| La carrière d'anhydrite S. |
Les amateurs du monde souterrain sont familiers, particulièrement en Ile-de-France, des carrières de gypse comme à
l'Hautil, à Luzancy, et dans tout le plateau témoin de l'est parisien. Mais le sulfate de calcium
apparaît aussi dans la nature sous forme d'anhydrite, sans les deux molécules d'eau caractéristiques du gypse. Le plâtre commun est constitué
d'un mélange de gypses cuits, donc ayant perdu une partie de leur eau par cuisson dans les fours à plâtre, et d'anhydrite naturelle ou artificielle
après cuisson totale du gypse. |
|
De nombreuses carrières
ont été exploitées puis abandonnées dans l'est lorrain.
Celle-ci, remontant au début du siècle dernier, attira en 1943 l'attention des autorités allemandes à la recherche de lieux souterrains où
elles pourraient installer soit des stockages, soit des usines. La carrière dont il est question, recensée dans les sites possibles, aurait pu
recevoir des installations de fabrication d'oxygène liquide pour alimenter les moteurs des V2. Le site de Wittring, plus proche des voies de communication, plus haut et dans une roche plus stable, eut la préférence. Continuée après la guerre, l'exploitation de l'anhydrite fut finalement abandonnée dans le dernier quart du siècle dernier et les entrées plus ou moins obstruées. A la suite de la reprise du terrain par une société et de l'observation d'une population de chiroptères, le classement Natura 2000 vint sceller la survie au moins temporaire des vides. |
|
C'est au cours d'une visite
d'expertise avec le géologue chargé de l'étude de stabilité que j'ai pu parcourir des galeries aussi inhabituelles, dont l'aspect est assez éloigné des
vides gypseux courants. Ainsi, la formation est bien plus ancienne que le Ludien francilien (35 millions d'années), puisqu'elle s'insère dans les
marnes rouges du Keuper (210 millions d'années). Comme le site ne reçut aucune affectation militaire, on ne risque pas d'y rencontrer des
graffiti teutons, des socles de béton ou des vestiges de défense. Mais ce qu'on y trouve vaut néanmoins les quelques heures qu'on y passe, même
en serrant les fesses... | |
| |
Le banc d'anhydrite
est puissant d'environ 5 mètres, et l'exploitation se fait par abandon de piliers ou de rideaux de masse. En ciel, l'extraction s'arrête sur les
filets de gypse fibreux entremêlés d'argile rouge dont la richesse en fer empêche la boussole de fonctionner de façon vraiment satisfaisante : il
vaut mieux ne pas compter que sur elle pour retrouver la sortie... Çà et là les marnes susjacentes comportent des filets diversement colorés de composition probablement gypseuse dont les replis témoignent des bouleversements de la surface pendant leur dépôt. | |
|
|
Pendant l'exploitation, des puisards apparurent dans le
recouvrement de la carrière. Mais, comme ils traversent une masse argileuse et que leurs parois sont soumises au ruissellement, de constants
écoulements de matière gênaient le travail et les carriers installèrent souvent des plaques de retenue afin de forcer la cheminée à s'autocolmater.
Les nombreux cônes d'éboulement (ci-dessus) qui constellent le sol des vides proviennent de nouveaux fontis ou de puisards anciens dont les
retenues ont disparu.
|
|
|
|
![]() |
|