héribert le graphisme était purement Arts déco et mécaniste, à Pontisse il resta classique, fondé sur des caractères inclassifiables dessinés au pochoir, mélangeant les empattements des didones aux empattements des réales, parfois disposés en arabesque, mais de toute façon distillant beaucoup de charme.



Local TSF.
Le local TSF se trouve dans les locaux d'escarpe de droite, alors que dans moult autres forts réarmés il est relégué au milieu de la gaine d'air (normal, celle-ci contenait les hectomètres d'antenne ondes longues).
Les cloisons entre les cuvettes se sont volatilisées. Mais s'impose le très bel urinoir de pierre bleue.
On note le marquage d'origine sur la tôle ondulée Jowa coffrant la voûte.
Caponnière de gorge de Pontisse.
La nouvelle caponnière protégeant le fossé de gorge, le coffre de gauche ayant disparu corps et biens.
  

L'intérieur de la caponnière, ci-contre depuis le fond vers le couloir, et ci-dessous depuis l'entrée. On note la symétrie axiale des installations.
En effet, les projecteurs sont situés face à face au fond de l'organe défensif et les créneaux de FM sont disposés de la même façon. Le grand R au-dessus d'une vanne est tout simplement un phonogramme qui indique l'arrivée d'"air".

Suite.