La maison Letellier

Aucun tag dans cette demeure de maître construite en 1838, aucun vandalisme gratuit hormis celui dû aux intempéries, à la vétusté et au manque d'entretien, dû aussi au pillage des carrelages et boiseries par des brigands soucieux de ne rien laisser perdre. Il n'est donc pas question un instant d'indiquer de quelque façon que ce soit à quiconque la localisation de cette maison. Qu'elle s'éteigne paisible, ou, pourquoi pas, qu'elle soit rachetée et restaurée, à l'abri des bombeurs, des squatteurs et des pyromanes, ce qui va souvent de pair.
Telle qu'elle est, encore jonchée d'un petit mobilier qui n'a intéressé aucun récupérateur comme de vieux journaux, d'anciens programmes de théâtre, des revues impensables, des meubles irrécupérables, des ustensiles ménagers oubliés, elle permet à qui a un peu d'imagination un facile voyage dans la première moitié du siècle dernier, entre les prémisses de la Première Guerre mondiale et le milieu des Trente Glorieuses.
Le bâtiment lui-même est construit en pierre de taille, et de façon plutôt mieux soignée que beaucoup de ses contemporains cités en ces pages. Aussi, même si quelques murs ont un fruit anormal occasionnant des fissures inquiétantes, même si quelques trous perforent la charpente, provoqués entre autres par la chute d'un arbre renversé fin 1999, ce n'est pas une ruine, en dépit d'un abandon déjà ancien précédé de décennies de manque d'entretien.
Mais ce que les " récupérateurs " ont bien voulu laisser de l'intérieur, dans la patine et le jus de fragiles vestiges endormis dans la demi-teinte des couleurs passées, incite à un nostalgique retour dans une époque devenue presque irréelle.


 

 

 

 

 

Dans de nombreuses demeures de cette époque, le tableau électrique, en marbre bien évidemment, était très souvent complété par un appareil de mesure, ici un voltmètre calibré en l'occurrence sur 250 volts.

 

La cuisine est la pièce la plus chaleureuse. Bien qu'amputée du chauffe-bains, un peu de mobilier y subsiste encore, comme la plaque de cheminée, la petite cuisinière à bois et surtout le système de pompe manuelle monté sur la pierre à évier.

 

 



WC à tous les étages, avec chasse et eau courante. Le caisson siège en bois se faisait couramment dans le deuxième tiers du XIXe siècle.

 


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