La chaufferie de Vanoutryve |
Juste à la frontière entre Roubaix et Tourcoing se tient l'emprise d'une des plus importantes filatures de la région, les établissements Vanoutryve, également
spécialisés dans la production (tissage, teinture, etc.) de tissus d'ameublement.
Ceux-ci d'ailleurs continuent d'exister et de vendre, mais la grande usine de Tourcoing, désaffectée, ne leur appartient plus. |
Mais, de même que les communes autrefois minières sont spécialisées dans la conservation d'un chevalement pot de fleurs posé au milieu d'un rond-point
après avoir été amputé de sa recette, ce qui finit par le rendre totalement incompréhensible, de même la chaufferie de Vanoutryve a été dépouillée
sans le moindre état d'âme de ce qui faisait marcher précisément les chaudières... |
On retrouve sur la photo de droite les éléments du schéma de gauche : les deux collecteurs supérieurs, le collecteur
inférieur dont on aperçoit le trou d'homme ouvert au pied de l'échelle intermédiaire, les nombreuses trappes de visite. A l'arrière de la chaudière,
le réchauffeur destiné à faire monter en température l'eau d'alimentation avant de l'injecter dans le collecteur supérieur. Les trois chaudières installées étaient donc des Fives-Lille (encore une belle usine dont il ne reste rien) du système Stirling, à réchauffeur. Elles n'étaient pas destinées à alimenter un moteur ni un turbo-alternateur, mais tout simplement à fournir de la vapeur au circuit de chauffage de l'usine, qui à ce moment travaillait le coton et produisait des tissus d'ameublement. Le fluide était produit à un timbre assez élevé, entre 6 et 15 bars (soit entre 7 et 16 bars au niveau de la mer), ce qui correspond à une température de 170 à 200 °C. Les deux autres Stirling, démolies, ont laissé la place à deux chaudières plus récentes mais moins esthétiques, à mazout. Les deux manomètres en forme d'assiette, que je me reproche amèrement de n'avoir pu sauver des casseurs, indiquent la pression dans les deux accumulateurs de vapeur système Ruths (voir page suivante). Les aiguilles rouges à 6 et 15 bars montrent les valeurs entre lesquelles le conducteur de la chaufferie doit maintenir la pression. |
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La grille mécanique, de marque Foyers automatiques Roubaix, du système à châine Babcock & Wilcox, ne venait pas de très loin comme son nom l'indique.
Son rôle, assez complexe, consistait premièrement à pousser le nouveau combustible sous l'ancien, de façon à brûler le plus possible de matières
volatiles et en récupérer la chaleur. Deuxièmement,
la vitesse était adaptée au régime de la chaudière (par l'intermédiaire du rhéostat ci-contre). Troisièmement, elle assurait l'évacuation
des cendres et mâchefers. Pas de broyeurs à charbon, dans cette chaufferie : le combustible arrivait sur la grille et de là dans le foyer sous sa granulométrie originelle, mais naturellement un ventilateur insufflait par-dessous l'air nécessaire à la combustion. |
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Ci-dessous, deux parmi les nombreuses trappes de visite permettant d'accéder au foyer, au générateur, aux collecteurs, au surchauffeur, aux carneaux... et d'en assurer régulièrement le nettoyage. |
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Malgré l'apparence, ce n'est peut-être pas forcément de l'amiante. On recommandait dans les années 30 un
calorifugeage à base de carton imprégné de silicate de soude. Cela dit, je ne me suis pas amusé à gratter le revêtement
des tuyaux de Vanoutryve. Je n'ai pas mis mon pif sur le fond de l'amiante, oserai-je dire.
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